1€ le makrout? C'est quoi c't'arnaque? (PV Rosie)

*Et ben, y'en a des arabes ici !*

C'est sans une seule once de haine que j'ai pensé ça en étant au marché de Barbès, un samedi matin. Alors que j'étais là à marcher avec mon petit sac de course, je croisais des gens qui parlaient des langues toujours plus belles les unes que les autres, mais je ne comprenais rien à ce qu'ils disaient, et parfois leur accent quand ils essayaient de me vendre quelque chose me fit pouffer de rire sans raison, alors que moi aussi j'avais sûrement gardé mon accent américain. Cela dit, voir tous ces gens me rappelait un peu ma patrie d'origine, l'Amérique, avec quelques uns de ses habitants qui ne peuvent pas saquer ces personnes pour une histoire de conflits. J'avais croisé des personnes toujours plus racistes que les autres, et maintenant que les hybrides et vampires se sont aussi mêlés à la populace, le cycle de haine de l'inconnu, du différent, va être de plus en plus dur à apaiser.
On m'a dit que cela valait le détour, et qu'il fallait y aller au matin pour avoir beaucoup de possibilités, et c'est vrai que j'ai pu trouver plein de belles choses. Néanmoins je me suis contenté de prendre quelques fruits et légumes bien mûres, alors que certains commerçants me proposaient de la pâtisserie et des habits orientaux. Je trouvais que cela avait l'air d'en valoir le détour, et que je pourrais repasser un autre jour pour y prendre quelques uns. Au final, c'est en passant devant l'un d'entre eux, dont sortait une odeur particulièrement délicieuse pour mon nez sensible, que je ne pus m'empêcher de regarder la garniture très variée du commerçant.

« Bonjour, vous désirez m'sieur?
- Bonjour, comment s'appelle cette pâtisserie, s'il vous plait?
- Ça ? Du Makrout !
-... Ça a l'air bon tout ça... Je vous en prend 4.
-C'est 4 €, m'sieur !»

Je trouvais le prix exorbitant, après tout 1€ pour un gâteau... Mais j'ai pu voir pire ailleurs, et cette odeur qui parcourait mon nez m'hypnotisait pour dire oui: je mis alors ma main dans ma poche pour sortir les pièces adéquates afin de payer, je pus entendre un cri au loin qui s'approchait petit à petit de moi:

«Au voleur, arrêtez-le!»

Cette voix m'a d'abord rappelé quelqu'un, mais je n'arrivais pas à savoir qui, mais je n'eus pas le temps de réfléchir que je pus voir au loin un homme habillé style rappeur courir en ma direction, un sac a main de fille sous le bras, et bousculant la populace pour passer. Il répondait parfaitement au descriptif du pickpocket de base, et alors qu'il se frayait un chemin jusqu'à moi, je me tenais alors toujours face au commerçant, attendant qu'il passe derrière. Une fois à distance, mon pied s'est levé d'un seul coup vers sa mâchoire. Venant d'un angle mort, et en pleine course, il était difficile d'imaginer une autre suite pour le voleur que celle-ci : il se ramassa par terre, et tomba inconscient, lâchant le sac qui glissa vers mes pieds. Je pouvais entendre les gens autour dire des «oooooh ça doit faire mal», mais je ne me concentrais pas vraiment dessus. Je pris le sac à main, puis posa l'argent de la pâtisserie dans la main du commerçant, qui me regardait à présent avec des yeux ébahis. Je pris mes gâteaux, et marchais en direction de la venue de ce voleur de pacotille. Je pensais alors que les gens d'ici n'étaient pas vraiment coopératifs, ils voyaient un voleur courir en liberté, et ils le laissaient passer, cela insupportait. Mais il était vrai que s'ils ne pouvaient pas entendre les cris avant qu'il n'arrive, ils ne pouvaient pas vraiment savoir. Après un soupire de dégout, et une fois hors de portée de l'odeur du stand de tout a l'heure, une autre odeur me prit au nez : l'odeur du sac. Elle m'était familière, et c'est là que j'eus le tilt : le sac, la voix... Ce ne pouvait être qu'elle, je regardais alors droit devant moi pour essayer d'apercevoir la fille qui courait en criant. Lorsqu'enfin, je pus voir son visage, le mien fut parcouru d'un sourire jusqu'aux oreilles l'espace d'un instant, pour finalement reprendre un visage naturel...C'était elle.

Le marché de Barbès grouillait. Les marchands hélaient les potentiels clients à qui mieux mieux, les passants se bousculaient, papotaient... Bref, comme à chaque fois, une joyeuse anarchie régnait. Rosie adorait cette ambiance. Faire quelques courses ici était toujours un bonheur. Surtout qu'elle avait donné congé à Sam. Depuis quelques semaines, il semblait constamment aux aguets. Ces quelques jours de repos lui ferait du bien.

Enfin un peu de liberté. Pas que la présence de Sam la dérange. Au contraire, ce n'est pas pour rien qu'elle recourait à ses services. Mais ne plus avoir quelqu'un constamment près d'elle quand elle sortait lui donnait cette impression. La jeune femme s'arrêta devant un étalage de légumes. Elle était en train d'en choisir soigneusement quelques uns tout en discutant avec le vendeur, un vieil homme originaire d'Algérie, quand elle se fit bousculer. Se rattrapant comme elle pouvait, Rosie laissa tomber sa sacoche. Il n'en fallut pas plus pour que cette dernière disparaisse de son champ de vision.

Un jeune homme habillé de façon à ce qu'on ne puisse le reconnaître distinctement prenait déjà la tangente, la besace à la main. Rosie réagit immédiatement. Cela faisait quelques années qu'elle n'avait plus été confrontée à ce genre de situation. Mais les réflexes perduraient, c'est pourquoi elle s'exclama :

« Au voleur, arrêtez-le ! »

Et sans tarder, elle s'élança à sa poursuite. Mais le voleur à la tire semblait connaître le quartier comme sa poche, et avait prit de l'avance. L'hybride ne parvint pas à le rattraper, et le perdit même de vue au bout d'un moment. Elle commençait à désespérer de retrouver son sac. Heureusement que le voleur avait laissé un passage derrière lui, elle pouvait au moins suivre sa trace.

La jeune femme balayait les allées formées par les étales du regard, cherchant le voleur. C'est alors qu'elle repéra son sac. Quelqu'un avançait vers elle, sa besace à la main. Rosie s'arrêta, stupéfaite. C'était l'hybride aérien, qu'elle avait rencontré il y a quelques semaines, lors de sa démonstration. Andral... Comme la dernière fois, il sortait du lot. Son impressionnante stature et ses cheveux blancs en brosse attiraient l'œil. Le costard, impeccable et sur-mesure, lui seyait autant qu'il semblait incongru sur lui. La jeune femme arrêta son regard sur le visage stupéfait de l'homme qu'elle espérait revoir sans trop y croire.

Comme elle lui avait dit, elle avait prit le temps de réfléchir. Démêler ses sentiments, éliminer les contradictions, peser le pour et le contre. Ses parents avaient été tués devant ses yeux. Il avait tué. Il avait par ailleurs découvert sa forme hybride à ce moment, d'après ce qu'elle avait compris. Ensuite, horrifié, il avait trouvé refuge auprès de son grand-père... La semaine qui avait suivit la démonstration fut forte en émotion pour Rosie. La journée, elle se plongeait dans le travail, pour ne pas y penser. Mais le soir venu, emmitouflée dans sa couverture, elle ne pouvait s'en empêcher. Une nuit, elle ne voulait surtout pas le croiser à nouveau. La suivante, elle lui pardonnait tout, voulait s'excuser, le revoir. Et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il n'y avait rien à faire. Rien à pardonner. Juste un passé à accepter. Et bien à l'abri dans son lit, elle se sentait le courage de le faire...

Mais là, interdite devant lui, ses jambes lui suppliaient de reprendre la course, dans la direction opposée. Rosie était vraiment tentée de le faire. Cependant, elle n'était pas Ève, et ne succomba pas à la tentation. Et puis il avait sa besace. Alors elle fit les derniers pas les séparant, en tentant de sourire. Ce dernier devait sembler bien maladroit. Elle se refusait de lui sortir ce sourire sur commande qui apparaissait sur ses lèvres quand elle était en présence de collègues. Pas d'hypocrisie entre Andral et elle. La jeune femme ne le voulait en aucun cas.

Ils se fixaient, détaillant le visage de l'autre. Les quelques commerçants qui les observaient devaient bien en rire. Prenant une inspiration, elle se lança :

« Il semblerait qu'une nouvelle fois, je vous suis reconnaissante, Andral... »

Elle marqua une pose, contemplant le sol d'un air gêné.

« Je... »

Nouvelle pose. Elle n'arrivait à pas lui dire, et elle s'en voulait...

La voir avancer vers moi comme ça, je me demandais encore si elle avait utilisé son pouvoir pour que je ne puisse regarder ailleurs, mes yeux ne pouvaient se détacher de son visage. Ravissante comme toujours, je la voyais comme si cela faisait des années que je l'avais perdu de vue. La personne à laquelle je n'arrêtais pas de penser chaque jour jusqu'à maintenant s'était enfin présenté devant moi, et à présent dans ma tête se proposaient des milliers d'options : je lui saute dessus a bras ouverts? Trop tôt encore pour que je lui fasse ça. Je laisse tomber le sac au sol et cours dans la direction opposée craignant que Sam ne nous voit? Ce n'est plus possible, elle m'a vu... Je ne pouvais que contenir ma joie et mes sentiments pour adopter une attitude cool et décontractée, lui rendre son sac gentiment, et de faire ce que je peux pour ne pas la faire fuir cette fois-ci.

Je lui souris naturellement, sans vouloir en faire trop sous peine de risquer de paraître pour un psychopathe, pendant qu'elle s'approchait de moi. Elle me montrait à son tour son sourire, mais celui-ci fut un peu plus gêné. Peut-être pour la besace, ou elle se forçait pour nos retrouvailles, je ne sais pas... Mais ce fut suffisant pour me faire croire qu'elle était aussi contente de me voir. Nous nous regardions dans les yeux pendant un moment, je pouvais enfin profiter de la vue de son visage, et ce n'était pas un rêve cette fois. Je pouvais entendre les passants et commerçants à côté qui pouffaient de rire, mais cela m'était bien égal. Au final, c'est elle qui prit l'initiative, et après une grande inspiration, elle me dit :

« Il semblerait qu'une nouvelle fois, je vous suis reconnaissante, Andral... »

Je n'attendis pas pour lui rendre mon sac, et lui dire en réponse, toujours en souriant:

«Et bien... Je pense que c'est que nous pourrions appeler le «destin».»

Elle se mit alors à regarder le sol, je pouvais voir son air gêné qui prenait de l'ampleur...

« Je... »

Sur ce petit bout de phrase qui fut suivit par une pose de la belle, je ne pus que comprendre qu'elle voulait me parler de ce qui s'est passé la dernière fois, et à cela je ne pouvais la laisser faire. Les discussions gênantes, je n'aimais pas ça, et je n'avais vraiment pas besoin de ça maintenant, quand je l'ai enfin retrouvée. Je ne voulais que la voir sourire encore et toujours, c'est alors que je précipitai mon doigt vers ses lèvres pour l'empêcher d'en dire plus, et en la regardant d'un air sérieux, je lui dis :

«...Je sais déjà ce que vous allez dire...*Et après une seconde dans cette position, je plongeai ma main dans ma petite sacoche contenant les gâteaux précédemment achetés*Vous vous demandiez qu'est-ce qui sent aussi bon, n'est-ce pas?*et lui en tendis un pioché, avec un grand sourire* C'est ceciii ! Cela s'appelle du makrout. Vous en voulez?»

Je ne pus m'empêcher de détourner son attention sur autre chose, je ne voulais pas en parler maintenant, surtout dans cet endroit. Je voulais qu'on soit rien que nous deux s'il fallait que nous parlions de ça, je me sentirai bien trop mal de devoir lui dire ce que j'avais sur le coeur à ce moment devant tout ce monde.

« Et bien... Je pense que c'est que nous pourrions appeler le «destin». »

A l'entente de cette phrase, la jeune femme se figea. Elle ne se rappelait que trop bien ses mots. Elle les avait prononcé au hasard, sans y réfléchir. Elle n'imaginait pas qu'ils sonnent si vrai. Andral lui rendit sa sacoche, qu'elle s'empressa se remettre à son épaule.

« Je... »

Rosie cherchait ses mots. Mais à l'instar du voleur, ils la fuyaient comme la peste, et jamais ne se laissaient saisir. Elle relevait les yeux vers Andral quand ce dernier posa son doigt sur ses lèvres, lui interdisant la parole. Le fixant dans les yeux, elle l'écouta :

« ... Je sais déjà ce que vous allez dire... Vous vous demandiez qu'est-ce qui sent aussi bon, n'est-ce pas ? C'est ceciii ! Cela s'appelle du makrout. Vous en voulez ? »

Joignant les gestes à la parole, il avait sorti de son sac quelques gâteaux, et lui en tendait un.Le jeune homme la surprenait. Rosie supposait qu'après sa fuite, il lui en veuille un peu. Qu'il attende des excuses. Le changement de conversation pour le moins évident et grotesque indiquait autre chose à la sirène. Surtout, qu'il ne voulait pas en parler ici, et peut-être seulement autre part, loin des oreilles indiscrètes. Rosie détourna ses yeux du visage enjoué d'Andral pour inspecter les gâteaux. Ils avaient l'air appétissant, et à n'en pas douter, l'étaient.

« Non merci. Ils m'ont l'air appétissant, mais je n'ai pas faim. »

Dans un sourire, elle posa ses mains sur celle d'Andral, et referma cette dernière sur elle-même. La porte parole venait ainsi de clore un sujet de conversation leur évitant de trop marcher sur les œufs. Heureusement, sa carrière de politicienne lui avait appris à enchaîner :

« Vous avez dû être interrompu dans vos courses... »

A chaque fois qu'elle le croisait, son interlocuteur lui apportait son aide. Rosie tenait à le remercier. Mais comment ? Cette fois, elle ne l'inviterait pas dans un café. La dernière fois lui avait suffis.

« Permettez-moi de vous accompagner un moment. J'aimerais sincèrement vous remercier. »

Un doux sourire s'afficha sur ses lèvres quand elle eut finit de parler. Ce ne serait jamais assez pour lui rendre autant que ce qu'il lui avait donné, mais c'était un début. Avancer petit à petit, poser une brique sur l'autre. Et à la fin, obtenir la muraille la plus solide qu'il était possible d'avoir. Les mots de son grand-père lui revenaient en mémoire... Ne jamais prendre de raccourcit quand il s'agissait d'une chose importante.

Rosie, d'abord surprise de cette proposition, baissa ensuite le regard vers les pâtisseries achetées il y a peu, et montra un autre de ses magnifiques sourires avant de parler. Je pensais qu'elle allait accepter la proposition, après tout mais...

« Non merci. Ils m'ont l'air appétissant, mais je n'ai pas faim. »

Elle refusa, et referma ma main avec les sienne, emprisonnant la pâtisserie, ainsi que mon détournement «presque parfait». Elle devait se douter que parler de ce soir-là me gênerait, mais peut-être qu'elle sentait qu'il fallait tout de même jouer cartes sur table, à moins qu'elle n'avait tout simplement pas faim. Plusieurs questions tournaient dans ma tête, comme d'habitude si je puis dire, mais je ne perdis pas de temps pour trouver une astuce qui me permettrais de gagner un peu de temps, et aussi de voir ce qu'elle pourrait répondre ou demander par la suite :

«Vous avez tord, ils sont délicieux!»

Je disais ça sans vraiment le savoir, je n'en avais jamais goûté moi-même, mais je n'allais pas tarder à en avoir le cœur net : je pris un rapide croc dans le gâteau que je tenais, de quoi me tenir hors de parole pendant un bon moment...

*...C'est vrai qu'ils sont appétissants*

Après cette petite pensée hors contexte, je me remis à penser à ce qu'allait me dire la belle porte-parole, toujours le regard concentré dans le sien, mais avec l'impossibilité de parler. Au lieu de prendre l'initiative en ce qui concerne le Napolitain, elle se permit une remarque ma foi logique par rapport à ce que je portais :

« Vous avez dû être interrompu dans vos courses... »

J'aurais voulu lui répondre que j'avais presque terminé, et donc qu'il n'y avait aucun problème à cela, mais je n'avais pas l'occasion d'avaler aussi vite ce que j'avais dans la bouche...Faut dire que j'avais envie de prendre mon temps, c'était super bon.

« Permettez-moi de vous accompagner un moment. J'aimerais sincèrement vous remercier. »

Je croyais rêver, elle me demandait de m'accompagner, moi qui l'avait fait fuir la dernière fois? J'avais donc une nouvelle chance? Je bondissais de joie intérieurement, et finis par avaler ce gâteau, pour ensuite prendre un nouveau grand sourire de joie avant de lui répondre :

«Mais avec plaisir, et ce n'est pas la peine de me remercier, je vous dois bien ça. Par contre, vous n'avez pas non plus été interrompu par... *je regardais en arrière, un peu au loin, l'homme que j'avais laissé au sol un peu plus tôt *… cet individu?»

Andral sembla déstabilisé un instant par le refus de Rosie. Cependant, il reprit contenance en avalant le gâteau qu'il venait de lui proposer. Quand la jeune femme lui offrit de l'accompagner, il eut l'air estomaqué et avala ce qu'il avait en bouche avant de répondre. Cela la fit rire.

« Mais avec plaisir, et ce n'est pas la peine de me remercier, je vous dois bien ça. Par contre, vous n'avez pas non plus été interrompu par... cet individu ? »

Rosie stoppa net son petit gloussement. Ses courses. Elles les avait laissé tomber quand le voleur l'avait bousculée... Et toute à sa joie de retrouver sa sacoche, elle avait faillit les oublier. Rosie se retourna vivement, et fit un pas en avant. Mais aussi vite, et se tourna à nouveau, attrapa la main d'Andral et l'entraîna rapidement vers l'étal où elle était auparavant. Tout en marchant, elle lui expliqua son attitude :

« J'ai fait tomber mes courses, pardonnez-moi. Je vais juste les récupérer. »

Arrivés devant l'étalage, le marchant s'exclama :

« Ah vous revoilà ma p'tite dame ! J'ai récupéré vos paquets. L'gosse vous a rendu vot' sac ?
- Grâce à Andral... » répondit joyeusement Rosie, en soulevant la main qu'elle tenait encore.

A ce moment, la jeune femme eut un blanc. Puis lâcha précipitamment la main de l'hybride aérien tout en rougissant légèrement. Elle bégaya des excuses, et se concentra sur le vieil Algérien. Ce dernier la regardait d'un œil hilare. Rosie fit la moue, avant d'afficher un petit sourire contrit. Dans un rire rauque et gras, il finit par lui donner le sac qu'elle avait fait tomber. Après avoir inspecté son contenu, elle remercia le vendeur :

« Merci beaucoup, monsieur. Me voici disponible, Andral », finit-elle par dire en se tournant vers le jeune homme.

Vu la réaction qu'elle eut à ma remarque, je ne devais pas être bien loin de la vérité...A moins qu'elle aurait voulu le tabasser encore une fois par terre pour lui faire payer...Ou plutôt aller lui parler et lui faire comprendre son erreur, cela serait déjà bien plus approprié à sa personnalité... J'étais à côté de la plaque, elle voulu repartir vers la direction de sa venue, elle a dû oublier quelque chose, ou bien ne voulait déjà plus me voir, étant gênée...Jusqu'à ce que je sentis sa main, douce comme le miel, prendre la mienne et me tirer dans sa direction. La foule était toujours séparée, nous laissant la place pour nous déplacer en ligne droite en marchant à vive allure. Je me laissais tirer par la belle, bien que je ne fis pas mon lourd en ne voulant pas marcher, je marchais avec elle, et à la vue de ses cheveux ondulant dans le vent qui dansaient devant moi, et son odeur qui parcourait mes narines, je ne pouvais décemment pas m'éloigner d'elle.

« J'ai fait tomber mes courses, pardonnez-moi. Je vais juste les récupérer.
-C'est donc cela... Pas de problème, allons les reprendre»

Je finis par marcher à ses côtés, nous permettant de nous retrouver un peu plus vite devant l'étalage, où un marchand s'adressa à elle :

« Ah vous revoilà ma p'tite dame ! J'ai récupéré vos paquets. L'gosse vous a rendu vot' sac ?
-Grâce à Andral... »

Quand j'entendais cette voix qui en ferait chavirer plus d'un dire mon nom, tout en soulevant ma main, je me sentais...Victorieux, plus victorieux que lors de la fin de n'importe quel match de mon passé en Amérique. Je venais de retrouver la femme que je voulais revoir à tout prix, et je la revois dans le lieu le plus improbable au monde, me tenant la main... Je me sentais quelque peu gêné aussi, mais cela ne m'empêcha pas de faire comme toujours quand on me soulève, que ce soit par la main ou le corps entier à m'en faire faire des bonds en scandant mon nom, je me pointais du doigt en disant au marchand, la langue tirée tel un gamin :

«C'est moi, Andral,»

A cet instant, on me relâcha immédiatement, et la belle qui était encore blanche tel un diamant pur, se retrouvait rose à cause du gêne occasionné, certainement par moi, et essaya de s'excuser, Alors que le marchand la regardait amusé, qui éclata de rire par la suite, mais je pense que c'était plus par rapport à la belle manœuvre de boudage que nous montrait la sirène avant de reprendre son magnifique sourire, même si celui-là était un peu contrit, ce qui me fit sourire à mon tour.

« Merci beaucoup, monsieur. *Dit-elle une fois qu'elle eut fini de vérifier le contenu de son sac, puis elle se tourna vers moi* Me voici disponible, Andral.
-Et bien reprenons où nous en étions: *Dis-je avec un beau sourire amusé, avant de courber la tête un peu sur le côté, lui proposant mon bras pour s'accrocher, et lui proposai dans un sourire charmeur * Mademoiselle Durant, me feriez vous l'honneur de m'accompagner durant mes fameuses courses?»

Je n'avais pas remarqué tout de suite le jeu de mot, que dis-je, le chef-d'œuvre que j'avais fait à ce moment, mais j'aurai peut-être du le noter, il était parfait...

UP !
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