Souvenirs embrasés. [ Allen ]

L'avenue Friedland, derrière la célèbre avenue des Champs Elysées. Un immeuble, comptant à lui seul une trentaine d'appartements. Occupés pour la plupart par des familles hybrides. Occupés par une ancienne brebis des chasseurs.

- Non. Je t'ai dit qu'il fallait revoir les costumes de la dernière scène. Je t'assure, ça ne convient vraiment pas.

‹‹ Bien, bien. Je dirai à Manolo de les modifier. Ahh, Raven, quelle star capricieuse tu fais, j'te jure ! ››

Raven avait esquissé un sourire à la remarque de son directeur, Robert Barton. D'ordinaire, ils avaient ce genre de conversation à la salle de répétition, mais, la première se faisant bientôt, le moindre détail était revu, aussi bien en personne que par téléphone.

‹‹ Au fait... J'ai sûrement trouvé quelqu'un pour assurer tes arrières. Je sais que tu étais réticente à cette idée, mais franchement, on n'a même pas encore lancé les festivités que tu te fais déjà menacer ! ››

Au même moment, elle s'apprêtait à râler, à le convaincre que ce n'était pas nécessaire. Seulement, elle n'en eut pas le temps. Plusieurs explosions avaient retenti, faisant trembler l'immeuble et ses habitants.

‹‹ Raven ? C'était quoi ça ? ... Raven ?!! ››

- Appelle les pompiers. L'immeuble explose. clic

Ainsi avait-elle raccroché, se précipitant en dehors de son appartement pour venir en aide aux autres habitants. La panique générale avait éclaté, les gosses pleuraient, les gens hurlaient. Elle prit une inspiration...


Pendant ce temps, Barton prévenait tous les services d'urgence. ‹‹ Il y a eu une explosion sur l'avenue Friedland ! ››
Autre personne qu'il se devait d'alerter, Allen Whistler, embauché tout récemment comme garde du corps. Il ignorait encore de quelle femme il devrait se charger. Il ne tarderait plus à le savoir. S'emparant de son smartphone dernier cri, Barton lui envoya un mail rédigé en seulement quarante-trois secondes un quart.

Whistler, rdv immédiatement sur l'avenue Friedland, ils ont récidivé. Barton.


Aucune sirène ne se faisait entendre. Les secours trainaient. D'après la vieille Madame Harris, il y avait eu un accident non loin de là qui les empêchaient d'accéder et de se rendre ici-même. C'est ce qu'elle avait dit à Raven lorsque celle-ci l'avait accompagnée en dehors du bâtiment. Inutile de dissimuler davantage ses pouvoirs, la télékinésie lui permettrait de secourir plus de personnes. C'est ainsi que pendant une bonne vingtaine de minutes, elle fit de nombreux aller-retours, aussi bien entre l'intérieur et l'extérieur, qu'entre les différents étages de la bâtisse qui se consumait. Une enième explosion retentit alors qu'elle évacuait une petite fille de neuf ans qui avait pris sa forme hybride de lapine pour se " rassurer ".
Projetée au sol, la gamine s'extirpa en quelques petits bonds pour sauter dans les bras de sa mère en larmes. Agenouillée, Raven regardait les flammes dévorer ce qui restait de son histoire...

Essoufflée, elle tourna la tête et regarda les pieds qui venaient de s'arrêter de marcher devant elle. Elle soupira intérieurement. Ce devait certainement être l'homme en question que Barton avait engagé. Ca aurait pu être lui, mais non, Barton ne portait que des bottes santiags à cinq cent euros la paire. C'était son côté ricain, et selon lui, il est très important de se sentir bien dans ses pompes, sinon tu fais rien de bon. C'est aussi pour ça qu'il autorisait ses troupes à porter les chaussures qu'elles voulaient lors des représentations, voire à rester pieds nus. C'aurait pu être des pieds de policiers ou de pompiers. Mais encore une fois, ce genre de secouristes ne portent pas ce genre de chaussures. Ils doivent adopter un style spécifique de travail d'urgence. Alors...
Alors ce ne pouvait être que lui.

- Je suis envoyé par Monsieur Barton pour être votre garde du corps. Je m'appelle Allen, Allen Whistler.

C'est ce qu'il avait simplement dit alors qu'elle s'apprêtait à lui dire qu'elle n'avait pas besoin de lui, et qu'il pouvait s'en aller. Mais ces derniers changeaient tout.

- Allen ? répéta-t-elle inconsciemment.

Puis elle se releva d'un bond, et recula de quelques pas, l'observant un sourcil relevé, distinguant sa silhouette, les traits de son visage, avant d'ouvrir des yeux ronds comme des billes. Puis elle approcha en fronçant les yeux, comme si elle réfléchissait, et posa sa main sur son torse, comme quelqu'un qui normalement se pince pour vérifier qu'il est bien éveillé.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle encore étonnée. Attends... reprit-elle, envoyé par Barton ? Alors là... Je sais vraiment pas quoi dire...

Elle venait de se prendre une bombe encore plus puissante que celle qui avait fait exploser l'immeuble quelques minutes plus tôt. Quelque chose lui disait que le hasard n'était pas le fin mot de cette histoire. C'était une trop grosse coïncidence. Ca sentait le Barton à plein nez.
En quelques secondes, elle était passée par plusieurs états : choc, joie, incompréhension, réalisation, choc, joie, black out.

Elle était restée là, un léger sourire niais sur les lèvres, à le contempler. Ce furent les cris des spectateurs, agglutinés derrière les bandes de sécurité que venaient de poser les autorités qui étaient enfin arrivées, qui la ramenèrent à la situation.

- Il va s'effondrer ! Où est-ce qu'on va aller ? Nooon, sauvez l'immeuble !

Et tout à coup son visage se figea, horrifié par ce qu'elle venait de réaliser.

- Jason... murmura-t-elle.

Elle fit volte-face et se rua vers les portes de l'immeuble en feu.

- J'arrive Jason !

Dans sa course, elle se heurta à trois agents de police qui lui refusèrent l'entrée. Frénétiquement, elle se mit à se débattre violemment.

- Mais lâchez-moi bande d'abrutis ! Mon frère est resté là-haut !

A cet instant, la fenêtre de son salon explosa.

- JASON !! hurla-t-elle en fixant le troisième étage, les yeux humides, le visage souillé, des égratignures çà et là, et le coeur en morceau.

Alors qu'elle se débattait comme elle pouvait pour échapper aux mains des forces de police, elle aperçut Allen envoyer valser quatre pompiers et disparaître dans l'entrée de l'immeuble.

- Allen, non !!

Mais il était déjà trop tard. Il venait de s'engouffrer dans les flammes virulentes des escaliers. Et alors qu'elle ruminait intérieurement de jolis surnoms tels que " crétin " ou encore " triple idiot " ( oui, Raven sait rester soft parfois. ), les policiers l'éloignaient de l'entrée de la scène. Nul ne savait combien de temps il lui faudrait pour sortir. S'il sortait...

Cette pensée relança Raven dans son essai de rentrer dans l'immeuble, mais cette fois-ci ils la menacèrent avec leurs flingues.

- Non mais vous êtes sérieux ? Vous allez rester là alors qu'un homme vient de monter dans un immeuble qui risque de s'écrouler à tout moment ? C'est " ça " les hommes en uniformes qui disent nous protéger ?

Ils la prièrent de se calmer, pendant que deux pompiers armés de surprotections et de masques rentraient à leur tour dans ce brasier géant. Ils ressortirent quelques minutes plus tard, mentionnant le trop de flammes et l'impossibilité d'accéder aux étages supérieurs.
Dès lors, chaque seconde devint un véritable supplice. Et alors que le camion de pompier déployait son énorme tuyau à incendie, quelque chose passa par la fenêtre du troisième étage, par la fenêtre du l'appartement de Raven. On entendit un fracas, puis le silence.
Il ne fallut pas plus de temps à Raven pour comprendre que c'était Allen posé sur le matelas qui avait terminé sa chute encastré dans une voiture. Elle se dirigea vers lui en courant. Et allez savoir si cela était significatif, mais du coup, les pompiers commencèrent à arroser l'immeuble. Elle, elle était partagée entre l'idée d'exploser aussi, ou bien de se taire.
Elle se hissa sur le capot, et s'adressa à Allen, mais pas sur le ton cinglant dont elle était capable :

- C'était complètement idiot. J'vais finir par penser que t'es suicidaire.

Et une fois assez proche, elle remarqua qu'il avait entre les mains le cadre auquel elle tenait tant. Ce cadre qui contenait ses plus beaux souvenirs, et tout ce qu'il lui restait de son frère... Elle sentit de nouveau les larmes monter, mais ce n'était plus des larmes de peur. C'était des larmes de joie, de soulagement, et aussi, de culpabilité. Elle posa sa tête sur Allen, la voix tremblottante.

- Merci... de me l'avoir ramené.

Et elle resta comme un instant, les yeux fermés aussi fortement que possible pour contenir ses larmes. Il l'avait sauvé. Cela faisait deux fois qu'elle n'y arrivait pas. Et elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il y aurait eu une chance que Jason soit toujours en vie aujourd'hui si à l'époque, elle avait eu un Allen à ses côtés.
Elle se redressa finalement, saisit l'une de ses mains, et l'incita à se lever.

- T'es blessé. Y'a un camion de secours là-bas. Viens.

Veillant soigneusement à ce qu'il ne se relève pas trop vite, elle garda sa main dans la sienne, accompagnant son geste. Les secouristes accoururent d'eux-mêmes jusqu'à Allen, un brancard à proximité.

- On s'occupe de lui. Vous devriez aller voir l'inspecteur là-bas, je crois qu'il a quelques questions à vous poser.

Raven regarda dans la direction que lui indiquait l'interne. L'inspecteur tenait déjà en main un calepin et un crayon, et faisait un signe de tête à Raven. Elle détourna le regard.

- Ouais ben, il attendra. Je vous accompagne.

Allen venait une fois de plus de frôler la mort par sa faute, hors de question qu'elle le laisse seul avec les pompiers.

C'était complètement idiot. J'vais finir par penser que t'es suicidaire.

Cette phrase le tira de sa rêverie. Devant lui se trouvait celle qui indirectement l'avait un peu poussé la dedans. Bien entendu elle n'était pas seule responsable sa fâcheuse tendance à se jeter tête la première y était pour beaucoup. Mais elle avait présenté la situation de manière à ne pas trop lui laisser le temps de se poser des questions.

Sur le coup je n'ai pas tout à fait saisi que je risquais ma vie pour des souvenirs. Il eu un petit sourire de coin. Enfin d'un coté c'est peut être mieux ainsi sinon je ne serais peut être pas monté.

Il sentit la tête de Raven se poser sur son blouson, une douleur vive commença à monter dans son dos, comme s'il venait de faire un énorme plat dorsal dans une piscine. Il retira un gant qu'il mit dans l'une de ses poches pour caresser doucement la tête de Raven. Il l'avait maudite, insultée, et il n'arrivait plus très bien à savoir ce qu'il avait voulu lui faire avant de la tuer alors qu'il était dans les flammes. Mais maintenant c'était fini, il fallait croire que sa colère c'était refroidi en même temps que l'air autour de lui une fois qu'il avait quitté la fournaise. Dans un sens elle ne lui avait rien demandé certes elle avait été assez ambiguë dans sa manière de parler du cadre, mais il ne pouvait s'en prendre qu'a lui d'être totalement fou.

Je suis plus irréfléchi que suicidaire rassures toi.

Il lui rendit son cadre sans poser les questions qu'il avait dans la tête à propos du garçon. Il avait un nom maintenant un visage peut être un jour il aurait son histoire. Ou pas, après tout elle avait bien le droit de garder son jardin secret comme lui le faisait. Bien qu'il n'avait pas réellement de jardin a proprement parler. Il n'avait qu'une immense cage pour y enfermer un monstre bien plus grand que cette dernière. Il passa une main sur le visage de Raven pour essuyer ses larmes, il n'avait pas fait tout ca pour la voir pleurer. Même de joie.

Merci... de me l'avoir ramené.

Il n'avait jamais été doué pour les remerciements. Ce genre de chose le rendait toujours mal a l'aise même si c'était mérité. Quand à la réflexion qu'elle avait eu il s'estimait aussi heureux de ne pas l'avoir entendu, il était loin d'être une sorte de héros. Il n'avait pas fait cela en son âme et conscience héroïquement, il avait foncé tête baissée sans aucune conscience de ce qu'il était en train de faire. Comme en pilotage automatique, il n'avait sauvé personne ni aujourd'hui, ni hier. Il ne voulait pas voir ses actes ainsi, il avait aidé des gens mais de la à dire que ces personnes lui devaient la vie. C'était quelque chose dont il ne voulait pas, il préférait et de loin rester personne. Juste un anonyme le seul domaine ou il c'était permis de briller un peu c'était la boxe.

T'es blessé. Y'a un camion de secours là-bas. Viens.

Il porta machinalement sa main sur l'arrière de sa tête, il y avait un peu de sang mais la douleur venait de son dos. Et elle était aussi intérieur, son âme avait commencé à le faire souffrir enfin plutôt "Il" avait commencé à le faire souffrir. Se retrouver dans cet appartement en feu l'avait totalement rendu fou et il secouait ses attaches avec force. Il se releva sans trop de difficulté, il avait l'habitude d'avoir mal il n'avait pas toujours été un génie de la boxe. Lui aussi avait connu les longs combats qui se soldent par des cotes en miettes et des saignements au visage. Avoir la tête dans le gaz c'était pas grand chose pour lui, il avait l'habitude d'avoir mal comme ca.

Ca va aller c'est pas grand chose...

Trop tard pour commencer elle ne l'avait pas écouté et elle avait décidé de l'emmener dans l'une des nombreuses ambulances déplaçaient pour l'occasion. Bien qu'en réalité ce fut l'ambulance qui vient à leur rencontre, sa chute n'avait surement pas du passer inaperçue il avait encore les oreilles agressées par le son de la taule froissée par son poids. Il ne voulait pas savoir ce qui serait advenu de lui s'il n'avait pas été un motard.

On s'occupe de lui. Vous devriez aller voir l'inspecteur là-bas, je crois qu'il a quelques questions à vous poser.

Il n'avait pas envie qu'on s'occupe de lui, pas tant que la bête en lui menaçait ainsi de sortir à tout moment. Il n'avait pas plus envie de se donner en spectacle que de tuer tout ce qui respirait dans cette rue. Le combat qu'il menait contre lui même rendu encore plus difficile par la douleur qu'il éprouvait, ne lui donnait qu'une seule envie celle de dormir...De partir et de dormir. C'était encore le seul moyen qu'il avait de ne blesser personne. Ils tentèrent de le faire s'allonger pour qu'il se détende, mais il n'avait pas envie de se détendre, il n'avait pas envie de rester la avec tout ces gens autour de lui qui n'était maintenant à ses yeux, rien de plus que des détonateurs de plus. Ils insistèrent très lourdement mais ils n'obtinrent rien de plus de lui qu'une position assise à l'arrière de l'ambulance. Il avait refusé tout les anti-douleurs, et avait commencer à prendre sa tête entre ses mains et a passer en revu toutes les techniques qu'il connaissait pour calmer l'énervement qui lui venait de la bête. Il fit signe à Raven d'aller rejoindre le policier pour qu'elle réponde à ses questions, il avait envie d'être seul. Il vit bien qu'elle n'avait pas envie de bouger, mais le regard qu'il lui adressa était sans équivoque.

T'inquiètes pas pour moi, j'ai juste besoin d'un peu de solitude...Pour...Mes petits soucis d'hybride j'arrive tout de suite t'inquiètes pas.

Il la regarda s'éloigner un moment sans penser à elle, tout son être était concentré sur "lui" il était en train de lutter contre quelque chose de plus fort que lui. Comme quelqu'un tentant de retenir sa létale expiration durant une noyade il avait l'impression de lutter contre un réflex. Il avait l'impression qu'à tout moment tel un alien il allait déchirer sa poitrine et sortir de son corps. Mais ca n'était pas aussi simple que cela, il n'allait pas sortir de sa poitrine juste prendre sa place et changer a nouveau sa vie en enfer. Et focalisé sur l'idée que ceci ne devait à tout prix pas arriver, il ne sentit pas l'infirmière arriver par derrière pour le piquer dans le cou. Et le temps qu'il réalise tout était trop tard, trop tard pour hurler stop, trop tard pour redoubler d'effort. Il retira de lui même l'aiguille après s'être levé comme foudroyé, il broya la seringue sans même s'en rendre compte comme s'il avait eu du papier dans les mains. Tout était silencieux dans sa tête mais Allen savait à quel point ses silences étaient de mauvaise augure. Il se mit à haleter une main sur sa tête cachant la moitié de son visage et l'autre crispée à l'endroit de son coeur. Coeur qui c'était mis à battre à tout rompre, il ne le sentait plus à l'intérieur de lui à tenter de briser ses attaches...Cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose: il était juste déjà dehors.

L'infirmière se précipita sur lui, il lui aboya de ne plus l'approcher d'un ton qu'il ne se serait pas cru capable d'employer un jour avec quelqu'un. Son esprit n'était plus clair comme si quelqu'un tentait furieusement de mettre une bâche sur sa conscience, de l'effacer pour prendre le dessus. Il était sur que le produit de la seringue contenait une dose de cheval, aucun médecin ne pouvait penser qu'il s'en était sorti indemne après ses conneries. Il retourna dans l'ambulance et pris deux autres seringues et cette de l'anesthésiant. Cette fois sa mère ne serait pas la pour le contenir de force, et cette femme mystérieuse non plus. Et il se dirigea vers la ruelle la plus proche la l'abri des regards, suant, les derniers mètres appuyé contre un mur. Il savait que s'il se piquait une fois alors il n'aurait pas 120 ans pour se donner la prochaine piqure avant de sombrer dans la violence de sa forme hybride. Il prépara donc les deux seringues en même temps il utilisa son tour de coup comme garrot heureusement qu'il savait trouver une veine, et il se piqua sans hésiter le moins du monde.

Et comme prévu "il" vint le chercher, il eut d'abord l'impression d'avoir pris un coup de marteau sur la tête. Il poussa des cris étouffés, puis des grognements alors que sa vision comme celle des grands félins commençait à se faire monochrome. La transformation était toujours pour lui très douloureuse vu qu'il la rejeté du plus profond de lui. Il avait l'impression que tout les os de son corps étaient fait de métal en fusion qui s'étirait, mais pas à la même vitesse que le reste. Il tomba a genou, puis courba le dos jusqu'à ce que sa tête touche le sol, la douleur lui arracha des larmes très amer.

Je ne...Te laisserai pas sortir...

Il tendit la main vers la deuxième seringue et l'effort de volonté qu'il lui fallut pour forcer son bras, qui n'était bientôt plus le sien, à prendre l'objet fut si fort qu'il crut qu'il allait lui couter la vie. Allen y mettait tout ce qu'il avait pour ne pas sombrer, la créature y mettait aussi tout ce qu'elle avait se sentant proche de la sortie. Il savait qu'il avait déjà commencé à changer physiquement, une poignet de centimètres de plus, des yeux jaunes, une dentition plus du tout faite pour une bouche encore trop humaine. Le plus douloureux étant encore la manière dons ses jambes avaient de se plier, de se casser pour prendre la forme arquée des pattes postérieures de félins. Bientôt ses vêtements ne pourraient plus supporter la pression il retira sa veste aussi vite que possible. Et chercha a nouveau une veine, mais à cause du gonflement de son bras le garrot avait sauté. Allen ou plutôt le peu d'Allen qui restait encore céda à la panique. Il frappa de frustration une poubelle benne qui s'envola comme un carton vide. Il devait attendre un peu plus laisser sa transformation se faire encore un peu jusqu'à ce que le gonflement musculaire fasse de lui même ressortir une veine pour se piquer. Il pria aussi pour que personne ne l'ai suivi, si jamais il voyait une personne dans l'état ou il était alors il se pouvait qu'il perde toute rationalité. Le simple fait qu'il soit encore lui même maintenant résultait uniquement des deux premières piqures. A vrai dire il n'aurait pas eu besoin de la deuxième pour dormir, il n'en avait juste besoin pour dormir tout de suite.

Il guetta l'instant sans ciller et piqua quand il le fallu. La double dose techniquement mortel pour un humain normal endigua efficacement l'afflux massif d'adrénaline dont il était la victime. Il sentit le calme revenir en lui avec une force et une brutalité limite désarmante. Il avait l'impression d'avoir fumé quelque chose d'hyper puissant. Le retour à sa forme humaine se fit de la manière la plus plaisante qui fusse, sans la moindre douleur il redevint humain. Il recula contre un mur se laissa glisser contre ce dernier, il avait sommeil...Très sommeil, comme l'autre Allen pouvait sentir sa frustration mais la promenade c'était pas pour aujourd'hui.

-Fail...Freak.

Et il sombra dans un sommeil aussi lourd qu'artificiel dans la ruelle, cela ne faisait aucun doute qu'on allait vite le retrouver. Il venait d'envoyer valser comme un caillou une benne a ordure.

Elle l'observait, les bras croisés, dire non à tout, refuser tout ce que pouvait conseiller l'infirmière. Elle soupira, se demandant pourquoi est-ce qu'il ne se laissait pas soigner ne serait-ce qu'un petit peu, histoire au moins de combler la blessure à l'arrière de sa tête. Puis il lui fit signe d'aller auprès du policier qui l'attendait. Elle ne bougea pas. Du moins, pas tout de suite. Jusqu'à ce qu'il insiste et, qu'elle comprenne à son regard qu'elle n'avait pas le choix. Elle fronça les yeux un instant.

T'inquiète pas pour moi, j'ai juste besoin d'un peu de solitude... Pour... Mes petits soucis d'hybride. J'arrive tout de suite ne t'inquiète pas.

L'expression de ses sourcils se détendit et, laissant retomber ses bras le long de son corps, elle descendit du camion pour avancer à reculons vers le policier. Elle jeta un coup d'oeil à Allen en tournant la tête un instant, puis soupirant de nouveau continua son chemin.

- Mademoiselle Jackson, c'est bien ça ? demanda une voix rauque.

Elle acquiesça, le regard à l'affût des mouvements dans le camion de secouristes, discrètement.

- J'ai quelques questions à vous poser. Hum... Savez-vous qui aurait pu organiser un tel acte ?

- Comment je le saurais ?

- Eh bien, d'après les registres... Les habitants de cet immeuble sont tous des hybrides.

- Je n'en suis pas une.

- Je sais, c'est justement ce pour quoi je me pose cette question. Avez-vous eu certains différents avec des... chasseurs ?

Pendant ce temps, Allen venait de bondir du camion pour fuir. Elle tendit plus vivement la tête pour voir où est-ce qu'il se dirigeait.

- Mademoiselle, j'ai besoin de réponses. Avez-vous quelque chose à voir avec ces gens que l'on appelle " chasseurs " ?

- Vous me soupçonnez, n'est-ce pas ? dit-elle en reportant son regard sur l'inspecteur. Je suis la seule qui ne soit pas hybride, quelle étrange coïncidence ! Je pourrais être complice, ou bien la terroriste principale de cet attentat. Vous les flics, vous êtes si prévisibles ! Mais ça ne m'étonne pas, ils devaient sûrement espérer que vous porteriez vos accusations sur moi. Attendez au moins que vos scientifiques aient déterminé les points d'explosion avant de déduire quoi que ce soit, Monsieur l'inspecteur. Sur ce, vous m'excuserez, mais j'ai plus important à faire que d'écouter vos fausses accusations.

Et c'est ainsi qu'elle s'en échappa et qu'elle partit à la recherche d'Allen. Elle était certaine qu'il ne devait pas être bien loin. Il avait sûrement tourné quelque part, dans une ruelle. Mais où ?... Et serait-il judicieux de le surprendre, alors qu'elle ne savait pas exactement de quoi il était question ? Bon, elle savait que c'était en rapport avec son côté animal, il l'avait dit lui-même avant de la " chasser " du camion. Mais elle ne savait pas encore à quel point. Tant pis, elle continua de le chercher, en vain. Puis, à une nouvelle ruelle, elle tourna. Et elle faillit se prendre une benne à ordure en plein tête. Elle se baissa juste à temps et, stoppa aussitôt la benne, en l'air, à quelques centimètres du sol, juste avant qu'elle ne retombe en un lourd fracas. Elle la fit vasciller jusque dans la ruelle d'en-face. Une fois cela fait, elle retourna vers l'origine de la sortie de l'énorme poubelle. Doucement, elle passa la tête, faisant quelques pas.

Elle distingua Allen au moment où il se piquait. Elle n'entendit pas ses marmonnements. Elle le vit simplement se défaire d'une forme bien plus imposante qu'elle ne l'avait vu. Il tomba au sol automatiquement. Sans plus attendre, elle courut jusqu'à lui, se laissant tomber à genoux maladroitement pour tenter de le rattraper avant qu'il n'ait chuté complètement.

Elle déplaça doucement la tête d'Allen, pour la poser sur ses genoux, passant un mouchoir en tissus sur son front pour éponger la sueur qui avait perlé sur son visage. Elle remarqua les autres seringues, qu'elle ramassa mentalement pour ne pas les laisser là. C'était dangeureux non seulement pour les enfants qui risquaient par hasard de venir jouer ici, mais également pour Allen, si quelqu'un retrouvait les seringues.

Elle vérifiait son pouls toutes les deux minutes, pour s'assurer qu'il ne comptait pas mourir comme ça, dans ses bras. Puis il dut bien y avoir une heure qui s'écoula avant qu'on ne les retrouve. Une heure pendant laquelle elle ne cessa de le regarder. Il avait si paisible comme ça. On aurait dit qu'il avait retrouvé une paix intérieure.

- Je les ai trouvés, Mister B. lança le chauffeur personnel de Barton dans un combiné, certainement à l'attention de ce dernier d'ailleurs.

Avec l'aide de Raven, Allen fut installé sur les sièges arrières, la tête toujours sur les genoux de la rouquine. Puis il furent emmenés aux bureaux. Elle suggéra à Nardo, le chauffeur, de ne pas aller à l'hôpital, que c'était simplement dû à la chute, mais qu'il allait bien, qu'il avait besoin de sommeil, etc.

On installa Allen sur un des canapés du petit salon de repos. Raven quant à elle, se mit à fulminer intérieurement.

- Je vois que vous vous êtes retrouvés ! lança Barton d'un air joyeux.

- C'est quoi ça ?! Pourquoi lui ? Et comment d'ailleurs ?! Je ne veux pas qu'il soit mêlé à tout ça, Barton, c'est hors de question. N'importe qui, mais pas lui ! T'avais pas le droit !

Monsieur B. posa ses mains sur les épaules de Raven, lui demandant de se calmer. Il savait qu'il allait devoir fournir des explications. Quoi qu'en tant que patron, il ne devait se justifier devant personne. Mais, humainement, il le savait, sa conscience ne le laisserait pas tranquille. Il savait aussi que Raven pouvait filer tel un petit oiseau si elle ne comprenait pas pourquoi il avait fait appel à Allen. Aussi, il commença à dire :

- Je ne savais pas à qui faire confiance, tu comprends, Raven, qui est-ce que je pouvais ne pas soupçonner dans Paris ? Comment être sûr que la personne que j'engagerais ne te ferait pas de mal à ton insu ?

- Mais je t'avais dit de n'engager personne ! C'est inutile, je v...

- Tu vas faire quoi ? coupa Barton. J'ai trouvé son mail dans tes affaires, je n'ai pas eu besoin de fouiller, il était posé sur ton ordinateur. C'est la seule personne qui a l'air de t'être un peu plus proche que les autres, Raven, je pensais que ça te conviendrait comme ça. Tout cela est professionnel, rien de plus.

- Personne ne peut comprendre... murmura-t-elle.

Et Barton s'éloigna en disant qu'il revenait et, en mentionnant qu'il allait chercher de l'eau. Il commenta aussi, en disant qu'elle pouvait lui épargner son jeu de scène, qu'il était inutile qu'elle fasse son artiste incomprise du reste du monde.
Raven ne put s'empêcher d'esquisser un faible sourire à sa remarque. Et pour elle-même, caressant du bout des doigts le portrait de Jason sur la photo :

- Toi, tu me comprends. Mais ne t'en fais pas, je ne laisserai pas tomber. Il paiera. Ils paieront.


[ HRP : A toi de voir si Allen se réveille avant, pendant, ou après le dialogue Barton/Raven. (: ]

Barton s'en était allé et, Allen s'était réveillé.

Visiblement tu n'étais pas au courant... Et encore moins d'accord.

Elle le regarda un instant, puis tourna le regard pour avouer :

- Je n'ai pas besoin qu'on prenne soin de moi. Se risquer à m'aider, c'est se mettre en danger bêtement. Je ne suis pas invincible, je le sais, mais je peux me débrouiller toute seule. Assurer ma survie est déjà assez difficile comme ça, alors si en plus je dois m'inquiéter pour ceux qui me soutiennent...

Elle se tut. Qui avait-il à ajouter ? C'était ainsi. Elle ne voulait pas attirer des problèmes à ceux qui ne lui avaient rien fait. La vie à Paris était déjà assez compliquée comme cela, ce n'était pas la peine de l'envenimer davantage. Surtout pas pour elle.

Elle posa de nouveau ses yeux sur lui, pour changer de sujet.

- Tu devrais peut-être rester allongé encore un peu. Tu as eu droit à une chute digne d'un cascadeur.

Un temps. Elle reprit :

- Sans parler du combat intérieur auquel tu as dû avoir droit.

Elle se leva, alla chercher un verre d'eau, puis revint s'asseoir, à côté de lui. Elle lui tendit le verre.

- Tiens.


[ HRP : Bon, réponse de merde, désolée, mais c'est le temps de me remettre dans le bain ]

A ses premières paroles, et au fil de celles qui suivirent, Raven tira une moue qui montrait visiblement sa réticence. Puis elle soupira, comme résiliée, puisque de toute façon, elle ne pouvait pas faire grand chose. Elle n'irait pas supplier Barton, qui de toute façon, serait difficile à convaincre après ce qui s'était passé. Elle ne pouvait pas renvoyer Allen elle-même, et il était inenvisageable d'engager quelqu'un d'autre à sa place. En clair, elle était coincée, et elle n'avait pas le choix. Point.
Puis, à mieux y réfléchir, si c'était lui, c'était peut-être mieux. Mieux et pas mieux à la fois. C'était une situation emmêlée de contrastes contradictoires les uns aux autres. Le fameux " oui, mais ".

- Tu n'aurais pas dû voir ça... Je suis désolé ça n'a pas dû être beau à voir.
C'est à cause des calmants... Je ne dois jamais prendre le moindre narcotique. Sinon j'ai quelques soucis, mais rassure-toi en temps normal ça ne m'arrive jamais !

Assise à ses côtés, elle l'observa un instant alors qu'il parlait tête baissée. Puis, elle lui releva le visage.

- Hey, tu vas presque devenir mon ombre à présent, alors autant ne pas avoir de lourd secret comme celui-ci tu ne crois pas ?

Elle ôta ses doigts de sous son menton.

- Ne t'en fais pas pour ça. La prochaine fois que tu te feras blesser par ma faute, je mentionnerai aux pompiers de ne rien te donner.

Un temps, détournant le regard, elle reprit d'une voix moins tonique :

- Et puis... C'est plutôt toi qui ne devrais pas être rassuré, moi mon autre côté peut surgir n'importe quand...

- Hey, tu vas presque devenir mon ombre à présent, alors autant ne pas avoir de lourd secret comme celui-ci tu ne crois pas ?

Elle lui avait dit cela avec douceur tout en lui remontant le visage délicatement avec les doigts. Et dire que l'inébranlable des deux c'était censé être lui, il était celui qui devait être le rempart contre toute les agressions. Et pour l'instant celui qui avait besoin d'être remonté c'était lui, un peu pathétique...Mais elle avait raison sur un point, s'il devait devenir son ombre elle devait savoir si elle pouvait lui faire confiance. Et si elle voulait en juger alors il fallait qu'elle sache tout, ou tout du moins qu'il arrête de lui cacher l'énormité qui se tapissait sous son hybridisme.

Allen avait ouvert la bouche pour commencer à tout lui expliquer, à parler de cette chose que sa mère lui avait interdit de mentionner. Mais sa bouche se referma tout aussi tôt, et bien avant que Raven ne se remette à parler. Car ca n'était pas facile, ca n'était pas facile d'avouer qu'il était né de manière bancale qu'il n'était pas normal, qu'il était monstrueux. Il laissa donc à Raven le droit à la parole...La prochaine fois, il espérait qu'il n'y aurait plus de prochaine fois avec des anesthésiants. Il ne voulait plus se retransformer, il n'avait à vrai dire même pas d'image claire de ses deux autres formes. Et à l'inverse d'elle il ne pouvait pas trouver de refuge dans "son autre coté" car il n'en avait pas. Cette chose puissante et rageuse c'était lui, il le savait. Pas un autre lui maléfique ou autre juste lui, comme quelque chose de réprimer au plus profond de son être qui ne cherchait qu'a s'exprimer...Mais il n'avait pas la moindre idée de ce qui chez lui pouvait susciter autant de haine. Et l'écouter c'était ouvrir la porte à quelque chose de bien trop terrible.

C'est vrai...Tu as raison, si on doit partager beaucoup d'instant rien qu'a deux. Si on doit affronter le danger tout les deux alors il faut que tu saches. Ce que tu as vu dans la ruelle c'est la hantise qui me poursuis depuis aussi loin qu'il m'est possible de remonter dans mes souvenirs. Je n'ai jamais été un hybride normal, ma forme hybride comme animale semble autonome. Et de plus elles semblent vouer une haine farouche au reste du monde. Elle tente en permanence de prendre le dessus et ne peut y arriver que quand je perd le contrôle de moi même. J'ai la chance d'être d'une nature calme. Voila...Tu connais mon plus lourd secret.

Elle lui avoua que chez elle son autre coté pouvait faire ça a tout moment. Mais cela n'effrayait pas vraiment Allen, certes ca n'était pas pour lui plaire qu'a tout moment puisse être lâché sur lui le coté sombre de Raven. Mais il pouvait faire avec...Parce qu'il savait, parce qu'il savait ce qu'elle pouvait ressentir de devoir vivre avec lui. Et que si lui ne lui tendait pas la main tout en connaissant aussi bien son problème...Alors c'est qu'il ne méritait pas d'aider qui que ce soit d'autre. Il n'était pas du genre à croire au destin, il ne voulait pas penser que tout soit écrit à l'avance mais cette fois la coïncidence était trop belle pour juste en être une.

Tu sais, c'est peut être totalement fou...Mais je crois que de savoir que tu as un problème plus ou moins similaire au mien me donne encore plus envie de t'aider. Que si je te tourne le dos par lâcheté je ne pourrai plus me regarder dans une glace.

Il lacha un petit éclat de rire

Et ne serait que ce pour me raser...Ca va pas être pratique.

Allen ouvrit la bouche une première fois, mais rien n'en sortit. Elle était consciente que parler d'un secret aussi lourd que celui-là ne pouvait être une tâche aisée. Aussi se montrerait-elle patiente. Il n'était même pas obligé de tout lui dire tout de suite, elle pouvait attendre, un jour, une semaine, un mois. Mieux valait ne pas forcer la chose. Quelqu'un à qui on essaye de tirer les vers du nez a toujours tendance à se braquer. Raven n'avait pas l'intention de le mettre plus à mal à l'aise qu'il ne semblait déjà l'être. Et puis, elle le comprenait, malgré tout, même si l'origine de leurs deux côtés respectifs différait, elle ne savait que trop bien ce qu'on pouvait ressentir. En parler... Il n'y avait qu'à Raphaël qu'elle en avait touché un mot. Du reste, elle s'efforçait de ne pas se faire démasquer, même si à présent, depuis l'incartade du premier soir de leur rencontre, plusieurs devaient se douter que sa force ne venait pas simplement de sa dextérité et de ses pouvoirs. Vint alors le moment où Allen déposa son fardeau au creux des oreilles du corps silencieux de Raven.

[...]

Alors il était né avec. Ou plutôt, il avait toujours été ainsi. C'est sûrement ce qui les différenciait. Il avait dû supporter ça depuis toujours. Elle, elle en avait hérité à cause de sa faiblesse et de son désespoir. Elle avait cru choisir la possibilité de mettre fin à ses maux, au lieu de ça, elle avait pactisé avec le diable. Et maintenant, elle pouvait à tout moment se déverser sur Paris tel un fléau, prêt à tout dévaster sans le moindre regret et sans la moindre hésitation. Elle était seule à pouvoir en avoir honte. Allen, lui, n'avait rien à se reprocher, du moins c'est ce qu'elle pensait. Il ne devait surtout pas se sentir coupable, car il n'y pouvait rien, il n'avait pas choisi.

‹‹ Tu sais, c'est peut-être totalement fou... Mais je crois que de savoir que tu as un problème plus ou moins similaire au mien me donne encore plus envie de t'aider. Que si je te tourne le dos par lâcheté je ne pourrai plus me regarder dans une glace. ››

Elle posa ses yeux ambrés sur son visage.

‹‹ Et ne serait-ce que pour me raser... Ca va pas être pratique. ››

Elle laissa son rire se joindre au sien. Et quel soulagement elle en ressentit. Il venait de détendre un peu plus l'atmosphère, et les problèmes semblaient comme s'être envolés rien qu'un instant. Bien sûr qu'ils ne pourraient jamais les nier. Mais ce qu'il avait dit était vrai. Comme pour lui, savoir qu'ils partageaient en quelque sorte la même souffrance et la même angoisse, l'incitait à tendre davantage les bras vers lui, et non à marcher à reculons. Peut-être qu'à deux ils y arriveraient. Après tout, Allen avait réussi à la mettre hors d'état de nuire lorsque le côté black Raven s'était éveillé. Elle ne pouvait pas garantir qu'elle arriverait à faire de même si son côté hybride faisait surface, mais elle tâcherait au moins d'être là pour limiter les dégâts, et pour l'aider à tenir le coup.

Elle laissa son sourire planer sur son visage tandis qu'elle le regardait. Peu importe ce que prévoyait le futur, quelque chose lui disait qu'elle pourrait dorénavant compter sur quelqu'un d'autre que sur elle-même. Désormais, elle l'aurait lui, Allen Whistler, son body guard.


[ RP fini ]