Le marché aux puces printanier [Rebecca]

La Chapelle, le quartier des marchés... Plusieurs grandes brocantes et marchés aux puces étaient organisés dans l'année, un à chaque saison. Aujourd'hui avait lieu celui du printemps.
Xander avait réservé un emplacement depuis longtemps, comptant profiter de la notoriété de ce marché pour d'une part vendre des objets religieux, et d'autre part se faire connaître et tenter de convertir d'éventuels futurs partisans.

Comme tous les brocanteurs, il était arrivé sur place très tôt le matin, vers 5h30, et avait installé son matériel sur deux tables qu'on lui avait alloué. Il avait installé ses deux tables côte à côte, et les avait recouvertes d'un grand drap blanc, immaculé, sur lequel il avait placé un autre drap doré, dans l'autre sens, qui rappelait un peu les autels dans les églises. Puis il y avait disposé de nombreux objets, qui avaient tous le même point commun : la religion chrétienne. Il y avait là de nombreuses icônes, représentant le Christ, la Vierge Marie ou encore des scènes de la Bible, divers bijoux, croix, vierges et divers saints, montés en pendentifs d'or ou d'argent, quelques calices et draps de messe, quelques aubes accrochés à des cintres derrière, et bien évidemment, des bibles, des bibles de toutes sortes, anciennes, récentes, des versions pour enfants, des versions traduites en anglais, en latin, des illustrées, des classiques... bref, il y avait de quoi satisfaire tous les amateurs de religion !

Rebecca, comme à son habitude, s'était levée tôt pour pouvoir être dans les premières à arpenter entre les étals du marché aux puces du quartier de la Chapelle. Elle pouvait ainsi dénicher les meilleures offres et les plus précieux grimoires. Et les clients de sa boutique qui s'étonnaient toujours de son large panel de choix...

Elle flânait, s'intéressant plus particulièrement aux bibelots. Sa boutique en avait besoin. Enfin... Disons qu'elle souhaitait changer un peu. Et pour elle-même aussi. Elle ne savait pas pourquoi, mais en ce moment, elle avait besoin de changement. Cela la prenait régulièrement, depuis le temps, elle s'y était faite, tout comme son incapacité à garder une relation longtemps, tout comme sa condition d'hybride. Pas qu'elle s'en plaignait, enfin, elle ne s'en plaignait plus. Rebecca secoua doucement la tête, pour faire partir cette vague de nostalgie.

Encore heureux qu'elle ne se soit pas souvenu de tous les moments passés avec sa mère. A cette pensée, l'émotion l'étreignit. Elle secoua la tête plus fermement cette fois-ci, et revint à la réalité.

Alors qu'elle ne s'y attendait pas, elle se retrouva devant un étal religieux. Eh mer***. Enfin, elle se cachait si bien que les prêtres - et à plus forte raison les chasseurs - ne pouvaient que la prendre pour une simple humaine. Sur les tables se trouvaient des livres. Avec un peu de chance, elle trouverait quelques récits bibliques dans toute cette quincaillerie. Elle se mit alors à regarder avec attention le stand, sans prêter attention au vendeur.

Xander était plutôt occupé. En tout début de matinée passaient tous les brocanteurs professionnels, ces vautours qui raflaient tout ce qui était réellement intéressant, soit pour entretenir une collection, soit pour revendre plus tard à des prix plus élevés. Il était en pleine discussion avec un homme blond :

Monsieur, c'est une bible du vingtième siècle, avec une préface manuscrite du pape Jean-Paul II ! Je ne peux pas vous la céder à moins de quarante euros.

Puis il renseigna une femme assez âgée sur le prix d'un chapelet en bois (en l'occurrence cinq euros) et se tourna vers Rebecca.

Je suis à vous dans une minute, si vous avez la moindre question n'hésitez pas.

Il n'avait pas même pris le temps de la regarder vraiment, il lui avait juste jeté un bref coup d'œil avant de repartir négocier avec l'acheteur blond.

[ hrp : j'ai pas précisé : niveau vestimentaire, pantalon noir et veste en cuir noire, mais il a une petite croix d'argent épinglée sur sa veste, et un col de prêtre sur sa chemise noire. ]

Ah ah ! Trouvé ! Un livre datant d'au moins vingt ans, qui ne faisait que narrer les grandes épopées bibliques, sans le lavage de cerveau. La perle rare. Elle fut interrompue par le vendeur :

- Je suis à vous dans une minute, si vous avez la moindre question n'hésitez pas.

Rebecca redressa la tête, et observa pour la première fois le vendeur. Elle se figea. Pantalon noir, veste en cuir noir, petite croix d'argent épinglée sur la veste, et col de prêtre sur une chemise noire. Mais surtout, un visage connu. Et redouté. Xander, le prêtre. Le boss des Chasseurs. Les assassins de sa mère. Une vague de haine envahit l'hybride.

Elle se ressaisit aussitôt. Paraître naturelle pour se fondre dans la foule. Surtout ne pas éveiller l'attention d'un Chasseur. Elle se saisit alors du livre, et se mit à attendre en essayant de se calmer que l'homme ait finit avec un acheteur aux cheveux blonds. Elle aurait ce livre et partirait, sans éveiller ses soupçons.

Hrp : je porte une tunique verte au dessus d'un t-shirt blanc rayé bleu, un pantalon en toile beige, et un manteau brun Smile

Xander avait fini sa vente avec le blond, qui lui avait acheté sa bible à trente-cinq euros. La vague des brocanteurs était un peu passée, et à présent il avait plus de temps pour s'occuper de la jeune fille. Il revint vers elle, et vit qu'elle feuilletait une édition récente et simplifiée, une adaptation des testaments qui ne reprenait que les passages phares, les plus connus. Il lui sourit aimablement, et lui dit :

Je vois que vous vous intéressez à l'adaptation de Rotshield. Elle est bien pour ceux qui veulent simplement retrouver les grandes histoires de l'ancien testament et de la vie du Christ, mais je la trouve un peu trop résumée. Mais tout dépend bien sûr de ce que vous cherchez.

Il se montrait très poli et semblait très doux, très gentil, rien à voir avec l'image que pouvaient s'en faire les hybrides.

-Je vois que vous vous intéressez à l'adaptation de Rotshield. Elle est bien pour ceux qui veulent simplement retrouver les grandes histoires de l'ancien testament et de la vie du Christ, mais je la trouve un peu trop résumée. Mais tout dépend bien sûr de ce que vous cherchez.

Rebecca se prépara mentalement à lui répondre. Elle déglutit silencieusement. Il fallait le convaincre, comme tous les brocanteurs, de la laisser vendre le livre dans sa boutique. Après tout, ce n'était pas pour elle. Et qui sait, il pourrait lui indiquer où se fournir. Parce que depuis quelques temps, ce genre de livres n'étaient plus édités. Dur de se reconstituer un stock. Elle se demanda pourquoi, sur tous les prêtre de Paris, il avait fallu qu'elle tombe sur lui. Elle se jeta à l'eau :

- C'est justement ce genre de récits qui m'intéressent, Monsieur. A vrai dire, je tiens une librairie, et avant l'arrêt de la publication, je proposais un livre semblable à celui-ci. Cela ne vous dérangerais pas de m'indiquer où trouver un autre ouvrage qui soit composé, comme ce livre, uniquement de récits bibliques ? Malgré mes demandes auprès des maisons d'édition, je n'ai pu en retrouver. Oh, et si vous avez d'anciens grimoires, je peux vous les racheter pour les vendre. Ils seront restaurés, et j'ajoute toujours la provenance du livre si la personne à qui je l'ai acheté le souhaite. Enfin, c'est à vous de voir.

Elle avait parlé d'une traite, mais avait pris soin de garder un ton clair et dégagé, et de bien articuler. Elle espérait fortement qu'il dise non, merci, au revoir. Mais elle avait un mauvais pressentiment. Pourvu qu'elle puisse se tirer de là rapidement !

Le visage du prêtre s'illumina d'un sourire intéressé. Une libraire, quelle aubaine ! Il venait peut-être de trouver l'occasion de se faire pas mal d'argent, et pourquoi pas, de faire un peu de propagande masquée sous des récits bibliques.

Il existe un grand nombre d'adaptations de l'ouvrage sacré mademoiselle. Savez-vous que la Bible est le livre le plus lu au monde, et ce depuis plusieurs siècles ? Je ne présente pas tout ici, les livres se bradant plus que ne se vendant pour leur réelle valeur, mais en tant que prêtre et aimant des belles choses, j'ai toute une collection en mon Église, qui pourrait vous intéresser. L'amour du livre se perd de nos jours malheureusement, les gens lisent de moins en moins, et les ouvrages datant d'un demi-siècle sont à présent précieux, car de plus en plus rare. Or, je possède de nombreuses éditions datant du vingtième siècle.

Il se retourna quelques instants, farfouillant dans des cartons, et en sortit une bible à la couverture colorée, violette rouge et orange.

Tenez, celle-ci par exemple... Publiée en 1970, dans des années où les couleurs flashy étaient à la mode. Pourtant il s'agit bien là d'une Bible ! Ce livre faisait partie d'une collection que l'on offrait aux jeunes communiés qui entraient dans leur confirmation.

Il regardait la jeune femme sans vraiment la regarder, l'esprit plus concentré sur ses livres. Pas une fois encore il n'avait vraiment croisé son regard...

A voir le prêtre, il semblait ravi de son offre. Rebecca fut légèrement soulagée. Peut-être les choses seraient faciles. Elle veilla à garder son air décontracté, c'est à dire un visage légèrement souriant et une respiration légère, même s'il était clair que Xander était plus concentré sur les livres dont il faisait la louange qu'elle :

- Il existe un grand nombre d'adaptations de l'ouvrage sacré mademoiselle. Savez-vous que la Bible est le livre le plus lu au monde, et ce depuis plusieurs siècles ? Je ne présente pas tout ici, les livres se bradant plus que ne se vendant pour leur réelle valeur, mais en tant que prêtre et aimant des belles choses, j'ai toute une collection en mon Église, qui pourrait vous intéresser. L'amour du livre se perd de nos jours malheureusement, les gens lisent de moins en moins, et les ouvrages datant d'un demi-siècle sont à présent précieux, car de plus en plus rare. Or, je possède de nombreuses éditions datant du vingtième siècle.

Bon, elle se serait bien passée de la partie propagande, mais il restait dans le vrai. L'homme devant elle était vraiment différent du chasseur. Cela la contrariait. Comment osait-il ?! Ce... Ce monstre... Il... Rebecca commençait à hyperventiler. Elle se força à se calmer.

En reportant son attention au discourt du prêtre, elle nota l'invitation. Entrer dans l'église de cet assassin ? Elle frémit. Elle se contenterait de ce marché aux puces, même si l'offre, faite par n'importe qui d'autre, l'aurait alléchée. Là, plutôt mourir. Mais elle devait jouer son rôle. Elle accepterait l'offre s'il se montrait insistant.

En le voyant se pencher pour prendre une bible, elle essuya rapidement la sueur sur son front. Il lui présenta l'ouvrage, affublé de couleurs criardes. Il devait dater des années 1970-1980. Le prêtre repris sont monologue :

- Tenez, celle-ci par exemple... Publiée en 1970, dans des années où les couleurs flashy étaient à la mode. Pourtant il s'agit bien là d'une Bible ! Ce livre faisait partie d'une collection que l'on offrait aux jeunes communiés qui entraient dans leur confirmation.

Elle déglutit une nouvelle fois - c'est fou comme être dans une situation de stress la faisait déglutir - avant de prendre la parole, feignant l'enthousiasme :

- Tout ceci est des plus intéressant, d'autant plus qu'il est vrai que ce genre de livre devient, malheureusement, rare. Vous dites que vous possédez quelques livres pouvant m'intéresser ? Comme je vous l'ai dit, je cherche avant tout des récits, et non une bible complète. Comprenez qu'avec les conjonctures actuelles, le recul de la religion, et le durcissement des croyants envers les athés et les membres d'autre confession, je ne puis me permettre de présenter un Livre Saint dans une librairie rassemblant à part égale les mythes des différentes religions. J'espère que vous comprenez ma position. D'où ma préférence pour les adaptations telles que celle de Rotshield.

Rebecca s'étonnait de l'érudition du prêtre. Elle qui pensait que comme tout bon raciste, il s'était contenté d'apprendre la bible, sans en analyser le contenu... Comment une personne aussi instruite pouvait-elle se leurrer d'une façon aussi magistrale ? Cela la rendait malade. Les livres apportaient la tolérance, le respect, la connaissance. Et lui... Il ignorait une partie du message.

La jeune femme ne semblait voir les choses que du point de vue commercial, recherchant plus ce qui se vendait que ce qui était rare et précieux.

En ce cas l'adaptation de Rotshield vous conviendra parfaitement. Je n'ai pas d'autre ouvrage de ce type ici, mais si vous me laissez vos coordonnées, ou celles de votre librairie, je pourrais vous en apporter.

Il entendit sa cliente déglutir, et perçut un sentiment de malaise émaner d'elle. S'interrompant dans ses actes de vente, il leva les yeux vers elle, tout en lui demandant d'une voix douce et inquiète :

Est-ce que vous vous sentez bien mademoiselle ? Vous êtes un peu...

Il croisa alors le regard de la libraire, et sa nature lui sauta presque aux yeux, et lui apporta comme un choc. Voilà dix minutes qu'il discutait, tranquillement, avec une hybride ! L'étonnement se lut dans le regard du prêtre, mais seulement un instant, car il avait appris depuis longtemps à maîtriser ses émotions. Après ce court moment de choc, il termina sa phrase :

... pâle...

- En ce cas l'adaptation de Rotshield vous conviendra parfaitement. Je n'ai pas d'autre ouvrage de ce type ici, mais si vous me laissez vos coordonnées, ou celles de votre librairie, je pourrais vous en apporter.

Rebecca pâli, et se mit à déglutir. Révéler où elle vivait la répugnait. Elle n'eut pas le temps de répondre, le prêtre redressa la tête et, pour la première fois depuis le début de l'entretien, il la regarda. Puis, il demanda, l'air inquiet :

- Est-ce que vous vous sentez bien mademoiselle ? Vous êtes un peu...

Xander croisa son regard. Ce fut bref, mais une étrange lueur passa dans ses yeux. Un effet de lumière ?

- ... pâle...

La libraire décida de jouer sur cela pour faire mieux passer son mal-être. Elle pourrait ainsi s'esquiver tranquillement d'ici, en proposant de le recontacter, lui. Elle ne serait ainsi pas exposée. Elle feint de chanceler, et se rattrapa à l'étal. Elle se redressa ensuite, et mentit, d'une voix faible, mais assurée :

- Je... Je pense. Excusez-moi, je me remets tout juste d'une maladie. Je crois que faire des achats dans un marché aux puces était un peu trop pour moi...

Tout à coup, elle eut un véritable vertige. Alors qu'elle perdait pied, elle s'étonna. Pourquoi cela arrivait maintenant ? Elle devait accumuler trop d'émotion, trop de pression, à cause du prêtre, du chasseur. Elle atteint brutalement le sol, trop surprise pour se rattraper.

Le cerveau du prêtre tournait à toute vitesse tandis qu'il se demandait comment il allait pouvoir l'attraper au milieu de cette foule. Non, il fallait qu'il ait l'adresse de sa librairie et qu'il retourne la voir plus tard, en une heure moins fréquentée. Alors il pourrait s'occuper d'elle. Mais alors qu'il allait lui demander l'adresse, l'hybride chancela et se retint à sa table pour ne pas tomber. Elle parla d'une longue maladie, puis tomba au sol, prise de vertige. Xander ne put retenir une exclamation agacée lorsqu'elle chuta. Si elle s'évanouissait maintenant il ne pourrait pas avoir son adresse, et il ne pourrait pas plus la toucher, quelqu'un passerait bien pour la prendre en charge et il ne la retrouverait plus. Non, il était obligé à présent de prendre soin d'elle. Se précipitant avec un regard inquiet, il passa de l'autre côté du stand pour arriver dans la rue et s'agenouilla auprès d'elle.

Mademoiselle, vous m'entendez ? Je vais vous aider à vous relever, vous devez vous asseoir. Ça va aller ? Je vais vous donner de l'eau.

Il lui proposa ses mains pour l'aider à se relever. Extérieurement il paraissait réellement inquiet et agissait en parfait gentleman, mais intérieurement il bouillait de rage d'être forcé de l'aider, de la soigner, de la toucher... Alors qu'en d'autres circonstances, s'ils avaient été seuls, il aurait été ravi de sa faiblesse, et en aurait profité pour lui loger une balle entre les deux yeux.

S'effondrer comme une loque sur le sol n'avait pas fait parti de ses plans pour se tirer de ce guêpier. Surtout que cela faisait mal. Un coude s'enfonçant dans des côtes, c'était tout à fait bénéfique pour le corps, c'est bien connu... Pourquoi avait-il fallut qu'elle tombe sur le flan ? Hein ? Ah oui, elle avait eut un vertige.

Rebecca reprit légèrement conscience du monde environnant. On s'empressait autour d'elle. Un homme s'approchait et s'agenouilla. Elle ne l'aimait pas. Son instinct lui disait qu'il était une menace. Qu'il fallait fuir. Attaquer avant qu'il n'attaque. L'ennemi baragouina quelque chose. Elle se replia sur elle même.

Puis il avança sa main vers elle. Instinctivement, elle se dégagea, recula et s'accroupit. La posture évoquait indubitablement les félins. Et elle feula.

Le geste du prête s'était suspendu. C'est là que la libraire reprit totalement le contrôle d'elle-même. Et qu'elle réalisa. Elle venait de feuler devant Xander, initiateur de l'organisation des chasseurs. Elle écarquilla les yeux, choquée. L'inconscience ne lui allait décidément pas. Outre la douleur lancinante de ses côtes, elle était sûre de s'être trahie. Xander ne pouvait laisser passer un tel signe.

*Un tel aveux*, pensa-t-elle amèrement.

Foutu animal ! Il fallait fuir. Les personnes présentes autour d'elle la regardaient, choqués pour certains, un air de connivence pour d'autres. La foule la protégeait, jamais le prête ne pourrait l'attaquer au milieu d'un tel attroupement. Il tenait trop à la réputation qu'il s'était forgé auprès des humains. Tous les hybrides le savaient.

Un tremblement la prit. Et ****, elle avait beau savoir tout cela, elle ne pouvait s'empêcher de suer la peur à plein nez. Elle se redressa, et commença à reculer doucement, pas à pas, comme pour fuir une bête sauvage.

Sujet: Re: Le marché aux puces printanier [Rebecca] Mar 7 Sep 2010 - 17:52

Alors qu'il espérait qu'elle accepterait son aide pour se relever, pensant qu'elle pouvait ne pas savoir qui il était, la jeune femme eut une réaction des plus étranges : elle s'accroupit dans une position très animale, et feula. Oui, c'était un feulement qui était sorti de sa bouche. Xander eut un mouvement de recul et de dégoût. Ces êtres n'étaient bien que des bêtes, à réagir ainsi à la moindre contrariété.
C'était une hybride terrestre donc... Une hybride qui avait peur. Cela se voyait à son comportement, à ses tremblements et à ses yeux écarquillés, mais également par le pouvoir d'empathie que Xander maîtrisait. Elle avait compris. Ou si elle ne le savait pas, elle craignait tout simplement qu'au milieu de la foule il y ait des chasseurs qui l'aient détectée, à cause de son feulement. Xander misa sur cette dernière hypothèse, et tandis que l'hybride reculait doucement, lui avançait vers elle, tendant sa main de nouveau, comme en signe de paix. Il s'adressa à elle comme un psychiatre parle à un de ses malades, avec douceur et un soupçon de pitié dans la voix.

Mademoiselle, vous n'avez rien à craindre. Venez avec moi, j'ai une chaise à mon stand, vous pourrez vous reposer un peu. Vous n'avez rien à craindre, votre vertige est passé. Je peux vous aider.

Toutes ces belles paroles n'étaient que purs mensonges bien sûr, mais le prêtre était passé maître dans l'art du subterfuge et de la tromperie.

Sujet: Re: Le marché aux puces printanier [Rebecca] Mer 8 Sep 2010 - 17:58

Alors qu'elle reculait, lui, le chasseur, s'avançait. Les mains levées, pour lui signifier qu'il ne lui voulais aucun mal. Quelle ironie. Les mains levées pour pouvoir plus aisément l'attraper, oui ! Comme quand on attrape un animal sauvage. Ce qu'indubitablement elle était pour lui. Un animal sauvage, répugnant, qui ne faisait que revêtir une apparence humaine. Mais pour Rebecca, le monstre, l'animal, le prédateur, il s'avançait toujours, les mains levées. Il se mit à lui parler comme à un enfant :

- Mademoiselle, vous n'avez rien à craindre. Venez avec moi, j'ai une chaise à mon stand, vous pourrez vous reposer un peu. Vous n'avez rien à craindre, votre vertige est passé. Je peux vous aider.

L'aider ? Ne rien avoir à craindre ? Il fallait qu'elle parte. Tout de suite. Elle regarda derrière elle. Un groupe trop compact s'était formé, elle ne pouvait passer. Il lui fallait passer à côté de Xander. Alors elle s'avança, et s'arrêta à côté de lui. Elle murmura de façon à ce qu'il soit le seul à l'entendre :

- Ne comptez pas sur moi pour rester plus longtemps proche de celui qui nous traque. Vous tenez à votre couverture autant que nous à la notre, alors faites semblant d'être surpris et oubliez-moi. Au fait, lisez-vous Voltaire ?

Sur ce, elle fendit d'un pas leste la foule qui commençait à affluer sous les coups de neuf heures. Une fois sortie de l'espace réservé au marché aux puces, elle se mit à courir. Il ne manquerait plus qu'il l'ait fait suivre par un chasseur. Elle descendit dans la première bouche de métro qu'elle vit, et se mêla aux touristes.

Ce n'est qu'à ce moment qu'elle se rendit compte que depuis qu'elle avait décidé d'avancer, de fuir, elle ne tremblait plus. L'adrénaline, sûrement. Cela devait être aussi pour ça qu'elle avait osé s'arrêter à côté de Xander. Et lui dire ce qu'elle lui avait dit. La libraire restait abasourdie de son audace. Elle qui se pensait craintive et plus apte à fuir la queue entre les jambes...

Mais dorénavant, il faudrait qu'elle soit encore plus attentive. Car elle était repérée.

Sujet: Re: Le marché aux puces printanier [Rebecca] Jeu 9 Sep 2010 - 15:45

Alors que la jeune femme s'avançait enfin vers lui, Xander pensa tout d'abord qu'il avait gagné. Elle acceptait sa proposition. Mais elle s'arrêta à côté de lui, et lui murmura quelques mots à l'oreille. Elle l'avait reconnu. Probablement depuis le début, depuis en tout cas qu'elle avait été prise de vertige. Sa popularité devenait un désavantage ces temps-ci, beaucoup trop d'hybrides le repéraient avant qu'il ait pu tenter la moindre action offensive. Lorsqu'elle lui parla, il la fusilla d'un regard de haine pure, mais cela ne dura qu'un instant. Il retrouva bien vite un visage calme et aimable, tandis qu'il lui soufflait à son tour un bref :

Je ne t'oublierai pas.

Puis elle fendit la foule et partit d'un pas rapide. Inutile de la poursuivre, on pouvait aisément se fondre dans une foule, et le prêtre devait s'occuper de son stand. Mais ce genre de traque n'en était que plus excitante. Il se jura de trouver le moyen de la retrouver, tout en se demandant pourquoi elle lui avait parlé de Voltaire.

[sujet fini je pense ^^ ]

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