Preux chevalier parti sauver sa belle [Dared ♥]

Depuis que j’avais pris le contrôle du corps, et que j’étais avec Ephylie, j’avais appris à apprécier une chose : le repos. La journée, alors qu’elle n’était pas là et que je n’avais rien d’autre à faire, je dormais, ou somnolais. Oui, ce n’était pas bien original, mais bon… On occupe ses journées comme on peut quand on n’est pas habitué à remplir des mois entiers, et qu’on se contente d’un week-end par mois.

Tout ça pour dire que j’étais à moitié endormi quand le téléphone sonna. Je me levais et allais décrocher.

Allô j’écoute ?

Oui, un peu nul comme manière de répondre au téléphone, mais bon. À moitié endormi, utilisant très peu les téléphones, je ne m’attardais pas sur ces détails.

Dared, c’est moi. Ecoute si tu pouvais venir a « la Perle Pourpre » c’est dans le Sud, ça serait super.

J’entendais un cri derrière elle. Quelque chose clochait.

Amour ? Est-ce que tout v…

Ça avait raccroché, et ça ne me disait rien qui vaille. Me précipitant sur l’ordinateur d’Ephylie dont elle m’avait appris la base de l’utilisation – oui, je n’étais pas né à l’époque des ordinateurs, et n’avais jamais daigné en acheter un – je recherchais cette Perle Pourpre. Ce n’était pas trop loin, mais apparemment il y avait beaucoup de petites rues pour y accéder. Chier ! Et pas le temps de chercher comment bidouiller mon téléphone pour me donner la direction. De toute façon, Galileo, aussi précis qu’il fut, n’aurait sûrement pas été assez rapide pour me suivre.
Je prenais un stylo et notais quelques adresses clés sur mon bras, puis fermais la porte derrière moi et me précipitais vers Paris Sud.

Depuis des décennies que j’étais à Paris, rien n’avait changé. Les mêmes automobilistes conduisaient de la même manière, les carrefours étaient toujours aussi compliqués à comprendre, et la même joie de vivre se ressentait dans l’air.
C’en était désespérant…

Je faillis entrer en collision avec un capot sorti de nulle part. Sans mes réflexes, j’aurais eu très mal. Et puis, l’idée du conducteur affolé par le bruit de mon pied prenant appui sur son capot m’était assez amusante.
Sauf que je n’avais pas le temps de rire.

J’avais du mal à lire les noms des rues, mais je n’arrivais pas à m’autoriser à ralentir. Le métier d’Ephylie n’était pas apprécié de tous, et elle pouvait être en danger. Chaque seconde comptait.

Je remarquais un des noms que j’avais noté sur mon bras, le resituais sur la carte, et prenais sur la droite. Mais là encore, les noms passaient trop vite, les rues étaient étroites, et trop nombreuses.

Je me jurais de dire à ma belle en rentrant de ne plus travailler qu’à des endroits faciles d’accès.

Encore une fois à droite, deux fois à gauche, ça devenait répétitif et toutes les rues se ressemblaient. Et…
Stop !
Je comparais le nom de la rue, et le nom noté sur mon bras.
Eh bien ! pas trop tôt !

La « Perle Pourpre » s’avérait être un restaurant, et me rappelait que je n’avais pas encore mangé. C’était bien ma veine… J’y entrais en évitant d’attirer les regards, et fouillait le restaurant du regard. Elle devait être là, mais où ? Comment la trouver sans mettre sa vie en danger, et sans la compromettre ? Hurler son nom attirerait plus d’ennuis qu’autre chose, des fois qu’ils ne la connaissent pas.

Une idée fleurit en mon esprit, et me tira un sourire. J’avais trouvé le moyen d’attirer l’attention.

Les chaises étaient moins lourdes qu’elles ne le paraissaient, mais peu importait. Ce que je voulais, c’était du bruit, et j’en eus quand la chaise traversa la vitre du restaurant. Il ne me restait plus qu’à signaler ma présence sans me trahir non-plus, et j’avais ma petite idée sur le sujet.

On ne joue pas avec la chimère, bande d’idiots !

Sans être un cri, j’avais fait porter ma voix dans tout le restaurant. Si Ephylie était là, elle m’entendrait.
Sinon, je devrai me débarrasser des gorilles qui faisaient leur apparition, et chercher ailleurs.

Je suis désoler de t'avoir mêler a ça, et surtout que tu te soit fait mal. je te promet je te masserais le dos... ou ailleurs.

Me masser et le dos, et ailleurs tu crois que ça sera envisageable ?

Ce n’était pas parce que mon dos me faisait souffrir que je devais oublier qui j’étais. Je n’étais pas la chochotte qui se plaignait au moindre petit bobo, et ce n’était pas une douleur si intense soit-elle qui changerait mon comportement. Dared j'étais, Dared je resterais, quoi qu’il m’arrive. Et puis, Ephylie était là, libre, et tout contre moi. La passion de notre baiser suffisait à recharger mes batteries, et sa chaleur à me faire oublier mon dos.
Si Ephylie était là, tout allait pour le mieux.

Et puis, un bruit brisa notre moment, un gémissement pitoyable venant d’une personne pitoyable dans une situation pitoyable. Ma belle n’oublia pas de m’embrasser avant d’aller réclamer une vengeance qu’elle avait bien mérité. Si ce n’avait pas été elle, ça aurait été moi, alors autant qu’elle en profite.

Mon visage s’étirait en une grimace en voyant le pied de la chaise se poser sur la partie amputée. Je n’avais jamais été amputé, ni même torturé comme ça, mais j’imaginais facilement la douleur.

Alors Monsieur le grand manitou, sans ton chien de garde tu fait moins le malin... Qu'est ce qu'on dis a une jeune et gentille jeune fille qu'on a frapper alors que c'est interdis par les bonne manières ?

Je voyais l’expression de jouissance à l’idée de lui faire du mal alors qu’elle appuyait sur la chaise. Tout comme elle n’avait pas été choquée par mes meurtres, je n’étais pas choqué par sa torture. Ephylie venait de passer un inconfortable moment, il était normal qu’elle demande réparation.
C’est à ce moment-là que je réalisais à quel point nous étions pareils elle et moi, tout en étant différents. J’en venais à me demander si chaque être avait vraiment sa moitié, son « âme sœur » comme on l’appelle. Je n’avais plus aucun doute quant au fait que si une telle chose existait, il s’agirait là d’Ephylie, et pas d’une autre.

Mais cela signifiait-il que j’étais considéré comme une personne avait son âme-sœur ? Parce que dans le fond, je savais bien que Vesper aurait été choqué par cette image, même si Ephylie lui avait tapé dans l’œil à leur rencontre. Dans le fond, j’étais reconnaissant à Solène. Il se pourrait bien que si elle n’était pas revenue, et si Vesper n’était pas tombé dans ses bras, qu’il aurait tenté sa chance avec Ephylie.

* Si tu peux voir, regardes Vesper. Regardes pourquoi elle sera pour toujours à moi et pas à toi. Regardes comme une personne qui t’a fait de l’effet m’aime et me ressemble. *

Perdu dans ma réflexion, j’avais manqué une partie du dialogue, et avais même décroché un peu de la scène, scène à laquelle je me raccrochais immédiatement. Ephylie n’utilisait plus la chaise, mais le sang avait abondamment coulé de la plaie.

Vas en enfer si j'y suis petite conne.

Vous savez il parait que j'en viens...

Venue de l’enfer pour faire mon Paradis terrestre…
Le hurlement de douleur du vieillard me tira un sourire que je perdais en remarquant qu’il s’était évanouit. Ce vieux n’était décidément vraiment pas drôle, et ne savait pas faire profiter les autres.

Ma belle vint me prendre la main.

Mon chéri, je suis désoler je sais que tu as mal, mais on doit absolument partir....

Je me servais du mur pour me relever, serrant doucement sa main pour focaliser mon attention sur autre chose que la douleur. Ephylie partait déjà, mais je ne pus m’y résoudre aussi facilement. Je la ramenais à moi, l’emprisonnant dans mon étreinte d’amoureux pour partager un langoureux baiser avec elle. Ni elle ni moins n’étions indemne, et nous n’étions pas encore sortis. Mais ses bleus, ses infimes plaies, toutes ces blessures minimes que lui avaient infligées Hong Kong n’entamaient en rien sa beauté, du moins à mes yeux.

Prenant sur moi, sans lâcher sa main, je m’engageais vers la sortie. La vue des gorilles debout essayant juste de reprendre leurs esprits m’était assez désagréable étant donné que je n’étais plus en état de les combattre.
Alors j’optais pour la solution la plus simple : la distance.

Sorties de nulle part, les flammes chatouillaient, caressaient les importuns de manière à ce qu’ils essayent d’y échapper. Ce fut notre ouverture pour que je tire Ephylie tant bien que mal Ephylie direction la sortie. Il n’y avait à présent plus personne dans le restaurant, mais je ne pouvais m’empêcher un dernier petit quelque chose.

Une bouchée de poulet en bouche, je sortais avec Ephylie.