Une maison à la campagne... (Rebecca et Xander)

La maison avait l'air assez miteuse à première vue. C'était une petite bâtisse de pierre grise, ce qu'il restait d'une ferme datant du XIXème siècle. Quelques aménagements y avaient été faits. Ainsi, un petit chemin de terre battue reliait la route à l'ancienne étable, reconvertie en garage. J'y garai ma Skoda pour ne laisser aucune trace visible de ma présence. Puis j'entrai dans la maison grâce à ma clé et commençai à aménager les lieux. Le confort était assez spartiate, mais le tout restait fonctionnel. Je commençai par ouvrir la porte du bunker, dissimulée par une étagère avec des livres, qu'on ouvrait en actionnant un petit interrupteur caché derrière "La criminologie pour les débutants". Descendant au bunker, je mis en route le système de surveillance du bunker. Ce système retransmettait sur un écran les données des 24 caméras de surveillances bien dissimulées aux quatre coins de la maison. Ce dispositif permettait de savoir ce qu'il se passait à l'extérieur sans sortir de sa cachette, et même, grâce à un moniteur graveur de DVD, de tout enregistrer. Je mettrais le système d'enregistrement en route tout de suite après l'arrivée de mademoiselle Tumet. Si nous nous en sortions bien, Xander n'aurait aucune chance.
Il ne restait plus qu'à attendre mon associée. Pour passer le temps j'allai à la cuisine (elle aussi spartiate mais fonctionnelle) et fis du café.

Le GPS bippa, informant Rebecca qu'elle arrivait à destination. La petite route sinueuse et mal goudronnée avait été un véritable calvaire. Il faut aussi dire que les dernières dépenses de la libraire ne permettaient pas la rénovation des suspensions de sa vieille voiture. Elle tourna le volant, s'engageant dans un chemin terreux, et arrêta le véhicule devant une étable. Assise dans son siège, elle ferma les yeux, soupira, et s'insulta mentalement.

Mais qu'est-ce qui lui avait prit, bon sang ! Elle demandait protection, et se retrouvait à jouer les appas ! Tout ce qu'elle voulait était retrouver sa vie d'il y a deux semaines, dont la principale préoccupation était sa librairie. Si boire le soir te fait mal le lendemain, bois et tu seras guérit... Foutaises ! On ne soignait certes pas le mal par le bien, mais l'autre option n'était pas mieux ! ... Elle aurait dû fuir. Loin, très loin. S'exiler en Irlande. Le temps était certes immonde, mais les coutumes et le patrimoine compensaient largement. Du moins, elle espérait. ... Et pourquoi pas en Inde ?

Un croassement tira l'hybride de son délire. Elle déglutit et sortit de la voiture. Petite pause le temps de se demander si elle sortait ses affaires tout de suite ou non. Réflexion faite : plus tard. Son regard s'attarda sur la bâtisse qui allait l'abriter quelques temps, et elle retient une grimace. L'état de délabrement plus ou moins avancé lui faisait craindre le pire. Rebecca inspira, et se dirigea d'un pas résolu vers l'entrée. Elle s'arrêta devant la porte, hésita exactement dix minutes, puis abdiqua. Elle faisait demi tour quand la vieille porte en bois grinça et que l'inspecteur Martel apparaissait dans l'entre-bâillement.

Un nouveau virage à 90° plus tard, elle le fixait, et le salua :

"Bonjour."

J'étais heureux de voir que finalement Rebecca était venue. Pendant un moment j'avais craint qu'elle ne se débine au dernier moment. Ça aurait bien sûr été une grosse bêtise, puisque si Xander lui-même était à sa recherche elle n'aurait aucune chance de survivre seule. Je la fis entrer et l'installai dans le salon.

-Je vous attendais avec impatience, mademoiselle Tumet. Vous êtes courageuse de venir ici Tout est en place et je n'ai rien laissé qui puisse trahir ma présence ici. J'ai fait du café, vous en voulez ? Nous avons sûrement le temps pour une collation avant de commencer, ensuite je vous présenterais les lieux.

Je la sentais tendue. Sans doute avait-elle hésité plusieurs fois à faire demi-tour. Pourvu qu'elle ne me fasse pas faux-bond.

" Je vous attendais avec impatience, mademoiselle Tumet. Vous êtes courageuse de venir ici Tout est en place et je n'ai rien laissé qui puisse trahir ma présence ici. J'ai fait du café, vous en voulez ? Nous avons sûrement le temps pour une collation avant de commencer, ensuite je vous présenterais les lieux.
- Merci bien... "

Rebecca suivit l'inspecteur dans une cuisine d'une sobriété comparable au bureau de son hôte. La pièce était certes fonctionnelle, mais elle manquait de vie. Normal pour une cachette ne servant que peu. L'hybride s'assit à la table sans attendre l'invitation de Martel. Il prit une cafetière déjà rempli, et lui servit une tasse. Elle la porta à ses lèvres, et retint une grimace. Fort. Trop fort. Elle reposa aussitôt la tasse.

" Où se trouve le sucre ? Quitte à vivre quelques temps ici, autant savoir tout de suite. "

Elle se leva, et commença à fouiller dans les placards. Au bout de quelques essais, elle sortit un paquet de sucre, et revint s'assoir. Elle s'en versa un peu, touilla, et pu enfin boire le café. Elle n'appréciait pas, mais au moins elle pouvait le boire. Elle fixa Martel dans les yeux, et lui demanda :

" Et si vous me décriviez plus en détail ce que vous avez prévu ? "

-Désolé, je ne suis pas un As du café. Je ne fais pas partie des policiers qui passent leur journée avec un café et un donut. Je me rattraperais sur le dîner si vous voulez bien.
-Et si vous me décriviez plus en détail ce que vous avez prévu ?

Pour le coup, je ne la sentais plus trop emballée. Il était pourtant un peu tard pour reculer. Pourvu qu'elle ne décide pas de se débiner au dernier moment, je ne me voyais pas la retenir de force pour servir d'appât à un tueur sanguinaire.

-Bien sûr. Alors je vous explique le plan. Nous vivrons dans cette maison le temps que la proie se manifeste. Nous ne savons pas exactement combien de temps cela prendra. Nous resterons une semaine, puis partirons. Il y a sous cette maison un abri, une casemate anti-atomique renforcée. J'y resterais caché pour que personne ne se doute de ma présence, afin que la cible ne se méfie pas. Il y a un terminal connecté à des caméras dissimulées un peu partout dans la maison, grâce auxquelles je pourrais veiller sur vous. Et alors lorsque la cible arrive, je sors de ma cachette et vous courrez vous y réfugier. Moi j'arrête le bonhomme et je m'arrangerais pour qu'il ne nuise plus jamais à qui que ce soit.

Je m'étais levé et parcourais la pièce en long, en large et en travers, comme un acteur récitant une pièce de Shakespeare.

-Oui, je sais, c'est un peu tiré par les cheveux, mais ça va marcher.

"Oui, je sais, c'est un peu tiré par les cheveux, mais ça va marcher."

Rebecca bu une gorgée du café, pour se donner le temps de répondre. Elle la posa, et resta silencieuse encore un moment. Il lui fallait ordonner ses pensés. Elle finit par faire part de ses remarques à l'inspecteur :

"Je doute que ça soit aussi simple. Xander est à la tête d'une organisation. Elle compte forcément un expert en droit. Vous l'arrêterez, pour peu qu'il ne s'échappe pas, il aura forcément un procès. Sur quels motifs comptez-vous l'inculper ? Avez-vous des preuves de ses activités ? Parce que là, il ne risque - au mieux pour nous - que quelques mois de prison pour intrusion et menace contre autrui."

L'hybride inspira. Elle n'aimait pas la situation qu'elle envisageait. Mais pas du tout. Pourtant, elle continua.

"Il faut que je reste suffisamment longtemps pour qu'il essai de me tuer."

La libraire ferma les yeux. Elle venait de le dire. Et cela la terrifiait. Si il y avait bien une chose que jamais elle ne ferait, c'est s'approcher de la mort. Pourtant, elle venait de dire l'exact contraire. Inconsciemment, elle se mit à trembler.

-Je doute que ça soit aussi simple. Xander est à la tête d'une organisation. Elle compte forcément un expert en droit. Vous l'arrêterez, pour peu qu'il ne s'échappe pas, il aura forcément un procès. Sur quels motifs comptez-vous l'inculper ? Avez-vous des preuves de ses activités ? Parce que là, il ne risque - au mieux pour nous - que quelques mois de prison pour intrusion et menace contre autrui.
-C'est vrai, ça aussi je le sais, et j'ai tout prévu. Pour commencer, mon plan de base est de mettre la main sur Xander et de ne pas le laisser sortir vivant de cette maison...si vous voyez ce que je veux dire. Mais s'il venait à jouer l'anguille, comme à son habitude, je pourrais utiliser les images prises par les caméras pour le faire condamner. Évidement, je ne suis pas bête, je sais qu'il pourra faire jouer ses relations pour n'avoir qu'une peine mineure. Mais dès le moment où il sera en prison, je pourrais faire jouer mes propres relations pour qu'il lui arrive un fâcheux incident. Pour plus de sûreté, je pourrais m'occuper aussi de quelques-uns de ses amis susceptibles de le faire libérer trop tôt, vous n'avez pas besoin d'en savoir plus sur cette partie-là pour l'instant.
-Il faut que je reste suffisamment longtemps pour qu'il essai de me tuer.
-Bien sûr, mais après cela, je ne voudrais pas que vous y passiez. Ce monstre a déjà fait assez de morts comme ça. Et puis, même avec les meilleures images du monde je ne pourrais pas le faire inculper sans votre témoignage.

Aussi, si elle se faisait tuer, Xander aurait beaucoup moins de chances de s'en tirer. Au lieu de tentative de meurtre, on pourrait directement l'inculper de meurtre, et même lui coller plusieurs autres crimes dont il était de toutes façons coupable. Mais je me refusais à y penser. Non, Rebecca Tumet ne mourrait pas tant que je serais là pour la protéger, j'en faisais une affaire personnelle.

"Bien sûr, mais après cela, je ne voudrais pas que vous y passiez. Ce monstre a déjà fait assez de morts comme ça. Et puis, même avec les meilleures images du monde je ne pourrais pas le faire inculper sans votre témoignage."

Rebecca eut un sourire amer. Elle doutait un peu être aussi précieuse que l'inspecteur l'affirmait. Un meurtre était toujours plus... Percutant. Mais elle ne préférait pas s'attarder dessus. D'une gorgée qui lui arracha une quinte de toux, l'hybride termina sa tasse. Cela eut le don de recentrer son attention au plus urgent. Son regard parcouru une nouvelle fois la pièce, définitivement trop spartiate à son goût. La profusion de bibelots et de livres lui manquait déjà...

Elle se leva, prit sa tasse, et la posa dans l'évier. Puis elle se retourna vers Martel.

"Et si vous me faisiez visiter ?"

-Et si vous me faisiez visiter ?
-Mais bien sûr. Suivez-moi.

Je l'emmenai faire le tour du propriétaire. Après tout, elle allait devoir habiter les lieux pendant un moment, autant qu'elle sache s'y retrouver.

-Vous avez déjà vu la cuisine et le salon, spartiate mais fonctionnel. Il y a toutes les provisions nécessaires pour tenir une semaine.

C'étaient surtout les conserves. Je ne venais pas ici très souvent, et je ne pouvais pas me permettre d'y garder des denrées périssables.

-Ici, la salle de bains. Vous deviez aimer, la plomberie a été refaite récemment, et elle marche parfaitement. Eau chaude et eau froide à volonté.

Tout était bien propre, ce qui trahissait peut-être un certain caractère maniaque de ma part. Le placard sous l'évier contenait un grand choix de produits de toilette. La douche hydromassante était un petit luxe que je m'étais offert. J'aimais réfléchir à mes affaires sous une bonne douche. Quant à la cuvette des toilettes, rien à dire sinon qu'elle était parfaitement propre.
Je l'emmenai ensuite par le petit passage dissimulé derrière la bibliothèque et lui montrai le bunker.

-C'est ici que je me cacherais et que vous devrez vous mettre à l'abri quand Xander attaquera. Voyez les moniteurs de surveillance grâce auxquels j'aurais toujours un œil sur vous.

L'inspecteur Martel fit visiter la maison à l'hybride. En voyant voyant les lieux, elle conclu que jusqu'à ce que Xander arrive, elle n'aurait pas à se plaindre. Tout était propre. Certes un peu trop sobre, mais il s'agissait avant tout d'une planque. Pas d'un chez-soi. L'homme finit par lui montrer sa cachette. Un peu comme elle dans sa librairie, il en avait dissimulé l'entrée, bien mieux qu'elle.

"C'est ici que je me cacherais et que vous devrez vous mettre à l'abri quand Xander attaquera. Voyez les moniteurs de surveillance grâce auxquels j'aurais toujours un œil sur vous.
- Toujours ?"

Elle haussa un sourcil moqueur. Le professionnalisme de l'inspecteur l'avait un peu rassuré, et elle commençait à se détendre. Son naturel taquin revenait au galop, amplifié par ces derniers jours de stress intense. Rebecca se déplaça pour pouvoir observer les moniteurs. Effectivement, pour peut que Martel ne dorme pas devant, il ne risquait pas de manquer de repérer l'arrivée de Xander... Il aurait largement le temps de la prévenir, normalement.

"A moins que vous ayez d'autres points sur lesquels me briffer, je vais aller chercher mes affaires et m'installer."

-Toujours ?
-Pratiquement. Je ne dormirais que trois heures par nuit. De toutes façons en plus des caméras il y a un micro dans chaque pièce pour retransmettre le son. Si vous criez je vous entendrais. Par contre, évitez de trop me parler par cet intermédiaire, ça pourrait paraître si on vous surprenait à parler toute seule.

Elle semblait rassurée, tant mieux. Si elle devait passer plusieurs jours ici, autant qu'elle s'y sente à l'aise. En tout cas, pour l'instant le concept tenait la route. La jeune hybride se sentant menacée allait demander une protection policière, mais se la voyant refuser décide d'aller se cacher dans une maison de campagne en attendant que le jeu se calme. Si elle avait, comme je le lui avais demandé, dit à ses proches et voisins où elle allait, Xander ne tarderait pas à se manifester. Bien sûr, il y avait toujours la possibilité qu'il envoie un de ses hommes, mais j'en doutais. S'il avait effectivement découvert lui-même la vraie nature de Rebecca, son orgueil le pousserait à intervenir personnellement.

-A moins que vous ayez d'autres points sur lesquels me briffer, je vais aller chercher mes affaires et m'installer.
-Normalement c'est bon. Vous pouvez vous installer. Faites comme chez vous. De toutes façons c'est sensé être chez vous, il faut que ça n'ait pas l'air d'un piège. Je vais m'installer à mon poste de surveillance.

Rebecca acquiesça et alla à sa petite voiture. Elle en ouvrit le coffre et saisit un sac de voyage. Passant la bandoulière à son épaule, elle regretta avoir prit tant de livres...

O-O-O

Quatre jours plus tard

O-O-O

La libraire s'était un peu habituée à vivre dans cette maison. Confortable, ces derniers jours s'étaient déroulés tous de façon similaire. La femme passait le plus clair de son temps à lire dans le salon, assise confortablement dans un fauteuil. Le premier jour avait suffis pour qu'elle inspecte les rayonnages de la bibliothèque que l'inspecteur avait remplie et pour qu'elle sélectionne une série de livres qu'elle n'avait encore jamais lu. La criminologie s'était révélée plus attrayante qu'au premier abord, même si elle ne serait jamais le domaine de prédilection de Rebecca.

En cet après midi au temps mitigé, elle referma le livre qu'elle venait de finir et en admira la couverture. Se perdant dans la contemplation d'une couverture somme toute banale et d'un gout moyen, elle resta encore un moment sur le canapé, les yeux rivés sur l'ouvrage sans pour autant le voir.

[hrp : à toi d'intervenir Xander Wink

]

Une nouvelle mission pour le chef des chasseurs, qu'il tenait à accomplir personnellement.
Il avait enfin retrouvé la trace de cette hybride féline qui l'avait nargué au marché aux puces quelques semaines plus tôt. Un policier qui travaillait pour eux avait intercepté un dossier sur une hybride qui cherchait une protection des forces de l'ordre, protection qui lui avait été refusée. Xander, en lisant le dossier, avait reconnu l'histoire de celle qu'il cherchait. Il avait obtenu son adresse, mais elle ne s'y trouvait pas. Interrogeant les voisins grâce à son don de Vérité, il avait appris qu'elle avait pris peur et était partie à la campagne quelques temps, non loin de Paris, mais dans un endroit assez isolé pour que l'on ne vienne pas l'embêter. C'était tout du moins ce qu'elle devait penser...

Xander gara sa voiture à plusieurs centaines de mètres de l'adresse indiquée, et finit le chemin à pied. Il n'était pas venu seul : trois de ses hommes l'accompagnaient, tous vêtus de gilets pare-balles et équipés comme des commandos. Avec toutes les armes qu'ils possédaient sur eux, ils avaient de quoi faire un beau massacre, mais le chef des chasseur tenait à tuer lui-même l'hybride.

La maison était bien isolée. C'était parfait. L'un des chasseurs, grâce à sa vue intensifiée, repéra une tête féminine dépasser d'un canapé, par la fenêtre de la pièce qui devait être le salon. Xander indiqua à ses hommes d'encercler la maison, de se placer aux différentes issues, portes, fenêtres, pour empêcher une éventuelle fuite. Il leur demanda de n'intervenir que s'il se trouvait en difficulté, ce qui lui semblait peu probable. Il était sûr de son coup.

Il se dirigea discrètement vers la fenêtre du salon, et s'appuya contre le mur juste à côté. Il lui aurait suffi de sortir son revolver et de tirer une balle dans la jolie tête qui dépassait... Mais cela ne lui convenait pas. Il avait un compte personnel à régler avec elle, et comptait bien lui faire regretter ses effronteries.
Aussi sortit-il de sa veste un petit tube métallique dont il tourna la partie supérieure avant de le lancer par la fenêtre aux pieds de Rebecca. Immédiatement, une fumée acre et opaque se répandit dans la pièce. Une bonne vieille bombe lacrymogène...

Le jeu pouvait commencer.

J'étais à mon poste, comme tous les jours. La tâche était assez barbante, mais c'était une tâche importante, et j'étais capable de repousser mes limites pour les besoins d'une enquête. Je ne dormais plus que deux heures chaque nuit et buvais café sur café. Le manque de sommeil ne me gênait pas trop, la vie de policier m'avait rendu insomniaque. Passer mes journées dans une pièce sombre à fixer des écrans me faisait mal aux yeux, mais j'avais justement prévu un collyre à cet effet. Même si je larmoyais beaucoup, ma vision restait suffisamment aigüe pour me permettre de coller une balle dans la tête de Xander le moment venu. Chaque jour j'étais avec Rebecca, l'observant dans son quotidien. J'aimais beaucoup le rôle d'ange gardien qui était le mien. Bien sûr, on pourrait y voir une joie perverse à espionner la jeune femme, mais ce n'était pas ça. Je la surveillais, la protégeais, et surtout j'en apprenais beaucoup sur elle. Même si nous ne nous parlions presque jamais, j'en savais déjà plus sur elle que la plupart de ses voisins. Je connaissais ses habitudes, ses goûts culinaires, ses tics, et j'étais même aux premières loges pour voir la tête qu'elle avait le matin en se levant. Bien sûr, par souci de décence, j'avais désactivé la plupart des caméras de la salle de bains. Je n'avais laissé que celle qui était dissimulée derrière le miroir du lavabo, qui était en fait une glace sans teint.
La journée avait commencé normalement, Rebecca lisait un livre sur le canapé. Quand soudain : bris de vitre, une grenade lacrymogène roula sur le sol en lâchant son gaz. Les chasseurs étaient là.
Grâce aux caméras extérieures, je pus localiser quatre hommes. La coiffure ridicule de l'un d'entre eux trahit son identité : Xander ! Aussitôt j'attrapai le AA-12 qui dormait dans son râtelier près des moniteurs de surveillance et l'armai. J'enfilai un des masques à gaz suspendus à une patère et me plaçai près de l'escalier menant à la porte secrète. Gardant un œil sur les écrans, j'attendis le bon moment pour intervenir.

La vitre derrière Rebecca se brisa, et la pièce se remplit rapidement de fumée. Ne pouvant réprimer un sursaut qui la fit tomber du canapé, la femme écarquilla ses grands yeux bruns. Xander était là. Et bien équipé. Un violent tremblement la surprit. Le moment tant redouté arrivait. La fumée agressait ses yeux et ses poumons. Tout en toussant, elle se prit la tête entre les mains, incapable de réagir. Un autre mouvement incontrôlé lui fit agripper un éclat de verre. La douleur acheva de la réveiller. L’adrénaline envahissant ses veines et prenant possession de ses instincts la poussa à se relever. Il fallait qu’elle sorte de la pièce.

Une main devant la bouche, l’autre battant l’air enfumé devant elle, Rebecca cherchait la table. C’est là qu’elle avait déposé l’arme que lui avait offert l’inspecteur… Martel. Sa présence se rappela à la libraire. Le plan aussi. Trouver Xander. Bien se mettre devant une caméra. Et surtout : ne pas mourir. Sa main heurta enfin la table. Déjà douloureuse à cause de l’éclat de verre, le pic de souffrance qu’elle ressentit la fit lâcher un petit cri de douleur. L’hybride se fit la réflexion que si elle se mettait déjà à crier ainsi, elle était vraiment mal partie… Pourtant, elle se saisit du revolver sans plus attendre, et le glissa dans la poche de sa tunique. Très pratique d’accès, elle pourrait s’en saisir rapidement.

Une fois armée, Rebecca ne perdit pas de temps et sortit dans le couloir, pour fuir la fumée si agressive du salon. Une silhouette tout de noir vêtue et à la coupe aisément identifiable pour qui avait déjà croisé son propriétaire se profila à l’autre bout, venant de l’entrée. Prise une nouvelle fois de panique, la femme fuit dans l’autre direction, et se retrouva dans la cuisine, pièce attenante au salon. Le bruit que Rebecca faisait du indiquer à Xander où aller. Affolée, cette dernière se cala dos à la porte reliant les deux pièces, le révolver pointé en direction de la porte du couloir, qui n’était pas correctement fermée.

Tandis que la fumée âcre emplissait la pièce, Xander entendit l'hybride bouger et pousser un petit cri. Il songea qu'elle n'oserait pas passer par la fenêtre puisque c'était de là que venait l'attaque. Il fit donc le tour pour entrer dans la maison. Arrivé dans un couloir, il vit une silhouette repartir dans l'autre sens. Elle avait dû le voir arriver. Malheureusement pour elle, elle était loin d'être discrète, et il put aisément deviner où elle se trouvait grâce au bruit de ses pas.
Il avança donc et se retrouva devant une porte entrouverte. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle n'était pas retournée dans le salon empli de fumée, et n'avait pas pris soin de refermer la porte derrière elle. Une proie bien trop facile à traquer.

Il prit un peu de recul pour donner un grand coup de pied dans la porte. Il arriva alors dans une cuisine et repéra sa cible, à l'autre bout de la pièce, qui pointait un revolver vers lui. D'un simple geste de la main, il fit voler l'arme par télékinésie : elle s'échappa des mains de Rebecca et atterrit dans la sienne. Il l'observa avant de dire avec un sourire mauvais :

Joli joujou. Tu n'espérais tout de même pas m'avoir avec ça ?

Il enleva le chargeur du pistolet et l'envoya valser au loin, puis jeta l'arme à terre, derrière lui. Elle ne lui servait à rien, il avait suffisamment de matériel sur lui, et d'autres ressources en réserve...
Joignant les deux mains paume contre paume, il les tendit vers l'hybride pour tester son pouvoir de martyr et voir sa résistance à la douleur...

[ hrp : rappel :Martyr : fait ressentir à la victime une douleur extrême dans tout le corps, comme si tout l'être se compressait contre lui-même, comme écrasé. C'est un pouvoir psychique, la douleur n'est pas réelle, dans le sens où le corps ne subit aucun dommage, mais l'esprit est persuadé que la souffrance est réelle. ]

La scène que me retransmettaient les écrans était piteuse. Xander était entré, avait arraché des mains de Rebecca son revolver grâce à un pouvoir incroyable, puis en avait vidé le barillet aux quatre coins de la pièce. Et maintenant, le voilà qui pointait ses deux mains vers elle de façon étrange. L'hybride se tordait avait sur le visage une expression de souffrance atroce. Ce type débarquait avec toute son armada pour s'occuper d'une jeune femme seule, et il en profitait pour la torturer par je ne sais quelle façon, sans même la toucher. Ce type était un monstre, il fallait que je l'arrête. Mon poing écrasa la commande d'ouverture et la porte secrète se déverouilla avec un sifflement pneumatique. Aussitôt je m'engouffrai à l'extérieur. Heureusement, mon masque m'empêcha de souffrir des effets de la fumée (du gaz lacrymogène, sans doute). Je vis Xander penché sur ma petite protégée. M'approchant de lui, je surpris un des chasseurs qui regardait par une des fenêtres éventrées, lui aussi me vit. Aussitôt, trois cartouches de chevrotines tirées presque simultanément le crucifièrent contre un arbre du jardin. Xander était devant moi. J'avais follement envie de lui vider les 21 cartouches restantes de mon chargeur dans le ventre, mais il fallait d'abord que je fasse bonne figure devant les caméras pour montrer ma bonne volonté aux juges. Le principe du "Souriez, vous êtes filmé !".

-Xander ! Laissez-la ! Vous êtes en état d'arrestation ! Levez les mains en l'air ! TOUT DE SUITE ! beuglai-je pour me faire entendre malgré mon masque à gaz, le fusil braqué sur le chef des chasseurs.

Les mains tremblantes, Rebecca sursauta quand la porte fut ouverte d’un coup de pied par Xander. Malgré toute sa bonne volonté, elle se retrouva paralysée. Le prêtre se dressait devant elle, armé lui aussi. D’un geste, le pistolet que tenait l’hybride lui fut arraché. Les mains toujours tendues devant elle, ses yeux s’ouvrirent à un point qu’elle n’avait jamais pu imaginer. Xander rattrapa l’arme à feu, et d’un geste expert, fit tomber le chargeur à terre. Son visage ressemblait à celui du diable :

« Joli joujou. Tu n'espérais tout de même pas m'avoir avec ça ?
- A vrai dire… Non. » lui répondit la voix à la fois ironique et tremblante de l’hybride.

Rebecca ne revenait pas de son audace. Elle allait mourir. Pourquoi fanfaronnait-elle ?! Jamais elle n’avait été de ces casse-cous qui se sacrifiaient et avant de passer de l’autre côté, faisaient des actions si extraordinaires qu’ils devenaient des héros. Sa propre vie comptait avant tout. Les yeux toujours écarquillés, elle fixait Xander. Ses jambes étaient devenues pierre. Impuissante à s’enfuir, elle le fixa joindre ses mains, comme une prière à Dieu, et les tendre vers elle…

Black out.

La rencontre de son corps avec le sol lui fit reprendre conscience. Douleur. L’air autour d’elle était vicié par la fumée de la pièce attenante. Il brulait ses poumons. Le carrelage datait, et était devenu râpeux. Il lui écorchait la peau. Ses mains enserraient sa tête. Ses ongles trop longs blessaient son crâne et ses longs doigts fins tiraient ses cheveux. Ses grands yeux se révulsaient. Elle hurlait à s’en déchirer les cordes vocales.

Et inconsciemment, elle se transformait. Une queue poussait et disparaissait. Son nez s’empâtait avant de redevenir semblable à celui d’un lutin. Ses oreilles changeaient sans arrêt de position, de taille et de pilosité. Elle devenait plus ou moins sensible à la lumière. Dans son monde se souffrances, elle vit la silhouette de Xander s’avancer vers elle, et se pencher.

« Xander ! Laissez-la ! Vous êtes en état d'arrestation ! Levez les mains en l'air ! TOUT DE SUITE ! »

La voix de l’inspecteur lui vrilla les oreilles, qu’elle avait pointues et recouvertes de poils noirs.

Black out.

L'hybride tomba au sol, et enfouit sa tête dans ses mains.
Elle tremblait.
Elle se mit à hurler.
De ces hurlements de douleurs qui ravissaient Xander au plus haut point.
Puis elle commença à changer. Une queue. Des oreilles pointues. Un museau. Des poils.
Les changements étaient totalement incontrôlés, partiels et brefs, le corps et l'esprit de l'hybride étaient perdus dans la douleur.

Doucement, dans un geste ralenti pour savourer chaque instant de sa victoire, Xander posa la main sur l'une des armes à feu qu'il portait sur lui, empoigna la crosse, pointa le canon sur l'hybride, pressa son index sur la détente qui commença à reculer...

Trois coups de feu, suffisamment forts pour détourner son attention.
Le chasseur leva les yeux, alerté. L'un de ses hommes venait de tirer probablement, l'hybride ne devait pas être seule, il y avait d'autres êtres dans la maison... Il contacta rapidement ses hommes grâce à son oreillette avec micro intégré, deux répondirent, un silence radio pour le troisième.

Une voix hurla derrière lui, curieusement assourdie. Une voix qui évoquait des procédures policières.
Le chasseur se retourna et vit un homme dans l'encadrement de la porte, le visage recouvert d'un masque à gaz, un fusil braqué sur lui. Avec ce masque il ne pouvait pas l'identifier, ni déterminer sa race. Ce pouvait être n'importe qui. Et s'il s'agissait vraiment d'un flic, mieux valait ne pas faire d'histoires.

Xander leva les mains au-dessus de sa tête, mais sans lâcher son revolver dont le canon était à présent pointé vers le plafond. Il chuchota un message rapide à ses hommes leur demandant de rappliquer en vitesse, puis s'adressa à haute voix à l'homme qui le tenait en joue :

A qui ai-je l'honneur ?

La pauvre Rebecca se tordait de douleur en se transformant de façon totalement anarchique quand Xander leva enfin les mains, mais sans lâcher son revolver. Il était con ou quoi ?!

-A qui ai-je l'honneur ?
-POLICE ! Jetez votre arme tout de suite ou je tire !

Tout en braquant mon fusil sur lui je gardai un œil derrière la tête. J'avais repéré trois autres chasseurs avec les caméras, l'un d'eux se vidait de son sang dans le jardin, il devait donc en rester deux prêts à en découdre. Le AA-12 était un fusil d'une puissance inouïe, mais également très bruyant. Le bruit de cet engin était si effrayant que l'ennemi pouvait faire dans son froc rien qu'en l'entendant résonner à proximité. Par contre, il en faudrait sans doute plus aux chasseurs pour souiller leurs caleçons, et ils ne tarderaient sûrement pas à rappliquer. Armé lourdement, équipé d'un bon gilet pare-balles, j'aurais sans doute ma chance face à eux, mais il serait difficile de surveiller Xander tout en les massacrant. Je devais donc me dépêcher de neutraliser ce sale type.

-Allez ! Grouille-toi ! Si tu ne jette pas tout de suite ton flingue je te jure que je repeins le mur avec ta tête !

Après tout, le but était tout de même de le conduire à sa mort, le flinguer tout de suite ne serait que plus rapide. Je n'aurais pas l'opportunité de le faire coffrer de façon légale, mais à quoi bon si je me faisais descendre avant de le voir mourir ?
Je pris d'une main les menottes accrochées à ma ceinture et m'approchai du chasseur avec précautions.

Black out.

Rebecca gambadait en pleine forêt. Ses souliers vernis brillaient aux rayons du soleil. Joyeusement, elle sauta au-dessus d'une énorme racine. Cela fit voler le jupon bleu de sa robe. La femme-enfant gloussa. Elle fit un nouveau pas, et se retrouva au pied d'un grand arbre, dans un coin sombre de la forêt. Surprise, elle regarda les environs, cherchant une sortie. C'est là qu'un chat violet à rayures roses apparu. Il fixait la libraire d'un air malicieux. Ses oreilles, longues, se terminant par un petit panache noir, s'agitèrent. Il semblait sourire. Mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Ébahie, elle ne pu que le contempler se fondre dans le décor, son sourire restant suspendu dans les airs...

Black out.

Rebecca était assise au bout d'une immense table. Cette dernière, recouverte d'une nappe orange et rose, ne tenait que grâce à la pile de livre remplaçant le pied manquant. De nombreuses tasses, tellières, coupelles, assiettes, pots à confiture, cuillères, pots à sucre, pots à miel, corbeilles remplies de sconses, carafes d'eau bouillante, de lait, encombraient la table. A l'autre bout, un chapeau haut de forme, en velour vert, miteux, une carte coincée dans le ruban enserrant la base du chapeau, bougeait. Rebecca supposait qu'un homme se trouvait en dessous, mais elle ne pouvait le voir. Un lièvre s'approcha. Roux, grisonnant, une cravate verte autour du coup, il se rapprochait en titubant. La tasse de thé dans sa main était ébréchée. Au poil de sa poitrine était attaché une plaque avec un nom dessus. Frédéric Martel.

Black out.

"Coupez-lui la têêêêêêêête !"

Rebecca fuyait, slalomant parmi les flamants roses. Des cartes lui courraient après. Au loin, un travesti à la coupe afro continuait de beugler...

Black out.

[hrp : bref vous l'aurez compris, Becca est inconsciente, et rêve.]

Xander arrêta l'utilisation de son pouvoir psychologique sur l'hybride qui était de toute façon inconsciente. Pour le moment, tous ses sens étaient focalisés sur le flic qui braquait sur lui un gros fusil, et lui demanda de jeter son arme.
Le chasseur ne réagit pas immédiatement. Il était gêné par le masque à gaz qui l'empêchait de voir les yeux du flic, et donc de déterminer sa race et ses pensées. S'il s'agissait d'un hybride il n'aurait aucun scrupule à le neutraliser, mais il était plus probable que son adversaire soit un simple humain, auquel cas il valait mieux éviter de le tuer... sans raison valable en tout cas.

Le flic se mit à le tutoyer et à le menacer. Pas très conventionnelle comme méthode, de vouloir tirer une balle dans la tête d'un suspect...
L'homme s'avança, exhibant des menottes, probablement dans l'intention de lui passer aux poignets. Alors Xander lança son revolver derrière lui, et dans un prolongement du geste il envoya valser les menottes au loin, par télékinésie.

Du calme... Nul besoin de se montrer agressif. Vous n'avez rien contre moi.

Il fronça les sourcils. L'homme ne pouvait pas l'entendre, mais la voix de l'un de ses chasseurs résonna dans son oreillette, une voix paniquée qui annonçait que Gracq était mort, de trois impacts dans le ventre.
Ainsi donc, ce flic avait déjà pris les devants en tuant de sang-froid l'un de ses hommes.
Xander recula un peu, fixant le masque à gaz à défaut de pouvoir regarder son ennemi dans les yeux.

Vous n'avez aucun fait, aucune preuve pour m'arrêter. Observez cette créature - il désigna Rebecca - et vous constaterez qu'elle n'a aucune blessure physique. Alors que vous, vous avez déjà du sang sur les mains.

L'homme jeta son arme, et simultanément les menottes me furent arrachées des mains pour atterrir dans un coin de la pièce. J'avais déjà des doutes sur les fameux pouvoirs paranormaux des chasseurs, mais cette fois j'en avait la confirmation. Il serait difficile d'en apporter la preuve devant un jury, mais comme ça au moins j'en savais plus sur mon ennemi.

-Du calme... Nul besoin de se montrer agressif. Vous n'avez rien contre moi.

Sans quitter Xander de la gueule de mon fusil à pompe, je reculai pour ramasser les menottes. Au moindre coup de cils de travers, sa tête serait éventrée par une décharge de chevrotine. Je ramassai les bracelets argentés et revins à mon suspect.

-Vous n'avez aucun fait, aucune preuve pour m'arrêter. Observez cette créature et vous constaterez qu'elle n'a aucune blessure physique. Alors que vous, vous avez déjà du sang sur les mains.
-Ne me prends pas pour un con ! J'ai bien vu ton truc de télékinésie. Et même sans ça, violation de domicile, attaque à main armée, tu es bon pour passer de belles vacances à l'ombre. Pas la peine de chercher à nier, quand on vient armé avec plusieurs acolytes eux aussi armés et qu'on entre en défonçant la fenêtre, c'est rarement pour une visite de courtoisie.

Cette fois-ci je lui menottai directement les poignets dans le dos sans lui laisser le temps de me faire perdre encore l'outil. Il y avait encore deux extrémistes religieux armés qui se promenaient dans la propriété et qui n'hésiteraient sans doute pas à tirer sur un flic. Mon gilet était assez épais pour arrêter les tirs d'arme lourde, mais il ne protégeait que mon torse et mon dos. Il fallait que je surveille le suspect tout en gardant un œil derrière la tête. Je n'avais pas peur de mourir, si je me faisais tuer ici Xander filerait droit en taule, mais je préférais être encore là pour le voir. Je pris mon téléphone portable et appuyai sur la touche où était préenregistré le numéro permettant aux policiers en intervention de demander des renforts immédiats.

-J'écoute. dit le standardiste
-Inspecteur Martel, demande de renforts immédiats, suis en présence de plusieurs hommes armés.

Je donnai l'adresse de la maison. Il ne faudrait pas plus de quinze minutes aux renforts pour arriver sirènes hurlantes. Restait à tenir mes positions pendant tout un quart d'heure.

-Rebecca ? Réveillez-vous ! Et toi, face contre terre !

Black out.

Rebecca fuyait. Les cartes allaient l'attraper ! Et elle entendait des voix. Des murmures. De plus en plus distincts. Des paroles d'hommes, au teindre grave. Une odeur de fumée acre lui parvenait maintenant. Pourtant, rien ne brûlait dans le jardin du château de cœur !

"Rebecca ?"

Black out.

"Réveillez-vous ! Et toi, face contre terre !"

La femme sursauta. Dans un réflexe, elle se retrouva à quatre pattes, la fine ligne de fourrure recouvrant son dos hérissée, de même que ses cheveux et la queue en panache. Ses babines se retroussèrent, dévoilant des crocs. Elle tenta d'enfoncer ses griffes dans le sol, mais le carrelage de la cuisine l'en empêcha. Puis elle se rendit compte de sa posture. Sans qu'elle ne sache comment, elle s'était transformée en hybride. L'odeur de la fumée agressa ses narines. Les résidus de fumée irritaient ses yeux. Alors qu'elle reprenait sa forme humaine pour épargner ses sens, elle observa la scène devant elle.

Xander était tenu en joue par l'inspecteur Martel. Menotté, il ne pouvait plus faire grand chose de ses mains. Mais le reste... Rebecca se souvenait avoir croisé son regard avant que... Que la douleur ne vienne. Elle se recroquevilla derrière la silhouette rassurante de Frédéric, la tête entre ses mains. Elle ne se souvenait de rien d'autre après... Après la douleur. Elle devait s'être évanouie. Du moins elle supposait.

Son corps lui rappelait la torture qu'elle avait subis. Les courbatures tiraillaient ses muscles au moindre mouvement. Et un marteau-piqueur lui vrillait la tête. Toute cette douleur la faisait se tendre à un point tel qu'elle se faisait mal elle-même. Elle était consciente qu'il lui fallait se détendre. Mais entre théorie et pratique, le fossé lui semblait insurmontable.

Le flic ne lâcha pas Xander du regard, même pour ramasser les menottes. Il le tenait toujours en joue, au niveau de la tête bien sûr, l'endroit le plus vulnérable, et même si le prêtre avait les capacités de renforcer son corps, il n'avait jamais testé la résistance aux balles dans la tête, et ne tenait pas à commencer aujourd'hui.
Que ce flic l'arrête si cela lui faisait plaisir, il savait qu'il pourrait très bien s'en sortir via des magouilles politiques, tandis que son adversaire risquait gros pour avoir descendu un homme de sang froid.
Le tout était de ne pas faire déraper plus la situation.

Xander répondit aux insultes et paroles agressives par un léger sourire, très calme. Il se laissa faire quand il lui passa les menottes, présentant de lui-même ses mains derrière son dos.

Vous m'auriez laissé plus de temps, vous auriez eu de vraies raisons de m'inculper. Mais si ça vous amuse, arrêtez-moi. J'attends avec impatience le moment où vous expliquerez au juge que j'attaque les gens avec des pouvoirs surnaturels comme les super-héros.

Si l'existence des hybrides et des vampires avait été révélée depuis longtemps, ces races avaient fait attention à ne pas dévoiler qu'ils avaient des dons particuliers. Et quand bien même cela se saurait, les chasseurs étaient un cas à part, considérés par tous comme des humains, alors qu'ils étaient en réalité bien plus que cela.

Xander était menotté, il ne pouvait plus passer de messages par l'oreillette... En revanche il lui restait la télépathie, bien utile également. Il envoya un message mental à ses deux hommes restants, leur demandant de repartir, en laissant le corps derrière eux.
Le policier demanda des renforts par téléphone, en dévoilant enfin son identité. Le chasseur eut un petit rire méprisant, et dit :

Inspecteur Martel, bien sûr ! J'aurais dû m'en douter. Vous êtes plus intelligent que vous n'en avez l'air.

* Puis Martel essaya de réveiller l'hybride et ordonna à Xander de se mettre face contre terre. Ce à quoi il répondit, comme un adulte expliquerait à un enfant : *

Voyons, n'exagérez pas, je coopère suffisamment.
Vous devriez enlever votre masque à présent que je sais qui vous êtes. Le gaz s'est dissipé, et ce n'est pas très poli de se cacher.

[ hrp : si tu essaies de le forcer à se coucher, notes juste que tu essaies, parce qu'il va résister. faut pas pousser non plus ^^ ]

» Rebecca Tumet
» une nouvelle vie ? [ Rebecca et Elizabeth]
» L'école est finie (PV Rebecca)
» Le marché aux puces printanier [Rebecca]
» Le droit chemin (pv Xander)