Posséder ... [Bobby]

Etait ce par ce que c'était chez lui qu'elle avait vue la brochure qu'elle avait songé qu'en venait ici, elle pourrait l'oublier plus facilement ? Ce qui était totalement stupide… En venant ici, elle pensait forcement à lui.

Cela faisait la troisième fois qu'elle payait l'entrée au musée, pour voir et revoir les bijoux de tel ou tel chevalier, de tel ou tel noble de l'histoire de son pays natal. Une nostalgie amère et douce à la fois, se rependait en dans tout son être à la vue de ses objets qui la renouait à son passé, à ces racines. Combien de fois avait-elle effleuré douloureusement la vitrine qui protégé les objets de valeur ?

Elle avait déjà les plans, la position de toutes les caméras, les horaires de rondes, les passages à prendre pour une fuite rapide. Mais allait-elle commettre véritablement ce vol ? Allait-elle réussir à se séparer le l'objet comme elle faisait toujours lorsqu'une semaine après, elle rendait l'œuvre dérobée ?

Elle en doutait fortement. Ses objets l'attiraient comme si ils pouvaient lui rendre sa nature perdue, comme si son passé y était dissimulé, comme si ils avaient toujours été à elle.

*Je commence a perdre la tête…*

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait cette triste constatation. Les contacts humains, lui manquaient, et elle rejetait son manque sur ses objets… Voler, pour posséder, l'histoire d'une semaine ce que personne ne pouvait posséder…
Ils avaient leur famille, ils avaient leurs amis… Ne pouvant avoir ni l'un ni l'autre, elle se surpasser pour avoir des créations de valeur… Comme ça pouvait compenser.

Il était 14h00, la salle était plutôt bien rempli, et Nelïya fixait des diadèmes de ses hautes dames avec un intérêt gorgé d'envi…

Et si elle était née à une autre époque, aurait elle été une princesse ?

Pourquoi était-il venu ? Pour voir les bijoux ? Ce serait la meilleure, lui qui n’attachait pas de grande importance aux biens matériels. La simple vue du ciel nocturne était plus plaisante pour lui que ces objets hors de prix parce que telle ou telle personne de haut rang l’avait déjà porté. D’accord, le travail était admirable. Mais se donner tant de mal et vendre si cher une chose qui n’a aucune autre utilité que de « faire joli »… Il trouvait ça limite exaspérant. Mais peut-être était-ce aussi parce que la femme de son père avait une parure différente pour chaque heure de la journée… Et son idiot de père qui cédait à chacun de ses caprices…
Mais sur un point, son père ne le décevait pas. Sa fortune ne lui était pas montée à la tête. Il avait la même simple montre d’avant que son chiffre d’affaires devienne colossal, s’habillait classe, certes, mais pas hors de prix, n’avait pas de grosses bagues aux doigts ni le cigare à la bouche… Même la grande propriété vers Bourges, ainsi que toutes les villas secondaires n’avaient étés que caprices de l’affreuse belle-mère. Se faire raconter que sa mère était comme son père et lui, qu’elle aimait les plaisirs simples, n’avait fait que renforcer sa haine pour cette nouvelle mère, et naître un sentiment de déception vis-à-vis de son père. Aujourd’hui encore, il se demandait ce qu’il avait trouvé chez cette femme superficielle, et ce qui faisait qu’il la laissait jeter l’argent par les fenêtres.

Bob se fit bousculer, mais il rassura la jeune femme désolée d’un signe de tête en lui disant que ce n’était rien. Ça aussi, il n’aimait pas vraiment. D’autant qu’elle n’avait accordée aucune attention à l’autre jeune homme lui aussi bousculé. Jeune homme qui, a en voir son regard vers la maladroite alors qu’elle s’en allait les joues empourprées, aurait aimé un peu d’attention d’elle. Plongeant les mains dans ses poches, baissant légèrement la tête et avec un soupir, Bob se remit en marche. Il passait plus ou moins inaperçu, ou plutôt se faisait moins remarquer sans son long manteau. Certains jaloux disaient de lui qu’il était un vampire, avec son attitude froide et ses vêtements sombres… Quelle blague… On ne peut ressembler à une créature mythique, puisqu’elle n’est pas réelle.
Fin de la parenthèse.
Donc, Bob s’était habillé plus sobrement. Jeans bleus, blouson noir ouvert laissant voir une partie d’un T-shirt blanc très légèrement serré. Mais si sa tenue avait changée, c’était aussi le cas de son expression. Son air détaché s’était mué en air préoccupé. Il pensait à elle. Trop, et trop souvent. Et essayer de l’oublier ne faisait qu’empirer les choses. En se réveillant, s’étant endormi environ une heure après son départ, il avait essayé de se convaincre que ce n’avait été rien d’autre qu’un rêve. Mais il y avait toujours le goût de ses lèvres, et son odeur. Alors il avait aéré, et un repas avait suffit pour faire disparaître ce goût. Le journal à la publicité s’était retrouvé à la poubelle, et il avait essayé de passer à autre chose. Pendant plusieurs jours, il n’avait fait que rester cloîtré chez lui, à enchaîner jeux, films et livres pour s’occuper l’esprit, et surtout ne pas dormir. Parce que son image le hantait, jusque dans ses rêves.

Alors, il avait décidé de venir à cette stupide exposition, parce que c’était le seul endroit dont il avait connaissance où il soupçonnait pouvoir la trouver. Mais il y allait en espérant ne pas l’y trouver. Peut-être que savoir que le dernier indice qu’elle lui avait laissé, intentionnellement ou non, ne menait à rien l’aiderait à tourner la page.

Tout ça pour une malheureuse nuit… Si seulement il avait fermé la fenêtre correctement… Et d’un autre côté, il était heureux de l’avoir vue.

* Fox… Pourquoi es-tu venue chez moi… ? *

Et là, il s’arrêta. Droit devant lui, à quelques mètres seulement, elle était là. Il ne l’avait pas vue avant avec la tête baissée, mais maintenant qu’il avait relevé la tête il ne savait plus quoi faire. Alors il fit mine de rien, regardant avec désintérêt un des bijoux, une simple excuse pour ne pas la fixer sans s’en aller.

Plongé dans ses pensées, Nelïya rêvait à une autre vie. Comme à chaque fois… Elle savait que le moindre de nos gestes pouvaient avoir des conséquences insoupçonnées sur le futur. Si elle n'était jamais montée dans la voiture de James, serait-il devenu son meilleur ami ? Si elle avait rendu sa baffe à Ian serait-il revenu s'excuser ? Si elle avait déclenchée l'alarme 5 minutes plutôt, aurait-elle finit dans la chambre de Robin ?

La vie était décidément un tissage dont le fil le plus fin pouvait changer le motif entier…

Quelle décision aurait-elle dût prendre pour que sa vie soit autre chose que le squelette illusoire de bonheur que son existence avait reveut ?

Tristement, ses yeux se détournèrent des diadèmes. Elle n'était pas née pour être une reine, ou une princesse… C'était ainsi, cloitrée dans ce corps juvénile, elle n'espérait plus la moindre ascension professionnelle. Elle était une gamine aux yeux du monde, et son rôle ne s'élevait jamais plus haut que celui qu'elle endossait aujourd'hui.

Triste fin pour une femme dont les rêves étaient aussi grands que son cœur… Mais après tout, son cœur ne rétrécissait pas jours après jours ? Ses rêves ne finiront donc par en faire de même… Et un fois qu'elle serait connue comme la chapardeuse de Paris, une balle dans la tête mettraient fin à son ennuie et vie sans but.

Ses prunelles se déposèrent alors sur un bijou qu'elle n'avait jamais vu dans cette exposition, mais incroyablement familier. "Il" était là… A trois mètres à peine… Discret, et presque invisible dans cette foule, mais elle ne voyait que lui. Comme si le reste n'était que flou, et la mise au point faite sur lui…

*Qu'est ce qu'il fait là lui ?!*

Question stupide, n'était ce pas chez lui qu'elle avait vu la brochure ?
Que faire ? Semblant de ne pas le voir, et fuir encore une fois… Fuir, elle avait l'impression de ne faire que ça de ses années en trop qu'on lui avait imposé…

L'avait-il vue ? Il baissait les yeux …
Lui en voulait-il ? Il n'était pas venu la saluer …
L'avait oublié ? Elle n'avait pas réussit elle…

Fragilisée par cette vision soudaine, la jeune femme était restée figée. Vêtue aujourd'hui, non de noir mais d'une sweet gris et d'un jean délavé, elle n'avait plus rien d'une voleuse. Elle portait son déguisement d'humaine, de fille sans histoire. D'une simplicité presque choquante au sein de cette exposition qui montrait des parures si complexes.

Fallait-elle qu'elle aille le voir pour lui exposer les raisons de son départ ?

*lâche …*

Songea-t-elle en baissant la tête, alors qu'elle commençait à s'éclipser dans l'autre pièce.

Elle le regardait, il le sentait jusqu’au plus profond de lui-même. Pourtant, il restait comme un idiot concentré sur ce bijou dont il se foutait royalement – et c’était le cas de le dire, sans mauvais jeu de mot. Il avait beau de répéter intérieurement de lever les yeux, de la regarder aussi, il n’y arrivait pas. Il devait avoir l’air pathétique… quoiqu’en fait, non. Il avait simplement l’air de quelqu’un observant quelque chose en silence. Mais ce bijou sous ses yeux, il avait envie de le briser. Dans sa poche, son poing se serra. Ce foutu bijou lui servait d’excuse pour se défiler devant elle, et ça ne lui plaisait pas du tout !
Il commençait à bouillir de l’intérieur. Pourquoi ressentait-il ça ? Pourquoi c’était si compliqué d’oser la regarder alors qu’il ne pensait qu’à elle ?
Et comment avait-elle réussi à lui faire ressentir ça ?

* Regardes-la ! *

Il tourna finalement la tête vers elle, alors qu’elle commençait à s’en aller la tête baissée. Se faisant toutes sortes de reproches, il cherchait quoi faire. La laisser partir encore une fois ? Rien que d’y penser, et de repenser à ce que le bruit de la porte de refermant derrière elle lui avait fait, il écarta cette idée. Non, il devait aller la voir. Pour lui dire quoi, il ne savait pas. Mais il fallait qu’il la voie au moins…

Quelques rapides et silencieuses enjambées, et il lui prit gentiment la main. C’était à moitié comme un petit garçon prendrait la main d’une petite fille, mais aussi comme un prince prendrait la main de sa princesse. Ça combinait la timidité et la découverte d’une sensation attirant le petit garçon vers la petite fille, ainsi que la… grâce ? du prince allant chercher sa princesse.

- Restes…

Le mot, le tutoiement en plus, était sorti tout seul, un quart de seconde après qu’il lui ait pris la main, main qu’il tenait à la fois assez doucement pour ne pas lui faire mal, mais assez fort pour la retenir, sans pour autant qu’elle se sente prisonnière. Si elle le voulait vraiment, il était aisé de retirer sa main. Mais il espérait de tout cœur qu’elle ne cherche pas à s’enfuir. Il avait envie qu’elle le regarde, que leurs yeux se croisent. Il voulait la prendre dans ses bras, lui caresser la joue, frôler ses lèvres… Mais il n’en fit rien. Il attendait simplement qu’elle le regarde.
Dans sa tête, des tonnes de phrases s’enchaînaient les unes après les autres. « Tu m’as manquée », « J’ai pensé à toi », et encore d’autres du même acabit.

- … Je ne veux pas te laisser partir comme la dernière fois…

Son ton laissait paraître un peu de tristesse, même si son expression restait parfaitement neutre. Mais tout se passait au fond de ses yeux de glace…

"Restes…"

La vampire s'était stoppée nette dans sa fuite … Figée de nouveau, elle lui tournait le dos, seule la main qu'il avait prise, la retenait.

Contact doux et ferme à la fois, il l'avait suspendue dans sa détermination, immiscé le doute dans ses plus intimes convictions…

" Je ne veux pas te laisser partir comme la dernière fois"

*Alors ne me lâche pas* Se surpris-t-elle a penser. Elle savait une chose; s'il brisait le contact, si elle continuait à refuser de le regarder, elle partirait pour de bon. Loin cette fois, et elle ne reviendrait jamais. Elle l'effacerait de sa mémoire, comme on nettoie un simple tableau, et la vie reprendrait son court dans le lit de la solitude…

Sa respiration lui semblait plus bruyante que jamais, et son cœur tambourinait une véritable fanfare à lui seul. Autour d'elle, tout s'effaça, il ne restait plus qu'elle, lui, et le contact fragile de leurs mains liées.
Elle voulait partir… Non elle devait partir. Ce n'était pas raisonnable. Ce n'était qu'un rêve impossible. Il fallait ouvrir les yeux. Elle avait bien fait de partir. Il n'y aurait jamais rien entre eux. Il ne devait jamais rien avoir entre eux…

Pourtant, plus les raisons de briser ce lien se bousculaient dans sa tête, plus elle resserrait sa main dans celle de Robin. Geste désespéré dont elle n'avait même conscience.

Lentement, elle pivota vers lui… Ses yeux caressèrent leurs deux mains liées… Sa main accrochée à une autre, liée comme elle ne l'avait pas était depuis trop d'année… Et finalement ses prunelles rencontrèrent celle du garçon qui dans tout son courage comme dans sa timidité l'avait retenu.

Le plus dur fut de constater la sincérité de ses paroles dans son regard de glace… Que faire ? Partir ? Impossible… Elle ne pouvait supporter l'idée d'éteindre l'étincelle qui brillait dans le regard de Robin…

Ses lèvres s'ouvrir, mais aucuns sons n'en sortit. Les mots ne venaient pas. Elle devait lui faire comprendre… Mais comment le faire sans lui dévoiler toute la vérité ?

Lui dire qu'elle était une vampire. Il le fallait. Qu'il comprenne…

Il fuirait, et ce serait une bonne chose. Puisqu'il avait trouvé le moyen de la retenir, de ne plus la faire fuir, c'était lui qui devait partir, lui qu'elle devait faire fuir…

Mais l'idée qu'il puise passer du désir au dégout, la répugnait… Il voulait d'elle. Elle existait pour lui. Elle n’était pas un monstre pour lui.

Son pouce caressa le dos de la main de Robin, et son regard se fit douloureux…

-Je …

Par où commencer ?

Elle déglutit… Elle soupira…

-Il faut que je te montre quelque chose …

Dit-elle enfin. Le "vous" était passé au "tu" spontanément. Elle était folle… Qu'était-elle en train de faire… Elle agissait trop vite. Il fallait se montrer sans cœur. Pour les protéger tout les deux. Mais elle n'en avait pas la force… Qui aurait pu l'avoir face au regard qu'il avait posé sur elle…
Fermement, elle resserra sa main dans la sienne et l'entraina dehors, se faufilant dans la foule, sans le lâcher une seul seconde… Puis une fois arrivée au grand air, elle marmonna.

-Faut prendre le métro … tu as des tickets ?

A son grand soulagement, elle s’était arrêtée, et ne semblait pas décider de partir. Le temps s’arrêtait autour d’eux, comme une bulle se formant. Comme si ils étaient dans un monde à part, et qu’ils étaient invisibles aux yeux des passants. Qui se souciait d’un homme et une femme se donnant la main, à part, de temps en temps, une jalouse ou deux ?
L’hybride sentait la main de Fox se resserrer sur la sienne. Dans d’autres circonstances, il aurait appréhendé ceci, ou alors, un peu plus tôt, en aurait été heureux. Mais il n’y prêtait pas attention. Ce qui l’intéressait, ce sur quoi il était concentré, c’était son visage.

* Regardes-moi… *

Il ressentit un grand soulagement quand elle pivota lentement vers lui. Il suivit son regard, et constata enfin avec une esquisse de sourire qu’elle le tenait maintenant plus que lui ne la tenait. Et puis, il croisa ses yeux. Ces yeux qui l’avaient hanté, ces yeux qu’il cherchait dans chaque visage depuis leur rencontre. Ces yeux qui lui donnaient des envies de tendresse comme jamais auparavant il n’en avait ressenti.

Elle voulait dire quelque chose, à en croire sa bouche s’ouvrant. Pourtant, il n’entendit rien. Mais cela n’avait aucune importance. Il sentait à présent une caresse sur sa main, celle qui tenait la main de celle qui hantait ses pensées. Il s’en trouvait incroyablement apaisé, et ne prit pas la peine de regarder ce qu’il identifiait comme le pouce caresser le dos de sa main. Il fixait son visage. Il était exactement comme dans son souvenir, au moindre détail près.

« Je … »

Elle semblait aussi à l’aise que lui. Ils iraient loin… Elle déglutit, et, accompagné à son soupir, ça lui donna l’envie de la prendre dans ses bras. Mais il n’en fit rien, se contentant d’attendre la suite.

« Il faut que je te montre quelque chose … »

Elle resserra encore sa main dans la sienne, et il la suivit dehors. Il évitait avec aisance des gens qu’il ne voyait même pas. Ces gens qui s’émerveillaient devant des bijoux avec pour simple valeur une valeur matérielle, ou qui grognaient en se rendant compte des estimations du prix de ces bijoux. Ou encore, d’autres, qui auraient à tout prix voulu ne serait-ce que la plus petite de ces bagues.

Ils sortirent enfin, et Bob oublia déjà ce qu’il y avait à l’intérieur. Il savait uniquement ce qui venait d’en sortir, la chose qu’il voulait, la personne qui représentait déjà tellement pour lui… Elle.

Pas un instant, il ne pensa à ce qu’elle voulait lui montrer. Ce qui comptait, c’était qu’elle était là, avec lui, et qu’ils se donnaient la main. Ce n’était sûrement pas une bonne chose pour lui, que quelqu’un ait enfoncé avec une telle aisance et si rapidement ses défenses, mais il s’en moquait. Sur le moment, en tout cas. Lui seul savait à quel point il s’était reproché de l’avoir laissée se rendre presque indispensable.

« Faut prendre le métro … tu as des tickets ? »

Il la regarda longuement, puis secoua doucement la tête. Prendre le métro, il le faisait de temps en temps. Mais la proximité avec tant de monde le gênant, il évitait un maximum. Alors des tickets, il en avait, mais chez lui.
Cependant, il savait comment régler ce problème.

- Viens avec moi.

Il suivit le trottoir et arriva à une place où étaient garées plusieurs mobylettes, et autres scooters. Mais ce qui tapait dans l’œil quand on regardait tous ces véhicules, c’était, au bout, une magnifique moto bleue foncée, avec, accrochée au guidon, un casque tout noir ne laissant pas voir à l’intérieur. C’était vers cette moto qu’il l’entraîna, en sortant les clefs.

- Ça devrait faire l’affaire aussi, non ? dit-il en tendant le casque à Fox.

C’était un casque simple, et pourtant très esthétique et particulièrement confortable. Il était aussi très résistant. Malheureusement, il n’en avait qu’un. Alors, s’installant sur sa moto, il mit des lunettes de soleil. Elles n’assuraient pas la sécurité d’un casque, mais au moins lui permettaient de ne pas être gêné par le souffle du vent.

- Tu me guides ?

Ne comprenant pas ou il voulait en venir, la jeune vampire n'eut d'autre choix que de s'exécuter. Il la guida alors sur le parking, et plus spécialement celui réservé aux deux roues.

Elle se demanda pourquoi elle fut surprise de le voir l'amener prés d'une sublime moto… C'était tout à fait le genre de truc qu'un mec comme lui devait avoir… Un fugace sentiment de jalousie la traversa quand elle songea à la pauvre mobylette qui lui avait déjà couté trois mois de salaire…

Machinalement, elle attrapa le casque, mais lorsqu'elle constata qu'il n'en avait qu'un, son geste se suspendit. Son regard se fit désapprobateur, et elle déclara d'un ton mordant.

-Si on se fait shooté par une bagnole et que ta cervelle gicle, je piocherais dans ton héritage pour me repayer la tenue que ta matière grise aura baptisée !

Façon détournée de lui dire de faire attention… Le casque visé sur les épaules dans un geste qui montrait que ce n'était pas la première fois qu'elle en enfilé un, elle grimpa derrière lui.
Ses bras trouvèrent instinctivement la pression adéquate à appliquer autour de sa taille, pour ne pas le serrer, mais assurer une prise suffisante.

Il fit démarrer la bécane qui rugissait comme un dragon, et fusait comme le plus bel étalon. Nelïya aurait mentit de dire qu'elle n'avait pas aimé la balade… Elle en oubliait presque le but de cette sortie…
Mais finalement, c'est sans éclat de cervelle qu'ils arrivèrent à bon port, le quartier du combat, 19ème, et plus précisément dans la rue où la jeune femme avait son F2.

-Garde toi là…

Elle était totalement folle. Elle allait lui donner l'occasion de savoir où était sa "tanière". Lui donner le moyen de revenir quand il en aurait envie… Son plan était totalement débile… Elle voulait le dégouter, le rejetait, et comment s'y prenait-elle ? En l'accueillant dans sa demeure.
Un jour il faudrait qu'elle apprenne à faire les choses dans la logique…

En attendant, elle ôta son casque, et après avoir mit pied à terre, elle marcha vers son immeuble. Sans soucier que Robin était sur ses talons, elle composa le code secret de l'accueil, et entra. Agile et habituée, elle grimpa quatre à quatre les marches qui menaient à son appartement, situé au troisième étage, elle glissa sa clé dans la serrure, et s'engouffra dans son petit abri, qui était loin d'avoir le luxe de celui de Robin…

« Si on se fait shooté par une bagnole et que ta cervelle gicle, je piocherais dans ton héritage pour me repayer la tenue que ta matière grise aura baptisée ! »

Bob laissa échapper un ricanement. Qu’est-ce qu’elle dirait en voyant sa conduite ? L’hybride n’était pas vraiment le genre de type à conduire sagement. Il avait toujours eu une maîtrise totale de son bolide, et ne s’en servait pas toujours à bon escient. Il était de ceux après qui les automobilistes gueulaient pour être passé trop vite et trop près de leur véhicule.
Et aussi étrange que ça puisse paraître, il avait déjà eu un accident, mais pas en conduisant par lui-même. En creusant un peu, il était aisé de penser que sa conduite visait à répéter l’accident. La seule question à laquelle il fallait répondre avec cette argumentation, c’était pourquoi ? Il ne pouvait pas se sentir seul au point de ne pas craindre la mort… Pire encore ! D’aller la chercher… si ?

Il ferma une fraction de seconde les yeux quand elle enroula ses bras autour de sa taille. C’était agréable…

Il enfila des gants en cuir comme faits pour ses mains, et fit démarrer sa moto. Dire qu’il en avait trop fait était exagéré. Il avait simplement rendu le démarrage légèrement plus impressionnant. Et ils étaient partis.

Si un homme conduit généralement comme un fou en présence d’une femme pour l’impressionner, ce ne fut pas le cas de Bob. Bon, il conduisait plus dangereusement que tous les véhicules qu’ils passaient, mais le Berruyer, ayant plus que sa vie sur les épaules, se refusait à conduire comme à son habitude. Ainsi, cette conduite aurait pu émerveiller les spectateurs, faire monter l’adrénaline à un novice, mais pour quiconque l’avait déjà vu conduire, la seule remarque qui aurait pu en ressortir aurait été « Peut mieux faire ».

Suivant ses instructions, tout en notant exactement le nom des rues dans un coin de sa tête, Bob se gara au pied d’un immeuble. Le temps de retirer ses lunettes, de regarder autour de lui et il constata qu’il était déjà venu ici. Là, Fox n’eut plus l’air de se soucier de lui. Il arrêta le moteur, mit pied à terre, et la suivit en silence. Tout à fait par hasard, il vit le mouvement de ses doigts sur le digicode. Fermant les yeux pour remettre les chiffres à leur place, en passant devant, il retenta le code. Apparemment, ça marchait. Il sourire étira le coin de ses lèvres.

Le moins qu’on puisse dire, c’était que la comparaison avec l’oiseau était bonne. Elle semblait s’envoler dans les marches. Sauf que lui était vraiment un oiseau, et il n’eut presque pas de mal à la suivre. Il la rejoignit quand elle entrait la clé dans la serrure, et, Fox n’ayant pas l’air de vouloir lui dire d’entrer, il osa prendre lui-même l’initiative.

Nelïya, caressa du regard ce décors pitoyable qu'était son logis, puis elle fit volte face et planta son regard sans management dans celui du garçon qui avait tenu la cadence et se trouver sur le pas de la porte.

-Entres, c'est ça que je voulais te montrer… Dit-elle simplement en s'avançant pour lui laisser la place de regarder le peu qu'il y avait à voir.

-Regardes, voilà les seuls choses que je possède… Même pas la place pour un chien… Tu disais de moi que j'étais libre. Tu avais raison… Je suis libre, car il ne me reste plus que ma liberté… C'est la seule chose qu'on ne m'a pas arraché. Je n'ai plus de passé, et je n'aurais jamais de futur. C'est ainsi, et il n'en sera jamais autrement… Tu m'as demandé de rester … Soit, mais laisse moi te demander de ne plus revenir. Si je suis partie la première fois, si j'ai renoncé à ce que j'aurais pu te prendre, ne pense tu pas que c'était pour de bonne raison ? Il n'y a rien ici à protéger de toi. Alors, demande-toi ce qui pourrait pousser une femme comme moi, à renoncer à te prendre.

Ajouta-t-elle d'une voix vibrante.

-Aimer m'est interdis… Et non parce que je suis une courtisane et toi un artiste …

D'accord, elle l'avouait, une fois rentré chez elle la première chose qu'elle avait fait, avait été de louer "moulin rouge".

-Nos deux mondes sont bien plus aux antipodes que ce que tu ne pourras jamais imaginer… Alors maintenant, oublis moi. J'en ferais de même pour toi. Et nos vies s'en porteront mieux.

Clôtura-t-elle d'une voix froide.

« Entres, c'est ça que je voulais te montrer… »

Bob soutint le regard de Fox jusqu’à ce qu’elle le laisse avancer. Alors, il observa la pièce. C’était à la fois ressemblant et différent de chez lui. Différent, parce que tout était très réduit, mais ressemblant par l’absence de choses inutiles. Bon, lui avait un peu plus de choses, mais elles avaient toutes une utilité. Et il était très loin d’être un collectionneur.

« Regardes, voilà les seuls choses que je possède… Même pas la place pour un chien… Tu disais de moi que j'étais libre. Tu avais raison… Je suis libre, car il ne me reste plus que ma liberté… C'est la seule chose qu'on ne m'a pas arraché. Je n'ai plus de passé, et je n'aurais jamais de futur. C'est ainsi, et il n'en sera jamais autrement… Tu m'as demandé de rester … Soit, mais laisse moi te demander de ne plus revenir. Si je suis partie la première fois, si j'ai renoncé à ce que j'aurais pu te prendre, ne pense tu pas que c'était pour de bonne raison ? Il n'y a rien ici à protéger de toi. Alors, demande-toi ce qui pourrait pousser une femme comme moi, à renoncer à te prendre. »

Robin, qui était resté silencieux pendant tout son discours, assimilant chaque mot, décida de le lui demander au lieu de se le demander, continuant d’observer la pièce.

- Et qu’est-ce qui pourrait pousser une femme comme toi à renoncer à me prendre ?

C’était un ton tellement neutre qu’il en était triste. C’était à la limite entre la constatation et la question, alors qu’il lui tournait toujours le dos.

« Aimer m'est interdis… Et non parce que je suis une courtisane et toi un artiste … »

Bob ferma les yeux. Qu’allait-il répondre à ça ? Prolonger la référence au film favori de sa mère, en lui disant que tout ce dont elle avait besoin, c’était de l’amour ? Ce à quoi elle répondrait que l’amour n’est qu’un peu, et il partirait dans le Medley en disant qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, jusqu’à ce qu’elle se laisse séduire par son « Je t’aimerai toujours » ? C’était tentant…
Mais déjà vu.

« Nos deux mondes sont bien plus aux antipodes que ce que tu ne pourras jamais imaginer… Alors maintenant, oublis moi. J'en ferais de même pour toi. Et nos vies s'en porteront mieux. »

- Ma vie ne s’est jamais bien portée…

La remarque avait fusée à peine Fox avait-elle fini sa phrase. Il se retourna, et l’observa dans les yeux.

- Que veux-tu me montrer, avec tout ça ? Que tu n’as rien ? Que tu es une victime de la société, ou je ne sais quelle autre connerie ?

Certes, il s’emportait un peu. Il en tremblait, parce qu’il ne comprenait pas.

- Tu dis que tu n’as plus que ta liberté. Mais moi, qu’est-ce que tu crois que j’ai ? De l’argent ? De belles possessions ? Tout vient de mon père. Mais soit. Tout ça, je le laisse, ça ne m’intéresse pas. Et là, je me retrouve vraiment sans rien…

Il fit un pas vers elle, continuant :

- Et maintenant ? Tu penses que je suis un gosse de riche ? Que j’ai été élevé dans la facilité ? J’ai un père qui accède à toutes mes demandes, d’accord. Mais je ne suis même pas capable de lui faire confiance. Tu dis qu’on t’a tout pris, et qu’il ne te reste plus que ta liberté. Moi, on m’a tout donné, sauf ce dont j’avais besoin. De l’affection et de l’intérêt, voilà ce que je n’ai jamais eu. Pardon, de l’intérêt, on m’en a accordé. Enfin, on en a accordé pour ce que je représentais, pas pour ce que j’étais, et c’est toujours le cas. Et avec ça, de l’argent dont je n’ai que faire, et de la haine et de la jalousie à n’en plus finir, voilà tout ce que j’ai eu.
Tu dis que nos mondes sont antipodes…

Il était à présent tout près, assez près pour glisser délicatement ses bras autour d’elle, pour chercher un peu de réconfort. Ce geste l'apaisa, et il finit sa phrase par un chuchotement.

- … Mais tu es le seul monde que mes yeux voient à l’horizon…

Jean Jacques Goldman avait décidément raison …

Comme un fil entre l'autre et l'un
Invisible, il pose ses liens
Dans les méandres des inconscients
Il se promène impunément
[…]

Il s'invite quand on ne l'attend pas
Quand on y croit, il s'enfuit déjà
Frère qui un jour y goûta
Jamais plus tu ne guériras

Il nous laisse vide
Et plus mort que vivant
C'est lui qui décide
On ne fait que semblant
Lui, choisit ses tours
Et ses va et ses vient
Ainsi fait l'amour
Et l'on n'y peut rien
[…]

Elle l'avait tellement redouté… Tellement fuit… Qu'elle avait finit par tomber dans ses bras. Au détour d'une fenêtre mal fermée…


Incrédule elle constata qu'il s'était assez rapproché pour qu'il ait entouré sa taille d'un bras. Comment ce faisait-il qu'elle ne le remarquait que maintenant. Son regard fait de glace un seconde plutôt se retrouvait voilé d'une lueur troublée…

-Mais … Non ! On ne se connaît pas… Tu ne sais rien de moi … Ne dit pas de telles choses … Ca n'a pas de sens ! Ca n'a aucun sens !!

Elle se sentait aussi vulnérable qu'un oisillon chassé du nid. Ou avait été l'erreur ? Toutes ses barrières étaient pourtant dressées, alors pourquoi ne pas le repousser, pourquoi sa main venait de s'égarer contre le torse de robin pour en attraper un pli de son T-shirt, pourquoi sa tête s'était échouée au creux de son cou ?

-Tu n'avais pas le droit … Pas le droit de me dire ça …Je n'ai rien a t'offrir … Tu n'as rien à m'offrir. Va-t-en, tant qu'il en était encore temps … S'il te plait … Please … Please … Leave me alone !!

Suppliât-elle dans sa langue maternelle. N'ayant plus la force de le repousser, n'ayant que celle de le désirer il ne lui rester qu'à supplier que les choses agissent dans le sens de la raison et non de la passion… Douze années d'errance et de solitude bien gardée ne pouvaient pas se briser si facilement ! Comment pouvait-elle désirer le garder ? Elle ne savait rien de lui, si ce n'est que son prénom. Tout aurait du être plus simple … Il veut la garder, elle le rejette, et il s'en va. Voilà ce qui aurait du se passer… Alors pourquoi s'était elle échouée dans ses bras ? Pourquoi désirer qu'il reste …

-I hate you … Murmura-t-elle, rageuse de sa proper faiblesse

« Mais … Non ! On ne se connaît pas… Tu ne sais rien de moi … Ne dit pas de telles choses … Ca n'a pas de sens ! Ca n'a aucun sens !! »

Il sentait la main de Fox se refermer sur son T-shirt, et son souffle dans son cou. Se penchant sur son oreille, il se contenta de souffler.

- Ma vie non-plus n’a pas de sens. Toi seule peut lui en donner…

« Tu n'avais pas le droit … Pas le droit de me dire ça …Je n'ai rien a t'offrir … Tu n'as rien à m'offrir. Va-t-en, tant qu'il en était encore temps … S'il te plait … Please … Please … Leave me alone !! »

Oh, comme elle se trompait en lui disant qu’elle n’avait rien à lui offrir. Bien au contraire, elle avait plus à lui offrir que n’importe qui d’autre jusqu’à présent. Quant au fait qu’il la laisse, même s’il l’avait voulu, et c’était mentir que de dire qu’il ne l’avait pas voulu, il n’en avait pas la force. Et, alors qu’elle désirait qu’il la laisse, il ne fit que l’entourer de son autre bras.

« I hate you … »

- So do I…

Ce qu’il se demandait, en rapport avec son chuchotement, c’était pour qui il l’avait dit. Est-ce qu’il se haïssait de ne pas pouvoir faire ce qu’elle voulait, ou bien la haïssait-il de lui avoir fait prendre conscience de l’ampleur de sa solitude, de l’avoir fait réaliser que, si elle le laissait, il sentirait un vide bien plus important que jamais ?
Un vide impossible à combler…

- Never knew… I could feel like this… It’s like I’ve never seen the sky… before…

Et, lentement, il se pencha sur ses lèvres pour les goûter avec une tendresse infinie, tandis que dans sa tête résonnait la suite de la chanson.

* I want to vanish inside you kiss, every day I’m loving you more and more… *

Alors, c’était vrai… Il aimait une femme pour la première fois. Pour la première fois, il aimait vraiment. Et cette fois-ci, ce n’était pas un souvenir, ni une vision. Et ce n’était pas le même amour.

* Renard, ne fais pas de moi ton corbeau. Je n’en ai pas l’allure, et je ne sais pas ce qui pourrait arriver si tu me roulais… *

Comment pouvait-il en être si sur ? Elle n'était qu'une ombre pour lui … Quand il saurait, quand il apprendrait, ce qu'elle était… Partirait-il ? La rejetterait-il ? Elle ne voulait pas le savoir…

Seul lui importait de céder à l'imprudence, et à la douceur qui lui offrait. Depuis combien de temps n'avait-elle pas été la bienvenue dans les bras d'un homme ? Si on excluait les câlineries fraternelles et paternelles, c'était la première ...

Pour une deuxième fois, leurs lèvres s'effleurèrent. Un baiser désiré, un baiser partagé. S'offrant entière et timidement à l'ivresse de l'instant, elle répondit à la délicatesse de ses lèvres déjà goutée mais pour la première fois savourée.

Et lorsque trop vite à son gout le baiser prit fin, encore étourdie par l'intensité craintive mais ardente des battements de son cœur, elle fit dévier son regard à la recherche celui de Robin… Et elle se surprit elle même à continuer d'une voix juste et douce :

-I want to vanish inside you kiss, every day …..

Son chant mourut avant la fin du couplet.

-Désolé, je ne me souviens plus de la fin...

Avoua-t-elle d'un regard d'excuse. Aimer ? Ce verbe si vague et si précis … Elle n'osait le prononcer, ni même y penser. Tout cela était bien trop rapide pour elle. Le charme du l'humain ne l'a laissait pas indifférente, et dans sa passion naissante elle en oubliait presque le fossé qui les séparait.
Et s'il était un vampire … Comme elle ? Aussi puissante que soit sa méfiance envers ses semblables, elle se mit à désirer qu'il en soit un. Qu'ils soient du même sang, de la même race, et que le temps ne soit plus un obstacle.

Il sentait un changement en elle. Elle était moins distante, comme si elle avait cédée. Il en fut certain quand il la sentit répondre à son baiser, trouvant la sensation d’un baiser partagé exquise. Il resserra l’étreinte de son bras autour d’elle, laissant son autre main glisser pour aller se refermer dans celle de la jeune femme. Il se sentait tellement bien qu’il en aurait fermé les yeux s’ils n’avaient pas été captivés par ceux de Fox.

« I want to vanish inside you kiss, every day ….. Désolé, je ne me souviens plus de la fin... »

Un petit sourire vint étirer le bord de ses lèvres, le genre de sourire que l’on lui voyait très rarement. Elle avait une très belle voix, et l’entendre chanter était un pur plaisir. La douceur de sa voix était comme du miel, et il en était déçu qu’elle ne sache pas la suite. Ça ne faisait que mettre fin à ce moment de bonheur pour ses oreilles.

Il fut difficile de savoir si c’était lui qui était venu, ou s’il l’avait attirée. Toujours était-il qu’ils étaient à présent blottis l’un contre l’autre, à tel point qu’il sentait les battements du cœur de celle qui donnait à présent une raison au sien de battre. Caressant la main de la jeune femme de la sienne, il reprit la chanson :

- … every day I’m loving you more and more…

Lui-même n’aurait jamais cru pouvoir chanter aussi sincèrement une chanson. Il n’aurait pas non-plus cru pouvoir se sentir si bien dans les bras de qui que ce soit, et encore moins dans ceux d’une femme. Mais ce n’était pas n’importe quelle femme, pas pour lui.

- Listen to my heart, can you hear it sing ? Telling me to give you everything… Seasons may change, winter to spring…

Mais là, Bob ne put se résoudre à chanter cette partie. Je t’aimerai jusqu’à la fin des temps, c’était impossible pour lui. Il aurait fallu être éternel, et il ne se savait pas ce luxe. D’accord, dans sa famille ils avaient le mérite de mourir vieux – la plupart étant morts centenaires – mais l’éternité, ce n’était pas une chose à prendre à la légère. Et lui qui trouvait déjà sa vie bien longue du haut de ses vingt-quatre années d’existence, si l’éternité était, comme on le disait « longue, surtout vers la fin », il aurait du mal.
Quoique, avec elle…

* Un peu de lucidité, Bob. Tu sais que c’est impossible. *

Et voilà la scène. Deux personnes presque inconnues l’une à l’autre, et pourtant déjà tellement proches, blottis l’une contre l’autre, les joues en contact, main dans la main. Celui qui avait tout sauf ce qu’il voulait et celle qui se débrouillait pour l’avoir, le riche et la moins riche, Robin et Fox.
Fox…

- Fox… Ça ne doit pas être ton vrai prénom. Tu ne veux pas qu’on se présente vraiment ?
Donc moi je suis Robin. Robin Mauniet, fils unique de François Mauniet.

Si, dans le Berry, ce nom était en général connu, monsieur Mauniet étant le PDG le plus fortuné de la région, il doutait que Fox le connaisse. Et quand bien même elle avait entendue parler de lui, ou vue une photo de lui, les chances qu’elle ait pu deviner qu’il soit son fils étaient très faibles. Premièrement parce que François était du genre à différencier du mieux qu’il pouvait vie privée et vie publique, et aussi parce que les deux hommes n’avaient aucune ressemblance physique, si ce n’était pour les yeux et légèrement les cheveux. François Mauniet était un petit homme blond, aux cheveux coupés très courts, à lunettes derrière lesquelles les yeux de glace que son fils lui avait empruntés se voyaient, même si ceux-là avaient une lueur tout à fait différente. Bob, lui avait pris les traits de visage de sa mère, une très belle femme aux cheveux d’ébène et aux yeux d’émeraude qui s’était éprise d’une jeune étudiant à lunettes parfois victime des moqueries de ses camarades qui, pour certains, finiraient par travailler pour « le binoclard ».
Tout ça pour dire que, contrairement à sa belle-mère, la mère de Robin avait été à la fois jolie et gentille, et nullement intéressée par un argent qui n’existait même pas à l’époque.

- Et toi ? Quel prénom peut avoir une si belle créature ? continua-t-il en chassant une mèche blanche du visage de « Fox » et en en profitant pour lui caresser la joue.

La réalité revenait doucement les cueillir alors que Nelïya prenait conscience du contact qui les unissait. Sa main se trouvait dans celle de Robin, et s'était sans la moindre hésitation que leurs paumes et leurs doigts s'étaient s'entremêler comme pour se retenir…


"Créature", le mot était si bien choisit que la jeune femme en réprima un frisson. Le terrain devenait glissant et elle s'y sentait déjà déraper. Il voudrait forcement en savoir plus sur elle, et elle lui en dire le moins possible. Mentir était presque devenue une seconde nature, et c'est presque tristement qu'elle réalisa qu'elle n'avait pas du tout l'intention de lui délivrer la moindre part de vérité… Elle fabriquerait une histoire, comme on monte un château de sable… Et qu'importe les conséquences, tout ce rêve aura prit fin avant qu'elles n'arrivent.
Il était le "fils de", cela faisait de lui un humain. Les vampires n'étaient pas "des fils de". Peut être était il un hybride, ou même un chasseur, mais au fond qu'est ce que cela changeait-il ?

-Mon véritable prénom est Nelïya. Lui céda-t-elle avec la crainte que des questions plus personnelles ne viennent s'ajouter à celle-ci. Et je ne suis fille de personne… Ajouta-t-elle non sans un certain sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses parents qui l'avaient jadis élevé, éduqué et même si cela avait été de façon étrange, aimé…

*Je viens de faire la pire connerie de ma vie…*

Ce qui n'était pas peu dire… Mais finalement, elle n'arrivait à en tirer la crainte qu'elle aurait du ressentir. Désirant oublier plus qu'autre choses ces contraintes qui reviendraient forcement trop vite, elle déroba une nouvelle fois les lèvres de garçon, pour replonger dans le rêve, pour qu'il ne pose plus de question. Et l'espace d'un instant encore tout semble facile.

« Mon véritable prénom est Nelïya. »

Bob se répéta son nom plusieurs fois dans sa tête. Nelïya… Il s’attendait à ce genre de nom de sa part. Il trouvait ça très joli. Ça lui allait comme un gant. Et en même temps, c’était assez inhabituel comme nom. Mais la situation en elle-même était inhabituelle, tout comme les sensations qu’il ressentait. Jamais il n’aurait imaginé que le contact avec une autre main puisse être si agréable. Jamais il n’aurait imaginé se retrouver dans les bras de quelqu’un comme ça, lui qui ne serrait même pas la main de son père. Il sentait son cœur battre, leurs cœurs.

« Et je ne suis fille de personne… »

Bob ne comprit pas tout à fait ce qu’elle voulait dire par là, mais, à vrai dire, il avait bien trop peur de briser le moment en demandant. D’autant que les lèvres de Nelïya vinrent l’empêcher de dire quoi que ce soit en emprisonnant les siennes. S’il avait maintes fois été exposé à ce genre de contact, la sensation qu’il en retirait avec elle était toute nouvelle. Et il adorait ça ! Il s’y abandonna totalement, ses murailles s’étant effondrées. Il prolongea le baiser un moment, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il devait aussi respirer. Alors, à contrecœur, il rompit le lien unissant leur lèvres, tout en restant tout près.
Tentant de calmer sa respiration tout comme les battements son cœur, il réussit à souffler :

- Alors "personne" t'a affublée d'un très joli nom.

Il commençait à vouloir en savoir plus sur elle. Pourquoi "personne" ? Qu'on le veuille ou non, on est forcément l'enfant de quelqu'un. Mais il sentait qu'elle ne lui en parlerait pas si facilement, elle qui semblait déjà avoir du mal comme ça.

- Nelïya... Fox ?

Ça aurait été étonnant, mais pourquoi pas ? Elle pouvait très bien lui avoir donnée son nom de famille, comme le font certaines personnes.

- Tu ne préférerais pas qu'on s'installe ?

[ J'ai un peu changé mon post pour t'aider. Ça évitera de revenir sur le nom plus tard, et ça devrait te donner plus d'idées que l'ancien x) ]

La curieuse façon dont il venait d'exposer la chose, fit naitre un sourire aux lèvres de la jeune vampire. Elle songea avec nostalgie et avec un certain amusement à la tête que sa mère aurait pu tirer en l'entendant la qualifier de "personne". Elle qui avait toujours irradié par sa présence, dévoré la moindre parcelle d'attention qu'on était susceptible de lui donner, la voilà rétrogradé au rang de "personne".

-Merci, Dit elle. Pas d'avoir dit que c'était un jolie prénom, mais d'avoir passé sur l'originalité de celui-ci. Compléta-t-elle. Des deux enfants FOX avait eut la chance de tomber sur le prénom le plus facile à porter, son frère ayant eut le droit à "Zacharito", ne pouvait pas en dire de même. Etre la progéniture d'une égocentriste se paye il fallait bien le croire. Calypso Fox avait toujours mit un point d'honneur à ce que ses enfants ne s'appellent pas comme tout le monde… Et aussi handicapant que cela pouvait être, l'originalité du prénom de Nelïya était ce à quoi elle tenait le plus. Par de nombreuse fois, elle avait du changer de prénom, pour garder un anonymat, mais au bout de tout, elle en revenait toujours à "Nelïya"


-Non, Nelïya Renard. La version rosbif était juste plus classe… Improvisa-t-elle avec un talent qui aurait réduit Jean Reno au rang d'acteur de fête de primaire.


-S'installer ? Pour quoi faire ? Je te rappelle que je t'ai amené ici dans l'unique but de te virer ensuite… Mais bon, faut croire que je ne me débarrasserais pas de toi comme ça… Voyons voir si en te droguant ça marche mieux… Tu veux boire quoi ? J'ai pas d'alcool, je te préviens tout de suite.

Nelïya pouvait chérir sa capacité d'adaptation. Si il avait réussit à enfoncer si aisément ses barrières, elle venait de reprendre toute sa tête, ou du moins une bonne partie. Pas question qu'elle fonde comme glace au soleil sous son regard de glace. Remontant en selle, elle affichait un air serein, malicieux et sauvage pour lequel elle ne se forçait même pas.
Souplement, elle pivota vers la cuisine pour y disparaître. Profitant de ce bref instant se solitude, elle relâcha la pression. Elle connaissait le jeu dangereux auquel elle allait s'adonner... les fausses notes ne lui étaient pas permises...

-Jus de pomme, jus d'orange ou eau du robinet. Énuméra-t-elle, en ouvrant un placard et en prenant deux verres avec délicatesse L'un deux lui échappa pourtant des mains et éclata à ses pieds.

-SHIT ! Jura-t-elle en se penchant pour ramasser le verre, elle constata alors que sa main tremblait légèrement... Son assurance n'était bien qu'une façade... Quelle que chose vobrait de peur en elle ...