A la recherche d'un vieux vampire. [Raphaël]

Après un léger détour par le Midnight, Raven s'était rendue en vitesse, et de pied ferme, à l'orée du bois de Boulogne. Le barman avait bien voulu lui apprendre dans quel endroit se trouvait Raphaël. Et il devenait impératif qu'elle le trouve.
En guise de premier reflexe, elle leva la tête pour observer la cime des arbres. Leurs feuilles immenses surplombaient le ciel et cachaient la lune. Une atmosphère inquiétante.

Malgré tout, elle s'engouffra dans le bois sans hésiter. On n'y voyait pas grand chose. Une symphonie de bruits en tout genre résonnait sur les troncs, des pas d'animaux nocturnes, au virevoltement d'une feuille tombée d'un arbre. Le tout accompagné d'une légère brise annonçant bientôt la fin de cette saison. Une main posée sur le pommeau de son katana, prête à dégainer, Raven s'enfonçait un peu plus dans les noirceurs ténébreuses de la forêt, sur le qui-vive, prête à bondir sur la moindre ombre suspecte.

Malgré son angoisse, elle réussit à émettre quelques mots, appelant :

- Raphaël ? ... Est-ce que vous êtes là ? ... Raphaël ???

Puis soudain, silence. Elle s'arrêta, et attendit, regardant tout autour d'elle, comme pour le chercher alors qu'elle n'était pas sûre qu'il soit encore présent dans le bois. Patience.

Raven fut d'abord surprise par le passage d'un loup au pelage gris, qui manqua pour peu de la percuter dans course qui semblait être... Une fuite ?
Elle jeta un coup d'oeil vers la direction d'où il venait, comme pour tenter de comprendre ce qui l'effrayait ainsi, mais également pour parer une éventuelle attaque dont elle pourrait devenir malencontreusement la victime. Mais rien ne semblait sortir d'entre les arbres.

Tout s'était passé en quelques secondes. Et la jeune rousse décida de prendre le loup gris en poursuite. Par instinct ou par curiosité, qui sait ce qui guida réellement ses actes à cet instant précis. Après quelques minutes de course, elle finit par retrouver le loup gris, qui n'était désormais plus seul. Celui-ci se livrait à un combat féroce avec un autre loup, au pelage noir. Elle resta à l'écart, les observant sans ne savoir quoi faire.

Puis elle remarqua un détail. La couleur des yeux du canidé aux poils ébènes tirait dans les tons dorés. Ce genre de regard aux couleurs d'or lui parlait. On aurait dit les yeux d'un vampire. Est-ce que les vampires avaient la capacité de se transformer en loups ? Elle l'ignorait totalement.
Néanmoins, dans un élan de folie, alors que les deux bêtes s'apprêtaient de nouveau à bondir l'une sur l'autre, Raven s'interposa entre les deux, les paumes dirigées vers chacune d'elle. Elle cria :

- STOP !!

Et de fait, sa télékinésie opéra presque automatiquement. Sans savoir si elle vivait là ces derniers instants, puisqu'elle n'osait pas regarder si son pouvoir avait eu un quelconque effet en dépit de sa grande force, l'ex chasseuse ferma les yeux, et pour la première fois depuis longtemps, elle se prit à prier pour sa survie.

Les deux loups s'arrêtèrent net, comme stoppés par une force invisible et mystique. Ce qui était en fait le cas. Le loup gris commença à couiner, son expression faciale évoquait clairement la peur. Quant au loup noir, il lança un regard haineux à la chasseuse et recommença à grogner.
Raven put alors entendre une voix résonner dans son esprit. C'était une voix masculine, énervée, qui exhorta :

* Reste en dehors de ça ! *

Chose à noter : si le loup gris avait clairement des marques de blessures et saignait à divers endroits, il n'en était rien du loup noir, qui n'avait aucune blessure apparente.

Si elle écarquilla les yeux en entendant cette voix grave dans sa tête lui ordonner de ne pas de mêler de cette histoire, elle ne défit pas sa force attractive des deux loups pour autant. Pour le coup, elle aurait juré perdre la raison. Un loup qui parle, comme dans le Petit Chaperon Rouge...
Elle secoua la tête pour retrouver contenance, et son regard vira vers le loup gris, déjà en mauvais état, et retourna sur le loup noir, intact.

Une amertume au fond la gorge, et beaucoup d'hésitation. Comme inquiète, et ne voyant pas quoi faire d'autre pour le moment, elle appela l'animal au pelage corbeau à retrouver la raison, alors qu'elle pensait elle-même perdre la tête :

- Il est déjà bien mal en point, n'est-ce pas suffisant ?!

Sans jeter un seul regard à son adversaire quadrupède, le loup noir répondit, toujours par la pensée :

* Il va bien. *

Le ton était toujours dur et empreint d'énervement, mais il semblait y croire.
Quant au loup gris, il cessa de couiner. Il avait en fait essayé de se libérer physiquement de l'emprise de la télékinésie, et abandonnait pour le moment, décidant d'agir autrement. L'espace d'un instant, son corps devint comme transparent, on pouvait littéralement voir au travers. Devenant intangible, la télékinésie ne fonctionna plus sur lui. Il redevint opaque et tangible, et s'avança d'un simple pas vers Raven, en lui aboyant dessus en signe de protestation.
A ce moment, de nouveau le loup noir envoya un message mental à la chasseuse :

* Écarte-toi et laisse-nous finir, si tu ne veux pas te prendre des dégâts. *

La voix étant cette fois un peu plus calme, Raven put reconnaître la voix de Raphaël.

Le loup gris allait bien ? Vraiment ? Elle hésitait encore... Et pendant ce temps, le loup en question s'était dégagé de son emprise, et lui aboyait dessus après s'être approché. Raven lui fit face aussitôt, se sentant de plus en plus perdue, puis tourna vivement la tête de nouveau vers le loup noir.
Une fois de plus, on put lire la surprise sur son visage. Cette voix, elle la connaissait. C'était... Non... On aurait dit la voix de Raphaël. Mais comment ? Raahh, assez de questions !

Elle se résilia à s'écarter, prenant place à côté d'un grand arbre où elle s'adossa. Elle avait l'air de regarder le combat, mais elle était complètement ailleurs. Elle se sentait sonnée, et en avait presque oublié la raison de sa venue dans ses bois.

Dans l'attente que le combat ne se termine, Raven tentait de retrouver ses esprits. Elle se demanda un instant si elle aurait de ce fait l'occasion de parler de son problème à Raphaël. Elle commençait sérieusement à en douter. Elle devrait sûrement leur fournir des explications pour s'être mêlée à leur altercation.
Et cet instant arriva bien plus vite que prévu. Elle releva la tête, les observa tous deux, laissant planer un silence, qui lui permettrait peut-être de trouver les mots adéquats à la situation. En bonne tête de mule qu'elle était, elle ne trouva que ces quelques mots à dire :

- Quoi ? Je n'étais pas censée savoir que tout ceci n'était qu'un jeu. Au lieu d'ôter la vie, j'aurais pu en préserver une pour une fois. Enfin...

Elle se redressa du tronc d'arbre contre lequel elle était appuyée, et s'approcha de Raphaël pour lui susurrer :

- C'est vous que je cherchais Raphaël, j'ai bien peur d'avoir un problème assez important pour que seul vous puissiez m'aider un minimum.

Evidemment, elle n'avait aucune certitude qu'il accepterait de l'aider, ni même de l'écouter. Mais elle se devait d'essayer, car ça le concernait indirectement. Elle espérait seulement qu'elle aurait le temps et l'occasion de lui exposer la situation avant que son démon ne vienne lui en faire part lui-même.

Le dénommé Arthur eut un petit rire quand il vit la jeune femme réagir sur la défensive, en se justifiant. Il avait un regard étrange, la fixant comme un prédateur observe une proie, le genre de regard qui rend bien mal à l'aise, surtout en pleine nuit dans une pseudo-forêt.
Lui aussi s'adressa à Raphaël à voix basse, sans quitter Raven des yeux :

Elle est des nôtres ?
- Non.
- Alors je peux ? (il se passa la langue sur les lèvres).
- Non.

Raphaël écouta la demande de Raven en silence, fronçant les sourcils. Qu'est-ce qui pouvait bien amener une chasseuse à rechercher l'aide d'un vieux vampire ? La démarche était étrange. Il lui fit un signe de la main lui demandant d'attendre, puis il se tourna vers son "camarade de jeu".

Laisse-nous je te prie, je dois parler à la demoiselle. Tu pourras trouver ce dont tu as besoin dans ces bois, fais attention cependant, en ces lieux l'alcool et la drogue se mêlent souvent au sang...

Arthur rit de nouveau, envoyant un regard moqueur et incrédule à Raphaël, et tout en s'éloignant à reculons, il lança :

Le grand spécialiste me donne des conseils ! Ne t'inquiète pas, je ne suis pas né de la dernière pluie, je n'ai pas oublié !
Messieurs-dames, je vous souhaite la bonne nuit !

Il les salua d'une révérence, puis s'en fut dans la nuit, à toute allure. Restés seuls, vampire et chasseuse, le silence s'installa de nouveau dans le bois de Boulogne. Raphaël sortit un mouchoir en soie blanche de sa poche pour s'essuyer le visage, toujours en sueur. Il avait une expression de visage neutre, très calme, et pourtant tout le reste de son corps était tendu, en alerte. Pour avoir eu récemment des mésaventures avec des traqueurs de vampires, il se méfiait de Raven, même s'il se souvenait qu'elle était différente des autres. Mais depuis leur dernière rencontre, quelques mois plus tôt, elle pouvait avoir évolué, en bien ou en mal. Après un long silence, le vampire le rompit en disant :

Ce doit en effet être important pour que tu te risques à venir me chercher ici au plus fort de la nuit.

Le regard que lui lança l'autre vampire en s'adressant à Raphaël lui laissa une sensation désagréable. Elle n'entendait pas ce qu'il lui disait, mais quelque chose lui soufflait que ce n'était rien de bon à son égard. Pour qu'il la fixe avec une avidité pareille... Cependant, cela n'intimida pas Raven pour autant. Du moins, pas assez pour l'empêcher de lui lancer un regard froid et méprisant, qui exprimait clairement que s'il l'approchait, elle promettait de lui faire passer un sale quart d'heure. Si tenté qu'elle en soit capable. Mais bon, ça, elle n'y pensait pas. Foncer dans le tas, et voir après, c'était ça son attitude du moment.

Enfin, son malaise passa, le vampire s'en allait. Il les salua en une révérence qu'elle jugea pour le moins ridicule, et totalement inutile pour le coup. Elle ne prit même pas la peine de lui adresser la parole, se contentant d'un minuscule signe de tête.
Et les bois retrouvèrent leur mystérieux silence, jusqu'à ce que Raphaël ne parle.


Raven fit un petit hochement de tête, pour confirmer que oui, c'était important. C'était même plus que ça.

- J'espérais vous trouver au Midnight, mais vous n'y étiez pas. Mon impatience ne m'a pas permis d'attendre davantage.

Elle marqua un temps, puis son visage sembla prendre une expression sérieusement grave.

- Raphaël, est-ce qu'un vampire a la capacité de fusionner son âme avec celle d'un chasseur ? Enfin.. Comment ? Comment est-ce possible ? Ils sont.. Nous sommes opposés de part nos races.

Elle répêta plusieurs fois ce qu'il venait de lui dire. "Théoriquement impossible", "aberration"... Elle fronça les yeux et serra le poing. Si théoriquement ce n'était pas faisable, alors comment se faisait-il qu'avec elle cela ait fonctionné ? Pire encore, est-ce qu'on pouvait s'en débarrasser ? Cela paraissait si invraisemblable que ça se produise, alors à savoir comment annuler une telle fusion... Elle avait beaucoup trop de questions à lui poser, cependant, c'est la sienne qui eut la priorité.

- Vous dites que c'est théoriquement impossible... Mais supposons que ça arrive... que je connaisse quelqu'un à qui c'est arrivé...

Elle marqua un temps d'arrêt, et posa sa main sur son front, comme pour se laisser quelques instants pour réfléchir à comment lui faire comprendre qu'elle était dans ce cas-là, aussi impossible que ce soit. La seule façon était de laisser une part d'Anubis la submerger, mais...

- Je vous prie de ne pas hésiter si ça dégénère...

Elle se recula de quelques pas, prit une inspiration en fermant les yeux, et les rouvrit. Ils avaient changé, leur couleur était devenue plus sombre, et leur expression était haineuse, sanguinaire. Sa voix aussi avait changé, elle mélangeait les sonorités de la sienne, et un timbre grave :

- Ca... J'ai besoin de votre aide, Raphaël...

Dans son fort intérieur, elle savait à présent qu'il la croyait, mais que dans sa croyance il se demandait également comment c'était possible. Comment deux opposés avaient pu fusionner d'une telle façon ? Raven aurait voulu le lui dire, ou du moins lui raconter comment est-ce que c'était arrivé. Lui apporter le plus de détails possibles serait peut-être utile. Cependant, sa gorge se serrait, et ce n'était plus tant sa voix qui s'émanait de ses cordes vocales, mais bien totalement celle d'un autre.

Elle fit deux pas d'une démarche élégante vers Raphaël, ses yeux s'assombrissant un peu plus, s'arrêta, puis inclina la tête sur le côté, tandis que le coin droit de ses lèvres s'étirait en un rictus mauvais.

- Marrêter ? Oh...

Son visage prit une expression faussement mélancolique, avant de retrouver un sourire plus sadique.

J'ai envie de te d'mander : Pourquoi ?! On commence à peine à s'amuser !

La question posée par Raphaël, bien que prononcée avec fermeté, arracha un rire malsain à Raven, qui se mit à pouffer volontairement avant de répondre sur un ton grave, amusé :

- T'effrayer ? Loin de là mon idée, vieux vampire.

Après quoi, à sa question suivante concernant son identité, la chasseresse aux yeux sombres s'étira longuement, sans aucune considération pour le ton méprisable de Raphaël, se retourna un instant pour se retrouver dos à lui, et quand elle lui fit de nouveau face, ses yeux avaient retrouvé leur couleur d'ambre, son visage était marqué par la peur et l'anxiété, et d'une voix claire, elle dit :

- Je suis Raven, c'est moi !

Puis elle passa sa main de part et d'autre de son visage, et son regard redevint aussi froid et noir que précédemment. Sa voix elle aussi mua de nouveau, retrouvant ces sonorités honteusement graves pour une femme. Un nouveau rictus se forma à la commissure de ses lèvres, et elle reprit :

- Ou bien comme ça. C'est moi aussi.

L'être possédé reprit son jeu de scène avec davantage d'éloquence, mimant l'ennui en lâchant misérablement un long soupir d'exaspération.

- A quoi bon savoir qui je suis ? Ce corps est ma maison, il m'appartient.

Ses yeux sombres se figèrent dans le regard de Raphaël, arborant un air menaçant et autoritaire :

- C'est tout ce que tu as à savoir.

Des tours de passe-passe ? Anubis croisa les bras, mimant un air boudeur. Puis finalement laissa ses bras retomber le long de son corps en soupirant. Il prenait un malin plaisir à se ficher ouvertement de Raphaël, valsant entre sérieux, et exaspération.


A ces mots, Raven s'esclaffa, d'un éclat horriblement naturel.

- Au contraire. Tu devrais sentir toute la haine qu'elle dégage, la jouissance que l'on ressent quand l'être que l'on possède te dédie toute sa rage, mais ne peut que se lamenter et maudire le jour où il a croisé ton chemin alors qu'il ne pensait pas pouvoir tomber plus bas qu'il ne l'était. C'est l'ex-ta-se !

Un ton plus sérieux, il reprit :

- Mais, je compte bien prendre une entière possession de ce corps. Je n'ai pas choisi la colocataire idéale, dis-tu ? Regarde-la. Une femme. Un corps aux attraits pleins de charmes, avec lequel on peut se jouer facilement des autres. Approcher, puis frapper... Mais peut-être devrais-tu nous tuer ?

La voix de Raven, alarmée, et suppliante, s'éleva de nouveau, alors que son corps tombait à genoux aux pieds de Raphaël :

- Tuez-moi ! Tuez-le ! Je vous en prie !

S'en suivit de cette même voix de femme, cette fois-ci parodiée par Anubis, qui se redressa d'un coup en s'éloignant :

- Au secouuuuurs, aidez-moi ! J'ai succombé aux mains du démon et maintenant je veux qu'il s'en aille !

Il reprit sa voix rauque, normale.

- Ingrate ! C'est comme ça que tu me remercies ?!

Puis, plus rien. Le corps animé de Raven sembla s'immobiliser un instant, avant de tourner sur lui-même en observant les environs. Comme s'il ne s'était rien passé, la voix d'Anubis demanda :

- Bon, on est où là ? C'est que j'ai des choses à faire, moi.

Il tourna son regard sombre vers Raphaël.

- Toi qui entretiens même des relations avec les chasseurs, tu devrais savoir où je peux trouver l'un de tes confrères, non ? Sais-tu où je peux trouver Azzzz...

Et sur ces mots, le corps de Raven fut projeté contre un arbre. Elle tomba à genoux, sembla vouloir se remettre de ses émotions. Elle finit par se relever, vascillante, tandis que ses yeux avaient repris leur teinte naturelle. Elle avait repris le contrôle finalement. Et n'osant, dès lors, affronter le regard de Raphaël, elle se contenta de fixer un point aléatoire à côté de lui.


[ HRP : Raven est donc de nouveau Raven.]

La respiration saccadée, Raven ne put s'empêcher de froncer les yeux quand Raphaël vint prendre possession de son visage. Il tenait à lui faire faire face. Pourtant elle refusait toujours le moindre regard. Jusqu'à ce qu'il la sôme de répondre à des questions plus que vitales.


Elle prit une inspiration pour tenter de faire le vide en elle. Et, après quelques secondes, elle finit par rouvrir les yeux, les posant désespérément dans les siens.

- C'était un soir, il y a assez longtemps de ça. J'étais déboussolée, presque anéantie. Il s'est manifesté devant moi comme sous une forme d'ombre intangible, mais ce n'était rien de ce que j'ai pu voir. Il a réussi à me faire croire qu'il pourrait m'aider, me libérer de mes souffrances... Mais le prix à payer était de partager mon corps avec lui. Sauf que ça, je l'ai su trop tard. Il a exercé un rituel qui a dû prendre tout au plus une heure à être complet. L'arrêter en plein milieu m'aurait tuée.

Elle marqua un temps d'arrêt, pour reprendre son souffle. Puis reprit :

- Pendant le rituel, je me rappelle juste de ses paroles, après ça, j'ai été paralysée, comme une statue dénuée de sens.
Il cherche à conquérir Paris. D'après ce que j'ai compris, il se serait associé avec un vampire aux mêmes idéaux que lui. Il veut mettre la France à feu et à sang.

Raven lu adressa un regard reconnaissant lorsqu'il affirma qu'ils allaient contrarier les plans d'Anubis. Ce ‹‹ nous ››, qui pouvait sembler bien banal, lui insufflait un nouvel espoir. Parce qu'il signifiait qu'elle n'était plus seule face à ce fardeau. Et, qu'en dépit de le porter, Raphaël l'aiderait à le supporter. Ce qui était déjà bien suffisant. Elle aurait son appuis. Bien sûr, elle n'en avait pas attendu moins de sa part. Il aurait été contraire à l'éthique même que le vieux vampire, qui prônait la paix dans un endroit de la capitale, ait accepté qu'une telle chose reste irrésolue. Alors oui, elle était rassurée, parce qu'elle savait, non sans une certaine réserve inavouée, que Raphaël ferait le maximum pour contrer cette attaque directe de l'âme.


La rouquine vint prendre place à ses côtés, semblant réfléchir pour se souvenir, et déterminer l'origine de ses mots.

- Hum... Il me semble que c'était plutôt ancien. Mais ça ne ressemblait pas à du latin. A vrai dire, en temps normal ça m'aurait plutôt fait penser aux paroles du méchant dans un film avec des momies.

Elle marqua un temps d'arrêt, semblant réaliser comme une évidence.

- Oui, c'est ça. Je pense que c'était de l'égyptien. Assez ancien. Ce doit être pour ça qu'il dit s'appeler Anubis.

Puis, reportant son regard sur Raphaël :

- Cela vous évoque-t-il quelque chose ?

Elle ne fit pas de commentaire lorsque le vieux vampire lui affirma qu'il n'allait pas souvent au cinéma. C'était inutile. D'ailleurs, Raven non plus n'allait pas souvent au cinéma. Elle se souvenait simplement de ce film parce qu'elle l'avait vu avec son frère... Du reste, elle ne regardait que des documentaires suceptibles de l'intéresser pour lui apprendre quelque chose d'indispensable.
Elle écouta attentivement la suite.


Evidemment. Elle aurait pu faire le lien toute seule. Mais, il fallait dire qu'elle n'était pas du genre perspicace en ce qui concernait son possesseur. Elle évitait au maximum de penser à lui. Alors, chercher son origine ou bien une quelconque raison à son nom n'était pas dans ses projets.

- Je... Je crois que je pourrais me souvenir des paroles du rituel. Pas toutes. Mais j'étais consciente pendant toute l'heure que cela a duré.

Ou bien juste quelques unes... Ce serait déjà important de toute façon. Ou alors...

- Connaissez-vous le pouvoir de psychométrie ? Celui qui consiste à voir le passé. Ne pourrait-on pas transmettre à quelqu'un un moment précis, sous hypnose par exemple ? Vous auriez tous les détails ainsi...

Farfelu, et certainement très compliqué, voire impossible. Mais tout était envisageable.


Elle regarda le sol un moment.

- Je vous remercie de votre aide, Raphaël. Et j'espère que votre amie acceptera de coopérer.

Elle se leva finalement et observa le ciel.

- Je ne suis pas retourner chez Xander depuis plusieurs années. Et honnêtement... je doute d'y être la bienvenue.