Réveil d'une endormie [Phyl]

A force de venir prendre des nouvelles, Rebecca avait fini par connaitre le chemin jusque l’hôpital par cœur. Cela la changeait des premières fois où elle y avait été, Galiléo en main pour ne pas tourner au mauvais embranchement. Au moins elle savait quel métro prendre et à quel arrêt sortir. L’hybride franchit les portes de l’hôpital avec l’aisance de l’habitude, et sans même regarder l’hôtesse d’accueil – une vraie piplette qui l’avait fait tourner en bourrique la première fois qu’elle était venue – alla trouver l’ascenseur pour monter au troisième étage, service des comateux.

Cela faisait maintenant plus d’un mois que la libraire venait voir Ephylie. Septembre avait fait place à octobre, entrainant dans la foulée liasses de feuilles d’ocre et de rouge peintes. Quand Rebecca entra dans la chambre blanche aseptisée, rien n’avait changé. Pas même les fleurs en plastique qui décoraient la petite commode. Pourtant les infirmières aimaient les réarranger à leur guise quand elles venaient faire le ménage et surveiller la vampire. Les yeux couverts de lentilles de la petite femme s’arrêtèrent sur le corps frêle de celle qui avait été une voluptueuse femme. Une infirmière entra à ce moment dans la chambre et lui souhaita le bonjour. Rebecca la reconnaissait, c’était celle qui venait vérifier les indicateurs donnés par les machines qui surveillaient l’état d’Ephylie. Laissant la brave femme à son occupation, elle s’installa sur le fauteuil installé aux côtés du lit et sortit un livre.

Peut-être venait-elle trop souvent ici, songea-t-elle. Si elle commençait à connaître le personnel médical, ce devait être cela. Elle ne pouvait se permettre de trop se faire remarquer, et le problème comme l’avantage de ses cheveux roses et ses vêtements improbables étaient justement leur incongruité. Un air à la mode s’échappa de ses fines lèvres alors qu’elle abandonnait ses réflexions et qu’elle se perdait dans les mots inscrits de noir sur le blanc des pages de son livre.

Un mois et demis, une petite chambre au mur délavé par le désinfectant industriel, des machines pour vérifié toute les constantes vitales, les perfusions, les infirmières… Le morne quotidien d’une comateuse.
Une éternité incertaine, passer des siècles dans un lit d’hôpital sans pouvoir en bouger, sans pouvoir sentir, sans rien pouvoir faire, a part ignoré tout, même cette situation grotesque. S’était ce qui arrivait a celle qui était allongé dans le lit.
Les semaines était passées, effaçant peu à peu ce qu’elle avait été. Physiquement elle n’était pas si différente, des formes a peine estompé, des muscles légèrement affaiblis, des cheveux a peine plus longs, pourtant intérieurement la situation était toute autre.

La journée était plutôt grise, les couleurs passées de la chambre semblaient encore plus fades sous la lumière blafarde et grisâtre qui entrait.
La femme aux cheveux roses qui passait trop régulièrement était là, elle s’était installer comme a son habitude, un livre en main, ses yeux bleus rivé sur les caractères noirs.
Tout était normal, rien ne présageait qu’aujourd’hui allait déroger a la règle de ses dernières semaines… et pourtant…

Ça ne dura que quelques instants, les yeux s’ouvrirent découvrant des iris entre olive et émeraude.
Du flou, s’était tout ce que voyaient ces yeux les premières secondes, puis la lumière se fit moins agressive. Les sensations qui revenaient doucement dans tout le corps, l’éveille revenait doucement. Et avec elle l’envie de bouger de se lever.
S’était impossible, rien que bouger un bras était douloureux, les aiguilles plantées dans les veines s’enfonçaient plus profondément.

Un conseil un peu stupide, des formes, des gens, du temps plus tard… Elle était belle et bien éveillée.

L'esprit de la libraire fut arraché à son monde composé de lettres par un cri de joie de l'infirmière. Relevant brusquement la tête à s'en craquer les vertèbres, Rebecca devint spectatrice de ce que les membres du personnel médical affectés au service des comateux appelaient "leur petit miracle". Le réveil d'un de leurs patients. Malgré les avancées médicales, le coma restait un état de fait contre lequel les plus grands experts se brisaient les dents. Des personnes sombraient, d'autres revenaient à la lumière sans qu'on ne puisse prévoir plus que ce que les probabilité établies par quelques siècles de données accumulées et mise en commun par maints hôpitaux à travers le monde. Bientôt, ce fut foule autour de la vampire. Rebecca fut conviée à attendre dehors, et surtout de ne pas partir. Sa présence serait nécessaire entant que proche quand Ephylie serait totalement revenue à elle.

Une heure passa. Tout ce que laissait voir la vitre baie vitrée semi-opaque qui faisait office de cloison avec le couloir était des corps qui s'affairaient autour du lit. Dans leur précipitation les médecins et infirmiers avaient oublié d'activer l'opacité complète. Rebecca eut le temps d'égrainer les minutes avant qu'on l'autorise à entrer. Presque craintivement, elle franchit la porte et fit face au lit. La plupart des infirmiers étaient parti, seul restait le médecin en charge et bien entendu Ephylie. Cette dernière était désormais assise. Cela changeait totalement de la position allongée dans laquelle elle avait croupi pendant quelques semaines. Un sourire apparu sur les lèvres de l'hybride sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Une irrépressible envie de la serrer dans ses bras prit presque possession d'elle, mais elle réussit à la réprimer. Ce n'était pas la bonne manière. A la place elle s'avança juste à côté d'elle, de l'autre de celui du médecin, et prononça juste une phrase :

" Bien dormi ? "

Tout était étrange, tout était terne, tout était inconnu.
Qu’une seule chose, une sensation de vide, qu’il manque quelque chose, une chose importantes… non…plusieurs, des tas de choses importantes.

Elle regardait des mains se poser sur elle, des outils agresser de leur métal froid sa peau. Elle ne comprenait pas, de toute façon elle ne comprenait rien, même leurs mots semblaient franchement étranges, elle comprenait ce qui était simple mais trop de jargon médical était utilisé.
Puis les hommes en blanc qui parlent étrangement étaient partis, tous, petit à petit, sauf un.
La femme aux cheveux rose était pour sa part re-renté.

Les yeux d’une couleur étrange et indéfinie se posèrent sur elle. Pas vraiment expressif, un peu vide, Elle le savait depuis que ces même yeux s’était à nouveau ouvert, il lui maquait quelque chose et ça ce voyait.

Bien dormi ?

Des mots simples des mots compréhensibles.

Qui êtes vous ?

Elle avait regardé la femme aux cheveux étrange.

Je peux y aller ?

Cette phrase était pour l’homme en blanc. Le visage qui le regardait était presque innocent, plus trace de ce qui avait été avant.

L'air vide affiché sur le visage d'Ephylie aurait dû mettre la puce à l'oreille de Rebecca. Mais toute à sa joie elle n'y prit pas garde et c'est pour cette raison que la réponse qu'elle reçut la surprit autant :

" Qui êtes-vous ? "

L'étonnement se lu tant sur les traits de lutin de la libraire que sur les rides de la face mal rasée du médecin. Coite, la femme ne pu que s'interroger sur la question étrange que la patiente posa au docteur :

" Je peux y aller ?
- Non mademoiselle, nous devons vous garder encore quelques temps pour nous assurer que vous êtes en parfaite santé ", répondit-il, professionnel.

Ce n'est qu'à ce moment que Rebecca compris que le coma avait peut-être eu quelques effets secondaires sur l'esprit de la vampire. Même les immortels souffraient donc des préjudices de l'immobilisme ? Ce n'était peut-être que l'égarement du réveil après tout. Qui pouvait dire qu'il sortirait intact et frais comme une rose après un combat ? Nombre de revues médicales faisaient état de ce fait. Mieux valait y aller en douceur, du moins c'est ce que la libraire en retirait.

" C'est moi, Rebecca. Te souviens-tu ? "

Se souvenir... Elle essayait bien ... Mais tout ce qui se présentait, ce n'était même pas des brides de souvenir, ce n'était rien, juste du un esprit où on avait fait place nette.

Se souvenir ?
Non... je ne crois pas ...

L'homme en blouse blanche avait regardé le femme aux cheveux roses d'un air ennuyé.

Nous craignons cette effet, quelque parti de son cerveau on été légèrement endommagées. elle se régénérerons doucement, elle pourra retrouver ce qu'elle a perdu, ou pas.

" Se souvenir ? ... Non... Je ne crois pas ...
- Nous craignons cet effet, quelques parties de son cerveau ont été légèrement endommagées. Elles se régénéreront doucement, elle pourra retrouver ce qu'elle a perdu, ou pas.
- Vous n'en savez strictement rien quoi. Travaillez votre formulation, elle est déplorable niveau tact et finesse. "

Sidérée, dépitée et attristée, Rebecca n'avait pas fait preuve de la modération qui la caractérisait habituellement. Phyl avait perdu une partie de sa mémoire. Du moins elle ne reconnaissait plus son amie. Que faire ? Comment réagir ? Établir le degré de la perte de la mémoire d'abord. Au moins elle avait gardé les acquis comme la parole. Quand la perte ramenait l'esprit à celui d'un nouveau né, le résultat n'était pas beau à voir et se diagnostiquait immédiatement. Avant que l'homme en blouse blanche puisse répliquer, l'hybride prit une voix douce, loin du ton cassant d'avant, et s'adressa à Ephylie :

" Je suis une amie à toi. Peux-tu me dire quel est ton dernier souvenir ? "

Bien entendu, le médecin s'insurgea quelque peu :

" C'est moi le docteur en charge ici, madame. Laissez-moi faire mon travail.
- Alors qu'attendez-vous ? " soupira Rebecca.

La femme a l'étrange chevelure était cassante, et elle semblait ne pas aimer ce que le médecin devait de lui dire. Elle semblait surtout ennervée.
Il avait juste dis que l'ancienne comateuse ne pouvais pas retrouver la mémoire que s'était définitivement perdu. La concernée n'était pas capable de bien assimilé ce qu'elle entendais, et s’était heureux, sinon qui sais comment elle aurait réagit... la fenêtre lui aurait tendu les bras, le vide surtout.

Madame aux cheveux rose demanda quel était son dernier souvenir. mais quelque chose frappa l'amnésique.

J'ai une meilleure question: Qui suis-je ?

Ce fut Ephylie qui mit Rebecca et le médecin d'accord. Son intervention évita une énième dispute proches/soignant dans l'hôpital. Le regard farouche de la femme termina de convaincre l'homme de la laisser répondre à la question existentielle :

" Tu es Ephylie Buron. J'ignore quels sont tes autres prénoms si tu en as. Moi, c'est Rebecca Tumet, une amie. Cela fait quelques mois que nous nous connaissions. Tu es à Paris, à l'hôpital depuis un peu plus d'un mois maintenant. Tu te réveilles du coma après un évènement que j'ignore. J'ai pu te trouver par hasard et n'ai pu en apprendre d'avantage sur les raisons de ton arrivée ici. C'est à cause de ça que ta mémoire est atteinte. "

Que dire d'autre ? Il y avait tellement à lui annoncer sur elle-même... Son âge, ses passions, son état civil complet, et surtout son immortalité. Ses pouvoirs aussi. Mais le médecin était là. Et puis après tout, elle se réveillait à peine. Autant attendre un peu, et laisser les choses venir plutôt qu'enfoncer au bélier un pont-levis. Déjà la laisser digérer, et ensuite continuer doucement à lui apprendre qui elle était si elle en éprouvait l'envie. Le médecin sembla enfin comprendre qu'il pouvait faire confiance aux machines pour signaler tout problème physique et décida de s'en aller quérir le psychologue. Une fois qu'il fut parti dans un tourbillon travaillé à force d'années d'imitation de ces acteurs de séries médicales, la petite femme aux cheveux roses fit un sourire espiègle à son interlocutrice, dans le but de la mettre en confiance :

" Qu'as-tu envie de savoir exactement ? "

l'homme en blanc était parti, s'était tant mieux. Il avait quelque chose de pas rassurant.

Ephylie, s'était donc ça son prénom... Un prénom pas très commun... étrangement quelques chose passa dans son esprit, la certitude que s'était ancien comme nom, vraiment ancien.
Le coma, qu'est-ce que s'était ça ? Un mots scientifique encore ? Un mots pour dire un sommeil, un long sommeil ?
Elle ne savait rien, et visiblement personne n'en savait plus.
Elle était condamner a resté ainsi ? Ou alors peu être que quelqu'un d'autre allais pouvoir lui en dire un peu plus?
Déjà une question: était-ce une bonne idée d'essayer de retrouver cette autre qui n'était plus ? Si ça ce trouvait, s'était quelqu'un d'ignoble... pourquoi faire revivre quelqu'un d'affreux?

Je ne sais pas ... je me sent ... bizarre...
c'est normal que tu ais les cheveux rose ?

" Je ne sais pas ... je me sens ... bizarre... C'est normal que tu ais les cheveux roses ? "

L'incongru de la question fut tel que Rebecca ne pu s'empêcher d'éclater d'un rire joyeux qui évacua son appréhension.

" Je les ai teint suite à toute une série d'évènements. Je te raconterais tout ça plus tard si tu veux... "

La porte s'ouvrit une nouvelle fois, laissant passer le médecin et une femme âgée. La psychologue sûrement. Ils furent intransigeants et en quelques minutes à peine, Rebecca fut mise à la porte et priée de repasser le lendemain. Rien n'aurait pu vaincre de tels dragons, surtout la femelle en fait. Le mâle se plaisait à sa cacher derrière elle d'ailleurs. Sac en main, la libraire prit le parti de ne pas trop s'appesantir sur ce fait. Elle repasserait quand elle le pourra, ses allées et venues ici étaient trop fréquentes. L'agitation du réveil de Phyl avait peut-être même un peu trop attiré l'attention. Se faisant discrète, elle sortit de l'hôpital et prit un taxi pour rentrer chez elle tout en se demandant comment elle pourrait bien faire pour garder le plus de discrétion possible la prochaine fois qu'elle irait visiter son amie. Enfin, pouvait-elle toujours la qualifier ainsi ? Elle le saurait certainement à leur prochaine rencontre.

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