Passons à la phase 2

Sujet: Passons à la phase 2 Lun 14 Mar 2011 - 14:23

Depuis des mois qu'il se trouvait ici, Azphel avait rencontré quelques vampires, des moutons, pour beaucoup. La force de Raphaël ne semblait même plus lui servir, et il avait pu lui tenir tête avec une facilité déconcertante. Pour le tricentenaire, son ancien ami était mort. Mais il restait encore des possibilités. S'il n'était pas le maître, alors ce serait à lui, Azphel, de l'être.

Régner sur les humains était facile, mais faire régner la terreur était autre chose. Il était resté calme tout le temps qu'il était à Paris, mais à présent, il fallait se mettre un peu en avant pour accueillir de nouvelles recrues.

Moulin rouge, 22h30, heure de pointe.

Un des spectacles venait de se terminer. Une foule nombreuse sortait pour fumer une cigarette ou discuter en attendant le prochain. Hélas pour eux, la soirée ne se déroulerait pas comme prévu.

Un cri retentit sur le côté du bâtiment, suivi d'une rumeur grondante d'étonnements et et de cris de stupeur. Un officier de police qui patrouillait dans le coin fit s'écarter la foule. Derrière lui, trois corps sans vie. Deux hommes, une femme, entièrement nus, leurs vêtements en lambeaux par terre. Ils semblaient avoir été lacérés à mort, mais à y voir de plus près, leur gorge avait été purement et simplement arrachée, comme par une puissante bête sauvage.

Pourtant, la masse de sang qui se trouvait au sol était... mineure, comparé au massacre. Il ne fallut pas longtemps aux autorités pour sécuriser le secteur. Le spectacle était annulé. De l'autre côté du bâtiment, la police fit une autre découverte macabre : celle d'un quatrième corps, les membres arrachés, suspendu à un lampadaire. Et sur le mur, écrit avec son sang :

"Je vous vois."

Ni plus, ni moins. Il était temps pour la terreur de commencer. Les rumeur iraient vite, trop vite pour qu'on puisse les étouffer, les contrôler. Trop de monde avait vu ça.

En non loin de là, dans les ruelles sombre de la ville, une ombre se promenait, se délectant d'avance de ce qu'elle venait de faire. Le premier coup était joué, à présent, il n'y avait plus qu'à attendre. L'instinct, le sang, tous les vampires suivraient la piste. Et ils les trouverait.

En voici un, justement. Voyons sa réaction...

Sujet: Re: Passons à la phase 2 Mer 16 Mar 2011 - 18:32

Lorenzo avait assisté au premier spectacle, et comptait bien voir le second. Ce n'était pas qu'il soit un grand amateur de music-hall, mais cette soirée au Moulin Rouge avait été consacrée à un auteur d'opérettes italien, que Renzo avait connu à une époque, et dont il était curieux et heureux de pouvoir revoir les œuvres. Comme tout le monde, il était sorti devant la bâtiment prendre l'air quelques minutes en attendant la suite du spectacle.

C'est alors que plusieurs cris retentirent sur le côté du bâtiment. L'effet de foule aidant, la majorité des personnes présentes se précipitèrent telles des vautours pour aller voir ce qu'il se passait. Pas Lorenzo. Il avait récemment vécu une très mauvaise expérience et restait encore un peu paranoïaque. D'autant plus qu'il entendit quelques personnes autour de lui parler de cadavres, de boucherie, de sang, de gorge arrachée... Rien qui tentait le vampire. Poussant un profond soupir déçu de ne pas pouvoir continuer cette soirée qui avait été jusqu'ici si agréable, il partit à l'opposé de la foule, contournant le bâtiment par l'autre côté.

Mais de l'autre côté, une autre scène atroce se dévoilait à des policiers : un corps suspendu à un lampadaire, un corps sans vie, démembré, et une phrase peinte en rouge sur le mur derrière lui...
En voyant cela, Lorenzo eut un haut le cœur : il dut se retenir pour ne pas vomir. Il tourna aussitôt les talons et repartit le plus vite possible, courant presque dans les rues voisines. Il s'arrêta quelques rues plus loin, dans une petite ruelle sombre, où il s'appuya le dos contre le mur, ferma les yeux et tâcha de se calmer, en contrôlant sa respiration trop rapide et trop forte.
Un observateur aguerri aurait pu remarquer, en passant devant lui, les canines légèrement protubérantes dans sa bouche entrouverte...

Sujet: Re: Passons à la phase 2 Lun 21 Mar 2011 - 14:56

Enfin, un vampire se montrait. Malheureusement, c'était à première vue un minable. Qu'est-ce que Raphaël leur avait fait pour les ramollir à ce point. La vue du sang ne devrait même pas le déranger, et voilà qu'il vomissait comme une humaine.

Le vampire jaillit de l'ombre non loin de là, assez près pour arriver vite, assez loin pour que son pouvoir ne soit pas remarqué. La seule chose qui lui passa au travers de ses dents serrées par le mépris fut :

"Lopette"

Un son qui venait du fond du cœur, tandis que le vampire au crâne meurtri s'approchait du vampire, vêtu d'un pantalon et d'une veste de cuir, et ne cachant absolument pas sa nature. Comment l'aurait-il pu, étant donné son apparence monstrueuse ?

Sujet: Re: Passons à la phase 2 Ven 25 Mar 2011 - 18:33

Tandis que Lorenzo reprenait son souffle, en tâchant de chasser de son esprit les images horribles qui s'y insinuaient malgré lui, il entendit une voix près de lui dire un seul mot, un mot désagréable : "lopette".
Lorenzo sursauta, surpris : il n'avait pas entendu l'homme arriver, pas plus qu'il ne l'avait vu puisqu'il avait les yeux clos. Il les ouvrit pour voir un individu affreusement mutilé au niveau du visage, dont les canines apparentes ne laissaient aucun doute sur sa race, et qui était vêtu comme un loubard des années 1980.
Lorenzo soupira, secouant la tête l'air de dire "vous m'avez fait peur", puis il dit :

Scusez-moi, on se connaît ?

Sujet: Re: Passons à la phase 2 Jeu 31 Mar 2011 - 14:15

"Pas encore, mais ça peut vite arriver. A vous de voir si ça peut bien se terminer. Vous pouvez vous estimer heureux d'avoir des bâillements aussi intenses, ou je ne sais quoi d'autre, sans quoi, j'aurais pu vous prendre pour un humain. La fin aurait été toute autre...

Mais j'en oublie ce que je disais. Ainsi donc, vous êtes un de ces petits moutons de Raphaël qui tremble devant un peu de sang ?"

Il n'avait aucune envie de faire la moindre preuve de politesse. Le simple fait de lui adresser la parole plutôt que de l'égorger sur place était déjà une grande preuve de savoir-vivre à ses yeux.

L'inconnu défiguré n'incitait pas vraiment l'envie de faire connaissance avec lui. A sa façon se parler, il évoquait pour Lorenzo le profil type du vampire qu'il détestait. Mais après tout, il ne le connaissait pas, il n'aimait pas les préjugés et pouvait lui accorder le bénéfice du doute. De toute façon, ils étaient de la même race, et vu le peu de représentants de la race vampirique, ils n'avaient pas spécialement intérêt à se tirer dans les pattes... selon Lorenzo en tout cas.

Il fronça les sourcils à l'évocation de Raphaël. Le fait que le nom de l'ancien vampire se trouve dans la même phrase que les mots "moutons" et surtout "trembler" sonnaient étrangement pour le vampire italien.

Je connais Raphaël oui, bien sûr, mais je trouve que le terme de mouton est bien inapproprié.

Il éluda délibérément la question sur le sang.

"Le premier pas du mouton pour devenir loup. Alors dis moi, as-tu peur ?"

Peur. Peur de quoi, se dirait-on. De lui ? De la scène macabre qui s'offrait à leurs yeux ? De tout ? De rien ? Une question en suspens qui semblait à la fois légère et lourde de sens. Jouer ainsi sur les mots, sur l'esprit, était comme un jeu pour lui, un test qu'il donnait à tous les vampires qu'ils croisaient : étaient-ils capables de nier ? D'ignorer ? D'admettre ? Peu importait, tant qu'il restait le maître.

Le vampire avait une posture de plus en plus penchée sur lui, lui donnant une dimension presque gigantesque, tandis que son ombre s'étendait sur les murs, poussée par la lumière blafarde des lampadaires des rues, faible lumière à côté des milliers de couleurs qu'offraient les magasins et cabarets du coin. mais dans la ruelle sombre, même ces lumières semblaient devenir grises, fades, et projetaient d'inquiétantes formes sur les murs...

Les ombres dans la petite ruelle étaient mouvantes, et semblaient se vouloir inquiétantes. Mais Lorenzo n'avait pas peur des ombres de la nuit. A vrai dire, il les remarquait à peine, évoluant dans la nuit depuis bien des années.
Le vampire défiguré se pencha vers lui, en se grandissant. Voulait-il l'intimider ? Dans quel but ? Il s'exprimait par métaphores animales. Lorenzo hésita sur la réponse. Allait-il entrer dans son jeu en répondant de manière similaire, ou se montrer plus prosaïque ? Au final, il décida de faire un peu l'idiot, en haussant les sourcils et les épaules et en répondant simplement :

Peur de quoi ?

Azphel recula alors et cessa son jeu d'ombres. Il se mit à rire, un rire plutôt joyeux pour une fois, qui résonnait dans la partie extérieure de son crâne.

"C'est une bonne réponse ! Tu n'est peut-être pas aussi pleutre que tu en as l'air, finalement. On dira un peu fragile de l'estomac."

Semblant de nettement meilleure humeur et bien plus engageant, il se montra aussi un peu plus familier. Les événements récents ne semblaient nullement l'affecter, malgré l'horreur du crime qui venait d'être commis.

"Ah, ça faisait longtemps que j'avais pas ri comme ça tiens. tu m'as mis de bonne humeur. Allez, pour la peine, j'te paye un verre."

Et ni une ni deux il se dirigea vers le bar le plus proche.

Lorenzo fut surpris de la réaction de l'autre vampire. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il se mette à rire. Le petit jeu d'intimidation semblait avoir cessé. Peut-être n'était-ce qu'un effet de style lorsqu'il se présentait à ses semblables. La situation restait tout de même étrange, insolite.
Quand l'autre lui dit qu'il était fragile de l'estomac, Lorenzo faillit rétorquer que la vision de cadavres démembrés ne facilitait pas vraiment la digestion, mais il se retint de faire le moindre commentaire, préférant voir d'abord ce que l'autre voulait de lui avant d'en dire trop. Ce qu'il voulait, il lui dévoila rapidement, mais ce n'était pas, une fois de plus, ce à quoi il s'attendait : il lui annonça qu'il l'avait mis de bonne humeur, et qu'il allait lui payer un verre.

C'est ma spécialité...

Un petit commentaire sur le fait de mettre les gens de bonne humeur. Il hésita un peu avant de le suivre, mais l'espace d'une seconde seulement. Ce vampire avait attisé sa curiosité naturelle, et pour savoir ce qu'il lui voulait, il n'avait d'autre choix que de le laisser lui payer un verre. Un choix pas si terrible que ça, finalement...

Azphel l'entraîna dans le premier bar qu'ils croisèrent. Son entrée fit évidemment forte impression, ne cachant même pas son horrible infirmité. Au contraire même, il semblait même désirer qu'elle se voie. Ils s'installèrent à une table où Azphel commanda une bière blonde à la serveuse, laissant son compagnon faire le choix de ce qu'il désirait.

La serveuse repartie, le vampire fit du regard le tour de la salle. Des fêtards, des poivrots, des gens une peu plus "normaux". Mais à tous, il affichait un sourire malsain, et mettait même les plus imbibés mal à l'aise. Certains d'entre eux ne finiraient pas la soirée dans leur lit. Mais ça, ils l'ignoraient encore.

Il en revint tout de même à son invité, toujours ce satané sourire aux lèvres (ou ce qu'il en restait), et en vint directement à la question qui l'intéressait :

"Dis moi, que penses-tu de Raphaël ?"

Quand les deux vampires entrèrent dans un bar lambda et que beaucoup de clients se tournèrent vers eux pour observer avec horreur le visage d'Azphel, Lorenzo ne put s'empêcher d'afficher un petit sourire crispé et d'agiter légèrement la main en signe de salut. Il s'assit avec son hôte, tâchant d'oublier les gens autour, tâchant de ne pas penser à ces regards malsains de prédateur que l'autre lançait sur les clients normaux.
Lorenzo commanda une bière aux fruits rouges, et attendit que l'autre entame à nouveau la conversation. Il s'attendait, à présent qu'ils étaient dans une situation plus banale et régulière, à ce qu'il se présente ou lui demande son nom, ou autres informations personnelles ou relatives à son statut vampirique. Mais pas du tout ! Il lui posa une question... sur Raphaël. Décidément, ce vampire était obnubilé par le vieux ! C'était déjà la deuxième fois qu'il en parlait. Lorenzo haussa les sourcils et s'exclama :

Pfiou ! Vaste sujet de conversation !

Il prit ensuite le temps de réfléchir à ce qu'il allait répondre exactement. Il avait en réalité une relation un peu particulière avec le vieux vampire, mais peu de gens le savaient, et peu avaient à le savoir. Il répondit donc ce qu'il laissait paraître en général quand il était en public avec Raphaël.

Il est vieux ! Très vieux, trop vieux parfois même ! C'est pas le type le plus "fun" qui soit sur terre, si tu vois ce que je veux dire. Bon, j'me permets de dire ça parce que je le connais plutôt bien, j'aime bien le charrier. Mais il a de grands principes tout ça tout ça.

Et toi, tu le connais bien ? Je t'avais jamais vu dans le coin avant.