Au "Petit caporal" (PV Gwenaëlle)

Un verre de vodka, un autre, encore un autre, un coca, voilà ce que Nadja avait déjà bu. Elle buvait beaucoup d'alcool et pouvait se le permettre puisque sa robuste constitution lui garantissait une meilleure résistance aux substances alcoolisées. Toutefois, après trois verres de vodka polonaise (la plus forte), elle avait préféré rester raisonnable et prendre un coca. Le quartier n'était pas très sûr, et si on l'attaquait il valait mieux qu'elle soit en pleine possession de ses moyens.
Pourquoi avait-elle choisi ce rade, déjà ? Le nom, sans doute. "Le petit caporal", voilà qui semblait approprié. Quoique Nadja ne fut pas particulièrement petite. Un mètre quatre-vingt, c'était une taille respectable. Toujours était-il qu'elle venait là depuis plusieurs semaines pour se détendre. Elle s'entendait bien avec le patron, un ancien combattant, comme elle. Le vieux Jacques avait sauté sur une mine en Afganistan, et depuis il devait porter une jambe en plastique.
Ils étaient donc là, en train d'échanger des anecdotes de combats, quand la porte du bistrot s'ouvrit.

[ pense à enlever le PV ^^ ]

Arven était, d'une certaine façon, un ancien combattant. Mais pas de ceux qui avaient connu les massacres de la Seconde Guerre Mondiale, ou qui avait exercé dans la légion étrangère. Ses marques de combat, ses souvenirs remontaient à bien plus loin que cela, à l'époque des batailles rangées, des chevaliers, et des héros au grand cœur. Une époque qu'il regrettait encore aujourd'hui. peut-être était-ce pour ça qu'il menait encore sa guerre, un conflit qui avait entraîné tous les hybrides avec lui.

L'Ancien était accompagné de sa déprime désormais habituelle. Il avait abandonné le combat, pour donner une chance aux autres de vivre. Mais il ne faisait que se voiler la face, même s'il ne l'admettrai sûrement jamais. Ce n'était pas ainsi que cela finirai. Ce bar lui avait paru opportun, d'autant qu'il s'agissait du plus proche, et qu'il avait eu le malheur de "sonder" un poivrot non loin. Résultat, il avait les mêmes sensations qu'un homme sérieusement éméché, sans la joie ni l'alcool. Triste quoi.

Il vint au comptoir d'un pas léger mais lent, comme s'il craignait que le propre bruit de ses pas, au milieu du vacarme permanent de l'établissement, n'accentue son mal de crâne. Aussi étrange que cela puisse paraître, il portait un fourreau à la ceinture, de facture simple mais visiblement récente, et ce fourreau contenait une épée. Il se posa sur le premier siège libre près du comptoir, et demanda un double expresso, un capuccino et un jus d'orange. Le barman jeta un rapide coup d'œil derrière lui. Il était seul, la commande ne semblait être que pour lui.

(HRP) J'y arrive pas...

Nadja jeta un bref coup d'oeil. Puis elle se retourna. La tenue du nouvel arrivant était assez...comment dire...assez exentrique. Ce qui accrocha le plus le regard de la russe fut surtout l'épée accrochée à la ceinture de l'homme. Dire qu'elle évitait de porter son pistolet de façon ostentatoire de peur d'attirer l'attention. l'homme lui-même était plutôt beau. Bien fichu, cheveux longs, tout ça... Nadja l'aurait trouvé craquant si elle s'était intéressée aux hommes. Il s'assit à côté d'elle au comptoir et commanda un double expresso. Là, elle ne put résister à l'envie de l'aborder. Elle pria juste pour qu'il ne se moque pas de son accent à couper au couteau.

"Bonsoir. Je voulais juste vous demander, vous n'avez pas peur de trimballer votre épée dans la rue ? J'veux dire...vous n'avez jamais atterri au poste de police pour port d'arme non-autorisé ?"

"Et vous, on ne vous a jamais arrêté pour délit de sale gueule ?"

La réponse claqua. Nadja fit la moue.

"C'est tout, je demandais juste ça par curiosité. pardon si je vous ai vexé."

Jacques apporta le double capuccino de l'inconnu. Nadja sauta sur l'opportunité et, avant que l'homme ait eu le temps d'esquisser un geste vers son portefeuille, elle avait déjà donné un billet au barman.

"Laissez, c'est pour moi. Pour me faire pardonner."

Elle but une autre gorgée de son coca. Curieuse comme toujours, elle avait envie d'en apprendre plus sur l'inconnu.

"Pourquoi êtes-vous aussi armé ? Vous craignez que quelqu'un vous attaque ? Je vous blâme pas pour ça. Moi c'est pareil."

Elle écarta brièvement le pan de son blouson pour laisser voir le Tokarev dans son holster.

"Je n'arrive pas à définir si le fait qu'on ne me reconnaisse pas me vexe ou me réjouit."

Est-ce que cela voulait dire que c'était quelqu'un de connu ? Possible. Après tout, Nadja n'était pas en France depuis longtemps et depuis elle avait passé beaucoup de temps en caserne.

"Pourquoi ? Vous êtes quelqu'un de connu ? Excusez-moi, mais il n'y a pas longtemps que je suis arrivée en France, je ne connais encore personne."

Connu ou pas, il avait l'air de filer un mauvais coton. Nadja disait toujours qu'il n'y avait rien de mieux qu'un verre de vodka pour se remonter le moral, mais cet homme avait l'air sobre. Dommage...

"Je viens de Russie. La Nouvelle Union Soviétique a décrété la loi martiale pour les hybrides. J'ai dû fuir avant de passer à la casserole."

*Gagné !*

Elle sourit.

"Alors c'est vous le fameux Arven. J'ai déjà lu votre nom dans le journal. Certains vous décrivent comme un héros, d'autres comme un monstre. Personellement, je croirais plutôt les premiers. J'admire beaucoup votre combat, tout ce que vous avez fait pour les hybrides de Paris."

Son sourire s'estompa et elle regarda le bout de ses rangers.

"J'aurais peut-être dû faire la même chose en Russie au lieu de fuir comme une lâche. Je suis soldat, je me suis battue pendant des années et je n'ai même pas été fichue de protéger ma propre race."

Se battre pour soi-même ? Facile à dire !

"Mais j'aurais dû le voir venir. J'étais dans les Spetsnaz, j'aurais dû me douter qu'ils prendraient ces mesures. J'aurais dû me rebiffer, il y aurait même eu des soldats prêts à me prêter main forte. J'aurais pu sauver beaucoup d'hybrides...à commencer par mes parents..."

"J'aurais dû" Rhâââ ! Elle détestait cette expression qui résumait une bonne partie de son existence.
Elle finit son coca et commanda une vodka, cette fois.

"J'ai été naïve. J'ai servi la Nouvelle Union Soviétique pendant des années, on m'a remis plusieurs médailles pour ça. Et finalement ils se sont foutus de ma gueule. Je ne pourrais peut-être pas renverser le gouvernement russe, mais j'aimerais au moins sauver des vies pour réparer ma bêtise."

Nadja soupira et but une nouvelle gorgée de vodka.

"Que faire, alors ? Je déteste voir tous ces enfoirés faire de plus en plus de victimes chaque jour. j'aimerais faire quelque chose. J'ai bien déjà tué quelques chasseurs qui en voulaient à ma peau, mais visiblement ce n'est pas assez."

"Certes."

Elle laisse un silence.

"Vous avez l'air de filer un mauvais coton. Allez, vous allez me boire un petit cocktail maison, ça va vous remonter. Hé ! Jacques ! Un "Debout les morts" pour le monsieur. C'est moi qui régale."

Le barman versa divers alcools dans un shaker et remua le tout avant de le verser dans un verre et de le déposer devant Arven.

"Allez. Cul sec ! Faites-moi plaisir. En Russie c'est très mal vu de refuser un verre. Et puis je ne fais pas confiance à ceux qui ne boivent pas. Enfin...je ne fais pas plus confiance à ceux qui boivent, mais c'est plus marrant."

Il but son verre, d'un trait. Apparement, il n'en était pas à ses débuts en matière d'alcool. La plupart de ceux qui goûtaient pour la première fois au "Debout les morts" couraient sur le champ aux toilettes avec l'impression que leurs papilles gustatives fondaient. Cela ravit Nadja.

"Moi, mon record c'est d'en vider quatre en une soirée. Après je me réveille le lendemain au poste de police sans me souvenir de ce que j'ai fait. Vous relevez le défi ?"

Ooooh ! Il s'inquiétait pour elle. C'en était presque touchant.

"T'inquiète. Je bois comme un trou depuis que j'ai huit ans et demie, il m'en faut beaucoup pour être bourrée."

Elle finit son verre et commanda tout de même un jus d'oranges.

"En fait, j'aimerais te demander un truc. Quand j'étais dans le Spetsnaz, je faisais partie des meilleurs des meilleurs, personne ne m'arrivait à la cheville. Et aujourd'hui que je suis dans l'armée française, rien n'a changé. Mais Je suis sûre que je ne peux pas rivaliser avec des siècles d'expérience. tu voudrais bien me montrer quelques trucs ?"