Si j'm'attendais a ca... [ Le canasson, s'iou plait ! ]

Deja une semaine passee dans la capitale... et il ne s'y faisait toujours pas. La mefiance etait constamment au rendez-vous. Vigilance constante... car ces monstres se fondaient si bien dans le paysage parisien que l'on en venait a se demander sincerement si ces decrets concernant les hybrides n'etaient pas qu'un simple cauchemar... Ca, c'etait l'etat d'esprit que l'on developpait les deux premiers jours.
En revanche, lorsque vos yeux s'habituaient davantage a cet environnement, deja peu apprecie, mais depui devenu hostile, vous ne pouviez que frissonner en reconnaissant, a certains signes evidents, que vous aviez affaire a une de ces creatures au sang mele de genes humains et animaux. Ces visions l'emplissaient a chaque fois d'un frisson de degout. Hyene... serpents... Et autres chimeres du diable, qui empechaient le marin de trouver le sommeil et creusait des cernes sous ses yeux.

Son refuge etait desormais tout trouve... des que Ian n'en pouvait plus de l'atmosphere trop pesante du centre-ville, il venait s'echapper ici, sur les quais de l'ile St Louis... son ultime rapport avec son element naturel. Il s'etait habitue a ses odeurs, a ses pecheurs et ses bruits quotidiens. Assis contre un mur, a seulement quelques pas de l'eau, Englehorne alluma une cigarette, les mains legerement tremblantes, tandis qu'il se demandait quand est-ce que la providence enverrait un vampire croiser son chemin.
Il ne pouvait foncer tete baissee et aller au devant d'une confrontation directe sans informations plus approfondie. Reflechissant tout en fumant, l'homme se dit que, la ou il y avait une application de la loi, l'on trouvait toujours quelque recalcitrant. En somme, il existait forcement une organisation desireuse de contrer l'essor monstrueux que prenait la capitale de la France.

* Decheance totale... *

Invité

Je fais ma patrouille, le long des quais de l'île Saint-Louis. Exceptionnellement, ma patrouille et moi sommes à pied, les chevaux se font tous vérifiés et vaccinés. Donc nous patrouillons comme tous les policiers. Aujourd'hui j'ai décidé que notre parcours passera par le Louvre puis on vérifiera les quais et enfin nous retournerons à la Préfecture de Police sur l'île de la Cité.

Jusqu'à maintenant, nous n'avons eu qu'une seule altercation avec deux jeunes qui se battaient. Comme à l'habitude, notre arrivée était guetté et nous avons été très aimablement accueillis par les jeunes... par des bouteilles de bière. Un collègue a été légèrement blessé au bras mais rien de gravissime.

Actuellement nous sommes au bord de la Seine, nous rigolons un peu tout en inspectant les "carte grise" des péniches et différents bateaux amarrés. Mon attention se porte sur un double cargo amarré au quai. Un homme est juste en face en train de fumer une cigarette. C'est une bonne occasion pour vérifier si ses papiers sont en règle.

Je fais un signe de la tête à la patrouille et nous nous dirigeons vers lui. Arrivé à plusieurs mètres, je fais signe aux Gardiens de la Paix de s'arrêter et de me laisser avec l'individu.
D'un hochement de tête je m'approche de l'homme puis désigne le cargo.

Bonjour Monsieur, c'est votre batîment qui est là? Si oui serait-il possible que vous présentiez votre permis de navigation sur la Seine ainsi que les papiers du bateau.

Après avoir passé quelques minutes en paix, yeux mi-clos, le froid le sortit de sa torpeur. Cela aussi, il peinait à s'y habituer. Et encore, ce n'était que le début...

* Quel pays de merde... *

Rageusement, il sortit son paquet de clope, aux trois quarts vides... il lui faudrait aller en racheter rapidement, et affronter l'accent parigot de la burelière, encore plus bavarde que celle qu'il fréquentait dans sa région natale... et ce n'était pas peu dire... Resserant les pans de son imper autour de son cou de façon à garder un minimum de chaleur, le marin laissa alors ses pensées voguer vers Bordeaux, ville qu'il aimait malgré sa passion des voyages. Il aimait sa chaleur, son vent chaud venu de la mer, son hiver doux, et ses mi-saisons pluvieuses, qui nettoyaient les pavés de la ville plus efficacement que n'importe quel ' nettoyage officiel municipal ' ...
Néanmoins, son amertume ne pouvait être qu'écartée par la douce vision d'un bâtiment, amarré à la jetée, nettement plus petit que le sien, mais d'une structure remarquable, et solide. Il ne s'éloignait jamais de la mer, finalement...

Mais la quiétude ne dure jamais, et le bruit de pas de plusieurs hommes se fit entendre, leurs bottes de cuir résonnant de façon fort peu discréte sur la pierre froide et dure. Leurs voix, également, étaient aisées à percevoir et Ian se demanda alors qui pouvait bien, par un temps pareil, venir s'amasser en groupe au bord de la Seine. Quelques secondes plus tard, une escouade de policier répondit à ses questions silencieuses.

* Manquait plus que ça... *

Un seul homme, sans doute leur chef, s'avança vers le marin qui, ne bougeant pas le moins du monde, continua à fumer, calmement.

Bonjour Monsieur, c'est votre batîment qui est là? Si oui serait-il possible que vous présentiez votre permis de navigation sur la Seine ainsi que les papiers du bateau.

Avec une lenteur calculée, l'homme retira le mégot de sa bouche et l'écrasa sur les dalles grises, avant de finalement se lever, sans brusquerie. Après avoir fait glisser son regard sur l'individu, il répondit d'une voix neutre.

" Navré de vous décevoir... mais je ne suis pas l'heureux propriétaire de ce bâtiment... "

Inutile de s'énerver... la politesse avait largement été respectée... et ce, des deux côtés.

Invité

L'homme est charismatique, il a pour dire vrai, la classe. Son regard, en dit long sur lui. Rien qu'à le voir, je sens que cet homme a vécu plus de choses que moi... Et je ne préfère pas savoir lesquelles. Quand il me répond, je souris et remets mon képi en place puis je regarde furtivement le ciel.

La pluie est fréquente à Paris. En ce moment, l'hiver approche et la pluie va bientôt laisser place à la neige. Le temps est aléatoire dans cette ville, ainsi la météo se trompe du tout au tout sur la contenance du ciel le lendemain matin.
Va savoir pourquoi, je hais la pluie. A Hokkaido, il faisait quasiment toujours beau, le Soleil était toujours présent ce qui me permettait de profiter de ma forme équestre.

Mon attention se reporte sur l'homme. Il a l'air impatient et en même temps à ma disposition. Il porte un imper foncé, ce qui donne une impression d'homme renfermé sur lui-même. Je repense à la question que je lui ai posé. Je tends doucement la main vers lui afin de prendre possession de ses papiers d'identité.

En ce qui concerne le navire, je vous crois. Puis-je avoir vos papiers d'identité s'il vous-plaît? Ne vous inquiétez pas, c'est un simple contrôle. Et je vais en profiter pour vous demander si vous êtes un être modifié. Cela peut paraître étrange mais c'est pour le recensement de la population parisienne.

Moi-même j'ai été rencensé et beaucoup de collègues ont été surpris.

Je sors la capuche de ma veste et la rabats sur ma tête, afin de ne pas trop mouiller mes cheveux. Je retire mon képi et regarde rapidement la patrouille qui rigole derrière moi.
Pfff je déprime en les voyant, ils me font un peu honte.

Et les gars taisez-vous un peu!

Je me retourne vers l'homme et attend les papiers.

Le sourire de l'homme était de bon augure. Ce n'était pas un salaud. Il avait plutôt l'air d'un brave type. La pluie commence à tomber. Sans doute pour ça que le flic remet son couvre-chef. Le sien déjà calé sur sa tête, Ian n'eut qu'à l'ajuster un moment, sans pour autant le quitter des yeux.
La pluie glacée ne réussit pas à atteindre ses joues. Seulement ses mains. Et celles-ci n'apprécient guère le contact humide, qui lui procure un frisson désagréable. Il avait bien choisi son moment pour se rendre dans cette ville de malheur.

Soudain, la main tendue de son interlocuteur se tendit vers lui, comme dans l'attente de quelque chose. Les sourcils du marin se haussérent, pendant que ses doigts fouillaient à la recherche d'un chique à mâcher. La fourrant dans sa bouche, ses machoires en actions attendent la réponse à la question muette que ses yeux posent.
Ah... contrôle d'identité. Et puis quoi encore ? Son emploi du temps ne le pressant pas le moins du monde, Ian Englehorne ne manifesta aucun signe extérieur de fureur ou d'agacement, mais ne put retenir une pensée quelque peu déconfite, étonnée de son zéle. Plongeant donc une fois de plus la main dans sa poche pour chercher ses papiers, son geste s'interrompit soudain, de même que le mouvement répétitif de ses mâchoires.

" Excusez-moi...Vous avez dit... être modifié ? "

Moi-même j'ai été rencensé et beaucoup de collègues ont été surpris.

Ses doigts réprimérent un frisson tandis qu'il remettait au flic ce que ce dernier lui demandait.

* C'est une ville de fous... *

Et les gars taisez-vous un peu!

Ce fut cet éclat de voix qui le tira de sa torpeur, tandis qu'une multitude de questions sans réponses lui donnaient le tournis.

" Vous... pourriez me donner quelques informations...? A ce sujet, je veux dire... "

Invité

Je crois que j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas dire car l'homme marque une pause avant de me donner ses papiers. Je commence à vérifier toutes les informations écrites en français. Tout à l'air en ordre mais l'homme vient me poser une question assez dérangeante.

" Vous... pourriez me donner quelques informations...? A ce sujet, je veux dire... "

Sur le recensement j'imagine, je le regarde malgré la pluie qui nous sépare. Et je commence à lui expliquer.

C'est tout simple, voyez-vous, il y a de plus en plus d'hybrides dans la ville ainsi que de vampires. Nous sommes obligés de faire un recensement afin de savoir à quelle catégorie appartient chaque personne.

Il a aussi été gêné par l'utilisation du terme modifié.

Oui, un modifié... Un hybride... Est-ce que vous êtes un hybride?

Je suis obligé de hausser le ton pour couvrir le bruit de la pluie. Son visage semble crisper mais je n'en suis pas sûr.

C'est tout simple, voyez-vous, il y a de plus en plus d'hybrides dans la ville ainsi que de vampires. Nous sommes obligés de faire un recensement afin de savoir à quelle catégorie appartient chaque personne.

Tout simple... Tout simple... Ces mots tournent sans fin dans sa tête, jusqu'à devenir obsédants, terrifiants. Quoi ? C'était ça la ville lumière ? C'était ça ce qu'on appelait la tolérance ? Cette grande idée si difficile à accepter et à appliquer pour l'homme ? Et lui, cet aventurier, cet homme d'affaires, ce chasseur d'animaux sauvages à l'occasion, devait-il se plier à cette grande règle conventionnelle ? Ou bien continuer à rester un hors-la-loi comme il savait si bien le faire ?

Oui, un modifié... Un hybride... Est-ce que vous êtes un hybride?

Les yeux dans le vague, fixant un point quelque part au-dessus de l'épaule de son interlocuteur, qui semble être à son tour un de ces animaux métamorphes, Ian finit par répondre d'une voix assez forte pour dominer le bruit de la pluie :

" Non... non, je ne suis ... qu'un humain. C'est tout. "

Le froid le saisit avec plus de vigueur tout d'un coup. Un frisson désagréable parcourt son échine et le laisse transi.

» Le canasson est de retour