Barbecue de ruelle [Intrigue pour les policiers inscrits]

L’œuvre du démon, c'est l’œuvre du démon ! La vieille dame qui avait trouvé le corps en premier ce matin en promenant son bichon n'avait que ça à la bouche à l'arrivée des premières autorités. Et malgré la gravité de la découverte les premiers sur les lieux ne furent que deux simples agents de police. Tout le monde avait d'abord cru à un canulars néanmoins quand ils virent le corps ils surent que le « canulars » avait un très mauvais arrière goût de vérité...Et de brûlé aussi.

Un corps, un corps qui avait été démembré sur toute la longueur d'une ruelle. Pour commencer une jambe, puis en suivant la traînée de sang une autre, et ensuite un bras et enfin l'autre. Chaque partie tranchée avait été calcinée à tel point qu'il était difficile d'identifier les vêtements et encore moins la couleur de peau de l'individu. Il avait suffit aux agent de remonter le long des traces de sang pour trouver le reste du corps près de deux sacs poubelles, le corps lui aussi avait été calciné de la plus horrible des manières. Si bien brûlé qu'il aurait été difficile de savoir si des sévices lui avait été infligé avant. Les yeux avait fondu et la tête tenait plus du crane que du visage, la bouche était grande ouverte et même l'intérieur avait brûlé. Identifier l'homme prendrait du temps, il ne restait plus que ces dents pour ça, ses papiers qu'il avait sur lui eux aussi brûlés. Seul au milieu de ce spectacle de désolation brillant à la lueur du soleil levant entre deux petits immeubles, une petite croix en argent montée sur un collier.

Aujourd'hui, c'était mon jour de repos. J'étais sensé passer chez mon ex-femme pour chercher Florian et Caroline, et nous avions prévu de passer la journée dans un parc d'attraction. J'aimais ma famille, et c'est avec un immense plaisir que j'aurais passé cette journée avec mes deux adorables enfants. Mais ce matin on m'avait appelé sur une scène de crime. Et comme toujours dans ces conditions, j'avais appelé Christine pour annuler le parc et m'étais pointé dans l'heure sur ladite scène de crime. Je m'étais fait engueuler, bien sûr, mais le devoir passait avant mon plaisir personnel.
Je n'eus qu'à enjamber le cordon de sécurité pour comprendre pourquoi on m'avait convoqué. La ruelle avait été entièrement tapissée avec des morceaux de corps déchiquetés et calcinés. Bien sûr, de chaque côté du lieu du délit se pressaient une foule de curieux se bousculant pour voir ou carrément prendre des photos avec leur appareil photo, agglutinés comme des mouches à merde autour d'une bouse de vache. Ces voyeurs ne m'inspiraient aucune sympathie.
Je fronçai le nez, l'odeur était étouffante. Les gars de la police scientifique n'étaient pas encore arrivés, j'allais donc en profiter pour prendre un peu d'avance. Je sortis de ma poche une paire de gants en latex, les enfilai, et commençai à m'avancer en prenant bien soin de ne pas marcher sur les débris de corps.
L'état des membres laissait supposer qu'il avait été exposé à une température incroyable, et probablement d'autres sévices.

*Tiens tiens. Qu'est-ce que c'est que ça ?*

Je m'accroupis et me servis d'un crayon pour soulever du sol le petit objet argenté sans risquer d'abîmer les éventuelles empreintes. C'était un crucifix, attaché à une petite chaîne en argent. Ce bijou pouvait avoir plusieurs significations. Il était probable que la victime ou l'assassin soit un chasseur. Après tout, les hybrides avaient des pouvoirs, et je savais que les chasseurs aussi. Je regardai autour de moi pensant cela. Si ce type dont les organes décoraient la ruelle était un chasseur, il méritait sans doute son sort. Mais il ne fallait pas écarter la possibilité que ce crucifix soit un simple bijou de baptême comme en portaient pas mal de gens n'étant pas chasseurs. Je reposai la croix à sa place, et me relevai pour arpenter la ruelle à la recherche d'autres indices.

C'est une sonnerie de téléphone qui réveilla Samuel. Pas la sonnerie du réveil qui devait arriver deux heures plus tard, non, une belle sonnerie d'appel. En grommelant, le lieutenant attrapa le petit appareil bruyant et ouvrit le clapet.

Gnaaallo ?
- Salut Riggs ! Dis-moi, tu as mangé ce matin ?
- ... Je suis pas encore levé...
- Parfait ! Saute dans ton uniforme et fonce rue d'Anjou dans le huitième, y'a un taré qui a joué au boucher, le chef veut que tu t'en occupes.
- Evidemment...
- Et oublie le petit-dej, faut avoir le coeur bien accroché.

Depuis que le flic un brin impulsif avait dit à son chef que c'était un "petit con arrogant", il se tapait toutes les missions dégueulasses qu'on voulait bien lui dégoter.
Il s'habilla rapidement de son habituel treillis et d'un tee-shirt noir sobre à manches longues, agrafa son insigne de lieutenant sur sa poitrine, plaça son arme à sa ceinture, chaussa ses rangers et décolla, le ventre vide.

La rue était déjà pleine de monde, et Samuel dut jouer des coudes en brandissant sa plaque pour pouvoir passer. Lorsqu'il passa sous le cordon de sécurité, il marqua un temps d'arrêt. Une odeur abominable de sang et de brûlé, des membres éparpillés comme un jeu de piste.
Gerbant...
Mais moins que cet amas de voyeurs malsains, qui s'agglutinaient tels des mouches autour d'une merde.
Samuel perçut le flash d'un photographe amateur, il attrapa l'appareil et le jeta violemment au sol avant de le piétiner avec sa ranger. Puis il s'adressa aux flicaillons de base en leur disant :

Virez-moi tous ces cons. Et pas de photos !

Il s'avança ensuite pour voir un homme en costard arpenter la ruelle, avec aux mains des gants de latex. En dehors des agents de base, il était le seul homme présent, et sa tenue devait probablement signifier une certaine autorité. C'est donc vers lui que s'avança Samuel, en exhibant une fois de plus sa plaque.

Lieutenant Riggs, de la crim'.
Charmante vision, de si bon matin, n'est-ce pas ?

Inspecteur à la crim Messages : 49 Date d'inscription : 18/04/2012

C'est un café à la main, et des cernes sous les yeux que j'arrivais à l'endroit du crime. D'une traite, j'avalais le liquide amère, et m’avançai sans grande détermination.

Encore une histoire sordide, je le sentais d'ici ! Et en disant ça, j'étais loin de m'imaginer à quel point j'avais vu juste.

-Ho putain de merde, celui là, ou celle là, on l'a pas loupé !

Mes collègues étaient habitués, à la rudesse de mes paroles, et le spectacle qui s'étendait sous nos yeux avait rendu moroses et nauséeux la plupart d'entre eux.
On vivait vraiment dans un époque de merde...
Le plus dur à supporter, pour moi était de me rendre compte que si le spectacle était choquant, je n'arrivais même pas à en être véritablement touché. J'avais parfois l'impression que plus rien, dans le domaine de la découverte de corps ne pouvait me surprendre.

Il y avait pourtant quelque chose qui me surprenait, et pas de la meilleure façon, s'était la présence de Martel. Ainsi donc j'allais devoir travailler avec lui ? Je ravalais un soupir, et m'avançais vers lui, et du jeunot à la coupe de cheveux à peine réglementaire qui l'accompagnait.

-Inspecteur Martel, vous êtes déjà là ? Alors ... On a quoi de beau sur ce cas ?

Je me tournai vers le nouveau venu. Samuel Riggs. Je n'avais pas souvent eu l'occasion de lui parler, mais j'avais lu son dossier. Un autre flic de la criminelle, et aussi une sacrée tête brûlée, après recherche, je l'avais écarté de ma liste des ripoux.

-Inspecteur Martel. Disons que c'est le genre de vision qui constitue malheureusement mon quotidien. Vous aussi avez été affecté à cette affaire ?

J'avais à peine fini ma phrase qu'un autre homme entra sur la scène de crime. Henri Corben, j'avais déjà pu discuter un peu avec lui. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir un peu de pitié pour lui, car il représentait ce que je serais peut-être devenu si je n'avais pas commencé à agir clandestinement au lieu de tourner en rond dans les sentiers battus. Amer, fatigué, il avait l'air mûr pour la retraite.
Et maintenant, je me demandais surtout quel espèce de con avait affecté deux autres enquêteurs sur la même affaire que moi alors que je travaillais mieux en solo. Etait-ce pour me surveiller ? Ou bien ils avaient pensé naïvement qu'en multipliant les enquêteurs ils multiplieraient leurs chances de résoudre rapidement l'affaire.

-Inspecteur Martel, vous êtes déjà là ? Alors ... On a quoi de beau sur ce cas ?
-La victime a été carbonisée puis démembrée...ou démembrée puis carbonisée, je ne saurais le dire, et éparpillée dans toute la ruelle. Dans cet état, il faudrait attendre l'avis du légiste pour le savoir. Tout ce qu'il pouvait avoir sur lui semble avoir brûlé, à part ça.

Je m'accroupis à nouveau pour leur montrer le crucifix.

-Qu'est-ce que ça vous évoque, ça ?

[ hrp : Riggs n'est pas du tout connu pour être hybride, même au sein de la police. ]

Le flic en costard se présenta, puis lui demanda s'il était lui aussi affecté à cette affaire. Riggs trouva la question tellement débile qu'il ne put s'empêcher de répondre :

Nan, je passais par là par hasard et j'me suis dit "tiens, si j'allais prendre une dose de gore avant le petit déjeuner ?"

Avant d'avoir eu le temps de vraiment expliquer ce qu'il faisait ici, voilà qu'ils étaient rejoints par un troisième policier, d'un certain âge. Sa tête lui disait quelque chose, il avait sans doute dû le croiser dans les couloirs, mais il n'avait jamais bossé avec lui.
En tout cas, ce type-là connaissait le premier, puisqu'il l'appela par son grade et son nom. Inspecteur Martel... Attends, LE Martel ? Celui qui s'était rendu célèbre pour avoir coffré Xander ? Énorme ! Ce type était une vraie célébrité dans le milieu des flics, et dans le milieu hybride bien sûr.

Du coup, rien d'étonnant à ce qu'il demande ce que le crucifix leur évoquait.
Riggs ne prit même pas la peine de dissimuler son soupir. Et voilà que ça recommençait, paranoïa et compagnie.

Ben, j'vous dirais bien "les chasseurs" mais on risquerait de tomber rapidement et connement dans les clichés...
Moi ça m'évoque surtout qu'on f'rait mieux d'attendre les gars d'la scientifique pour qu'ils fassent leur bazar et qu'ils nous identifient tout ça.

Inspecteur à la crim Messages : 49 Date d'inscription : 18/04/2012

J’écoutai le discours de mon collègue tout en réfléchissant à ce que notre coopération pourrait donner. Il me déconcentra des mes pensées attirant mon attention sur un objet pendant au bout d’une fine chaine.
Un crucifix. Je retins une grimace… Je me souvenais du discours alarmant qu’il avait tenu sur les chasseurs et leur sois disant pouvoirs. Ca pour sur que je n’avais pas réussit à l’oublier … Je n’arrivais même plus à regarder une église du même œil !
Pourtant, c’était impossible ! Je le savais. Mais une partie de moi redoutait de comprendre que les limites de la réalité se situent plus loin qu’on ne le pensait.

Pour ma part, cet objet était un objet comme des centaines de parisiens en possédaient. Mais je craignais que l’entêtement de mon collègue nous entraine sur une piste erronée…

C’est le lieutenant qui me coupa l’herbe sous le pied. Je n’avais pas tout à fait, fait attention à lui, mes ses propos trouvèrent un éco tellement grand à ma pensée qu’il attira toute mon attention.

-Je partage votre avis agent …

Je ne complétai pas, ignorant l’identité de ce jeunot.

Puis je regardais autour de nous.

-Et le témoin qui a trouvé le corps ? On ne peut rien en tirer ? Quelqu’un se fait bruler et démembré, et personne n’aurait rien vu ?

Demandais-je septique.

Le docteur gore, ou encore le spécialiste du macabre c'est ainsi qu'on m'appelle ici-bas. J'avais eu la super idée de combiné la psychologie à la médecine pour devenir par la suite le spécialiste de la scène de crime à vomir par terre. A peine mon diplôme en poche, ma vie était rapidement devenue un cauchemar de chaque instant. Même les films d'horreurs les plus gores du cinéma poubelle américain peinaient à m'émouvoir à coté de ce que je voyais bien trop régulièrement dans mon métier.
Aujourd'hui n'allait pas faire exception.

On m'avait tiré du lit avec une brève description de l'horreur du jour, je ne suis pas quelqu’un de raciste, enfin je ne pense pas l’être…Mais ma première pensée fut un élogieux

« P*tain de sal*perie de non humain de m*rde »

Très fleurie comme réveil vous en conviendrez. Mais il faut me comprendre, les non humains ont véritablement révolutionné la scène de meurtre dégueulasse avec tous leurs supers pouvoirs. Et comment ne pas penser à cela en se tenant dans cette ruelle, un mouchoir sur le nez à cause de l’immonde odeur de chaire brulée que même les poubelles ne pouvaient pas dissimuler. Je me force à retirer le mouchoir, d’un geste réflexe je remets mes cheveux en arrière ajuste mes lunettes et donne mes ordres au reste de l’équipe. Maintenant tout ceci était à moi, tout ceci était un puzzle dont je devais m’efforcer de trouver la signification. Je voyais déjà tous ces curieux agglutinés pour prendre des photos, et pire encore tous ces flics allant et venant ignorant pour la plus part de ce qu’ils peuvent toucher ou ne pas toucher même gantés. Je m’avance vers le trio des trois plus hauts gradés de tout ce chantier, je n’avais jamais vu autant d’inspecteurs pour une même enquête avant même que celle-ci ne débute officiellement.

-Messieurs. Je me présente je suis le Docteur Quentin. C’est mon équipe qu’on a fait venir pour étudier cette scène de crime. Je vais vous demandez de bien vouloir faire évacuer tout le monde et même vos hommes sur une surface bien plus large…Car voyez-vous, la en plus de restreindre mon champ d’action vos hommes et vous sans peut être le savoir êtes en train de piétiner partout sans la tenue adéquate.

Joignant gestes à la parole je leur montre ma superbe tenue blanche et mes magnifiques sur-chaussures de haute couture. Et sans même attendre mon reste je commence déjà à m’éloigner pour prendre possession de mon nouveau casse-tête sanglant.

-Je vous ferai parvenir toutes mes observations, et vous recontacterai pour l’analyse des morceaux de corps.

(Fin de la première partie de l’intrigue, je vous recontacterai pour la suite qui aura lieu à mon retour).

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